La Théorie des cordes | Ouvrir la Boîte de Pandore

Brèves impressions.

La Théorie des cordes est un thriller science-fictif écrit par José Carlos Somoza, paru chez Actes Sud, Babel pour l’édition poche. On y suit les aventures d’une physicienne au prise avec des forces qui la dépasse. Faut-il avoir un PHD en physique quantique pour se laisser happer par cette lecture ? Que nenni.

Elisa Robledo est physicienne et enseigne dans une université madrilène lorsqu’elle lit un article de journal qui la bouleverse. Plus tard, un coup de fil reçu la met dans tous ses états. Les deux sont en lien avec des événements survenus 10 ans auparavant sur une île de l’Océan Indien où elle jouait avec le feu, travaillant avec d’autres scientifiques sur un projet archi secret impliquant la théorie des cordes et la possibilité de voir le passé.

Chaque fois que nous regardons le ciel nocturne, nous reculons de millions d’années. Nous pouvons voyager dans le temps rien qu’en nous penchant à une fenêtre.

La Théorie des Cordes, malgré son titre qui fait peur à ceux qui n’y comprennent rien à la physique, est un roman très prenant. Il est construit comme un thriller, au suspens haletant, corde sur laquelle l’auteur a d’ailleurs un peu trop tendance à tirer avec des avertissements « attention, il va se passer un truc » trop fréquents. Par exemple :

De façon inconsciente, elle supposait que rien de mauvais  ne pouvait lui arriver dans un endroit tel que celui-là.  Elle se trompait lourdement, et il lui restait à peine plus de six minutes  avant de le constater.

Ce procédé de mise en tension du lecteur, utilisé trop fréquemment peut tout simplement faire retomber le gâteau. Ou à ce que l’on soit pour finir déçu par ce qui se passe finalement. Rien que pour ces fameuses six minutes, le même procédé va être utilisé plusieurs fois (5 minutes, 12 secondes), tout ça pour arriver à la lecture d’un article de journal qui va bouleverser le personnage. Article dont bien sûr on ne connaîtra pas le contenu sur le moment : il faut bien entretenir le suspens.

Mis à part ce défaut mineur, ce livre se lit avec une facilité déconcertante, l’écriture est très fluide et c’est bien écrit/traduit. Les explications plus scientifiques ne sont jamais rébarbatives ni incompréhensibles. Le récit est très prenant et tient la route du début à la fin, malgré de nombreux flashback. L’angoisse, voire la terreur, est omniprésente dans ce roman et est très bien rendue.

Certaines peurs sont comme des morts sans profil, des ébauches de morts qui nous dépouillent momentanément de la voix, du regard, des fonctions vitales pendant lesquelles nous ne respirons pas, nous ne pouvons pas penser, notre cœur ne bat pas
La Théorie des cordes traite avec brio du thème du scientifique qui ouvre la boîte de Pandore, qui se laisse emporter par ses découvertes, puis se rend compte tout d’un coup qu’il y a un problème et se retrouve dans l’incapacité de refermer la boîte après y avoir remis le contenu qui s’en était échappé.

Nous ne pouvons pas permettre que …ce qui s’est passé cette nuit soit utilisé par les mauvaises personnes.
– Vous n’êtes pas les bonnes personnes, dit Elisa, d’une voix rauque, soutenant son regard.

Thriller science-fictif traitant sans complexe de théories de physique quantique, ce roman est un page-turner très efficace. Loin d’être abscons, il est capable de se faire comprendre du néophyte en théorie des cordes. L’angoisse et le suspens sont omniprésents, quitte à parfois trop en faire. 

Informations éditoriales

Publié en 2006. 2007 pour la traduction française chez Actes Sud. Traduit de l’espagnol par Marianne Millon. Titre original : Zigzag. 601 pages.

 

14 commentaires sur « La Théorie des cordes | Ouvrir la Boîte de Pandore »

  1. L'avantage indéniable de parler de physique dans un bouquin c'est que les 3/4 des gens qui le liront ne tilteront pas. Moi compris dedans.

    Je note tes conseils lecture. Je reviendrai certainement à cet auteur.

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  2. Je viens de lire un bouquin de lui qui n'a pas été traduit en français : Cartas de un asesino insignificante (Lettres d'un assassin insignifiant). C'est un de ses premiers romans. Je ne suis pas sure d'avoir tout saisi mais c'était pas mal fichu (une traductrice exilée à la campagne pour finir sa traduction reçoit des lettres anonymes d'un homme voulant la tuer). Donc ton avis vient me confirmer que l'auteur est intéressant. Par contre le passage du titre espagnol au titre français est assez rigolo ! 😀

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  3. Enfin parler physique, c'est vite dit; l'interprétation littéraire que l'auteur donne de la théorie des cordes a-t-elle été validée ou critiquée par un physicien théoricien ? Car l'auteur n'est pas un spécialiste dans ce domaine.

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