Mémoires d’Hadrien | Tâchons d’entrer dans la mort les yeux ouverts

Mémoires d'Hadrien Marguerite Yourcenar Folio

Je me suis plongée dans la relecture de ce classique de la littérature du XXè siècle. Les thèmes abordés sont forts et cette relecture m’a fait aussi forte impression que la première.

J’avais déjà lu ce livre au lycée. Il m’avait fort marqué par les thèmes abordés : vieillesse, approche de la mort, perte d’un être cher. Il s’agissait aussi sans doute d’une de mes premières incursions dans un propos clairement philosophique.

Petite âme, âme tendre et flottante, compagne de mon corps, qui fut ton hôte, tu vas descendre dans ces lieux pâles, durs et nus, où tu devras renoncer aux jeux d’autrefois. Un instant encore, regardons ensemble les rives familières, les objets que sans doute nous ne reverrons plus … Tâchons d’entrer dans la mort les yeux ouverts …

Dix ans plus tard, cette seconde lecture me laisse les mêmes impressions : un ton nostalgique sur ce qui fût et n’est plus, un retour sur une vie bien remplie avec un regard plein de sagesse, le désespoir de perdre un être aimé qui se sacrifia par amour et celui de se voir lentement glisser dans la maladie.

Les Mémoires d’Hadrien ne peuvent pas laisser de marbre. Le livre n’est pas facile d’abord mais vaut vraiment la peine d’être lu.

Informations éditoriales

Publication : 1958. Éditions : Plon, Gallimard, Folio. 364 pages.

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5 commentaires sur « Mémoires d’Hadrien | Tâchons d’entrer dans la mort les yeux ouverts »

  1. Je me rappelle, j'étais tombée sur les Mémoires d'Hadrien à un bac blanc de français, cela m'avait fait détester, je ne sais pas pourquoi exactement. Je ne me rappelle pas avoir eu une si mauvaise note pourtant…
    Du coup, pourquoi pas le retenter ? Quitte à zapper ledit extrait :p
    Mais niveau classique, je vais me lancer corps et âme dans Guerre et Paix, donc je pense rester coincer un tit moment.

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  2. Si tu es capable de lire Guerre et Paix, les Mémoires d'Hadrien, ça devrait le faire ^^ Les classiques russes, une grande lacune pour moi. Que je voudrais combler à l'occasion. D'ailleurs, j'ai Lolita dans la pàl ^^

    Je serais ravie de savoir comment tu as trouvé Guerre et Paix.

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  3. En fait, je ne pense pas que ce soit question de capacité, mais d'objet… J'ai bien réfléchis à la suite de ce post, et je me suis dis que ce qui m'avait réellement gênée dans les Mémoires d'Hadrien, c'était la vision désabusée.

    Certainement trop désabusée.

    Cela est peut-être toutefois dû à ma jeunesse qui n'est pas encore capable d'accepter autant de désillusions sur la condition humaine. Pourtant, en tant que lectrice assidue du « classicisme réaliste », on trouve dans ce genre littéraire foisonnantes références à cette nécessaire condition humaine. Il est possible aussi que puisque les Mémoires d'Hadrien sont une œuvre mature de Yourcenar, je reste hermétique à ce style dense.

    Cependant, je n'ai absolument pas ressenti une telle impression pour Anna Karénine (et j'ai d'ailleurs peur des premières pages de Guerre et Paix pour cela).
    Quand j'ai lu les derniers mots de Anna, alors que c'est pourtant une œuvre de la deuxième moitié de la vie de Tolstoï, j'étais alors convaincu que Anna n'avait pas pu être écrit par un homme. J'ai vraiment eu le sentiment que ce que ressentait Anna était profondément féminin et que le genre de dilemmes qui ont traversés sa vie si rude n'aurait pas pu germer dans la tête d'un homme.
    Et pourtant… et pourtant. Un roman qui restera gravé. Au milieu d'autres bien sûr, mais celui-ci m'a vraiment bousculé. Et c'est si difficile d'écrire comment.

    Pour en revenir à Guerre et Paix donc, j'espère sincèrement pouvoir en redonner des nouvelles bien vite, si toutefois ce dernier parvient à se creuser une petite place entre trois bouquins de philo et quinze manuels de droits. C'est triste de s'apercevoir qu'il est en ce moment relégué à un roman de gare… ou de « métro » plus précisément.

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  4. Justement c'est ça qui m'a attiré dans ce livre. La mort et la vieillesse me font très peur et du coup les livres sur le sujet m'attirent et me passionnent. C'est superbement écrit en plus.

    En tout cas tu me donnes bien envie de découvrir Tolstoï.

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  5. @Lola : la vision d’Hadrien n’est pas si désabusée que ça, à mon sens ; par contre, on peut vite se trouver désabusé.e en comparant l’empereur avec la classe politique actuelle… ce qui donne pour moi un certaine actualité au roman.

    La comparaison avec Tolstoï est un peu trompeuse, ce n’est pas du tout le même projet d’écriture ! L’émotion est gérée différemment par Marguerite Yourcenar, on sent qu’Hadrien essaie de mettre sa vie à distance, mais comme il n’y parvient pas tout à fait, on finit par être touché.e (un peut comme dans un film de Kiyoshi Kurosawa).

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