Le K | L’important c’est pas la chute

Impressions.

Le K est un recueil de nouvelles que j’ai lu quand j’étais ado, suite à une lecture et analyse de texte de la nouvelle « Le petit garçon » en cours de français. J’en gardais un très bon souvenir, sans me rappeler de quoi parlait les nouvelles, excepté le texte sus-nommé qui m’avait fortement marquée.

Du coup, quand il a été proposé comme lecture commune pour le Cercle d’Atuan, je me suis jetée sur l’occasion, d’une part pour le racheter car la couverture horrible de mon exemplaire donnerait des cauchemars au plus aguerri des lecteurs (alors que celle de Jong Romano (l’actuelle) est juste superbe), d’autre part pour le relire.
Force est de constater que je ne gardais pas de bons souvenirs pour rien. L’écriture de Buzzati est fluide, entrainante. Ces textes, d’une rare sensibilité, donnent toujours envie de tourner la page pour savoir la suite. Les nouvelles sont juste assez longues pour que le lecteur soit pris dans l’histoire sans être non plus coupé dans son élan.
 
Différents thèmes sont abordés, tels que l’innocence de l’enfance, la difficulté de vieillir, l’absurdité de la guerre, les risques du succès et de la réussite, la solitude, l’amour … L’intemporalité de ces thèmes et la justesse de leur traitement  donnent tout leur sens à l’accession au rang de classique de Le K. L’humour est souvent au rendez-vous, ironique sans être cinglant et les chutes des histoires nous offrent la plupart du temps une leçon de morale, comme si on lisait une fable.
 
François Livi, dans la postface résume bien le sens de ce recueil :
Le K n’est donc pas qu’un recueil de nouvelles. C’est un livre qui apprend au lecteur l’art difficile de déchiffrer le vaste et incompréhensible journal du monde. Le fantastique est un instrument d’optique qui corrige notre myopie. Et l’humour évite, tout simplement, que le drame de l’existence tourne à la tragédie.
Le recueil comportant une cinquantaine de nouvelles, il m’est bien sûr impossible de vous faire un compte-rendu détaillé mais voici mon avis sur quelques unes des nouvelles qui m’ont le plus marquées.
Le K. L’histoire d’un homme qui passe sa vie à fuir un monstre qui définit le sens de sa vie. Tout ça pour se rendre compte au final que le monstre n’était pas un monstre et que sa vie eût pu être tout autre. De l’intérêt de ne pas se fier au destin ou à un parcours tracé.
 
Le petit garçon. Toujours très marquante et touchante, cette nouvelle nous parle d’un petit garçon mal aimé qui vit ses derniers instants d’innocence dans ce monde de brutes… pour peut être en devenir une lui-même ?
 
Le garçon leva les yeux, reconnaissant, il essaya de sourire, et une sorte de lumière éclaira un bref instant son visage pâle. Il y avait toute l’amère solitude d’une créature fragile, innocente, humiliée, sans défense ; le désir désespéré d’un peu de consolation ; un sentiment pur, douloureux et très beau qu’il était impossible de définir. Pendant un instant – et ce fût la dernière fois – il fut un petit garçon doux, tendre et malheureux, qui ne comprenait et demandait au monde un peu de bonté.
Le chien vide. Une nouvelle très triste sur la solitude. Pas vraiment une histoire avec une chute, juste les pensées et le désarroi de quelqu’un de très seul, à la pire période de l’année qui soit : Noël.

Chasseurs de vieux. Une nouvelle avec un côté « course-poursuite » très prenant, dans un monde où les vieux sont littéralement tabassés à mort par les jeunes. J’y ai vu une métaphore de notre société actuelle qui tue la vieillesse en en faisant une tare.

Informations éditoriales

Publié pour la première fois en 1966. 1967 pour la traduction française chez Robert Laffont. Traduit par Jaqueline Rémillet. Postface de François Livi. Illustration de couverture par Jong Romano. 443 pages.

Pour aller plus loin

D’autres avis :  Lelf, Endea. 
Livre lu en compagnie du Cercle d’Atuan.

7 commentaires sur « Le K | L’important c’est pas la chute »

  1. Je l'ai lu également au collège et j'avais été très marquée par l'histoire de Dolfi. (Il me semblait d'ailleurs que la nouvelle s'appelait Dolfi, mais je pense que c'est celle que tu cites, « Le petit garçon », non ?) Il fait partie des livres italiens que je compte acheter un jour ou l'autre, mais je ne l'ai toujours pas fait car, d'une manière générale, je n'avais pas été emballée par l'ensemble des nouvelles… Mais j'étais peut-être trop jeune et immature pour l'apprécier! 🙂

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  2. Chouette critique pour un chouette bouquin. 🙂
    Perso Le K (la nouvelle) et Le chien vide ne m'ont pas marqué plus que ça, par contre il y en a d'autres que j'ai beaucoup aimé. Sur l'ensemble il y a forcément de quoi trouver son bonheur en fonction des thématiques qui nous parlent le plus.

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  3. Tout à fait, c'est l'intérêt des recueils de nouvelles, on peut faire son marché ^^. J'ai pas trouvé le temps de lire la postface, j'aurais ptêtre dû, le passage que tu cites est tout à fait juste : « Le fantastique est un instrument d'optique qui corrige notre myopie », ça s'applique à plein de bouquins en plus…
    (bon par contre ça ne corrige pas la vraie myopie, je m'en serais rendue compte sinon 😛

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