Contrepoint | Pas de bagarres !

Impressions.

Laurent Gidon propose avec cette anthologie publiée sous sa direction une démarche originale : il s’agit de réunir des textes dans lesquels  la narration conflictuelle serait absente.  La plupart de ces textes ont été écrits par des auteurs qui sont des habitués de la narration conflictuelle (Thomas Day, Charlotte Bousquet, Stéphane Beauverger, …). D’autres, moins nombreux, sont plus à l’aise avec ce type de narration (Sylvie Lainé, Timothée Rey). Tout ceci nous est expliqué dans la préface, en début de livre.

Cette anthologie est composée de 9 textes, assez courts. Les nouvelles m’ont parues dans l’ensemble peu mémorables. Pas déplaisantes non, bien écrites même (Nuit de visitation, Lionel Davoust), parfois poétiques (Mission Océane, Xavier Bruce), possiblement incompréhensibles (L’amour devant la mer en cage, Timothey Rey).

Trois nouvelles sortent cependant du lot :

Petits arrangements intergalactiques, Sylvie Lainé. Une panne de vaisseau amène le personnage sur une planète habitée par des êtres grotesques qui se font péter des pustules géantes par des sapins bleus (non je vous jure je n’ai pas fumé). J’ai bien aimé cette nouvelle de planète opera fantasque et loin de l’archétype conflictuel des rencontres d’extraterrestres. Une leçon de coopération entre espèces, écrite avec beaucoup d’humour.

Bien sûr, ça implique de se déguiser en schtroumpf, de sauter à cloche-pied, et de soigner les hémorroïdes d’une sorte de grosse vache obscène et rose qui se vautre dans la vase.

Permafrost, Stéphane Beauverger. Démonstration par a+b que le non conflictuel ne fonctionne pas. Si l’on est résolument pacifique jusqu’à tendre l’autre joue, on finit par disparaître. Donc au final c’est le conflit qui gagne. L’autre façon de comprendre cette nouvelle est qu’il vaut mieux se sacrifier pour quelques instants de paix, plutôt que de lutter pour sa survie. Bref, vous l’aurez compris, je ne suis pas convaincue par le mode de vie de la Grande Tribu. Mais la réflexion sur le sujet est très intéressante.

Qu’importe puisqu’ils sont tous morts. Mais au moins auront-ils connu la vraie paix.

Semaine utopique, Thomas Day. Joli exercice de mise en abyme où l’auteur trouve le moyen d’être pareil à lui même sans pour autant transgresser la règle. Le résultat est assez drôle. Ça commence comme ça :

Bon faut que je relise l’appel à textes de l’autre bisounours des montagnes, si possible sans m’être mis trois pétards dans le citron avant.

Informations éditoriales

Publié en 2012 chez ActuSF. Sous la direction de Laurent Gidon et Jérôme Vincent.Illustration de Roberlan Borges. 131 pages. Sommaire complet : L’amour devant la mer en cage, Timothéee Rey. Le chercheur de vent, David Bry. Petits arrangements intragalactiques, Sylvie Lainé. Nuit de visitation, Lionel Davoust. Tammy tout le temps, Laurent Queyssi. Avril, Charlotte Bousquet. Permafrost, Stéphane Beauverger. Mission Océane, Xavier Bruce. Semaine utopique, Thomas Day. L’anthologie offerte pour deux ActuSF achetés.

Pour aller plus loin

Interview de Laurent Gidon à propos de l’anthologie.
D’autres avis : Lorhkan, Lhisbei, Endea, Laure, Cédric, ou signalez-vous en commentaire.

12 commentaires sur « Contrepoint | Pas de bagarres ! »

  1. Non mais je me demande s'il n'y a pas une substance un brin hallucinogène qui circule chez les auteurs en ce moment parce que entre la préface de l'antho des utos et la nouvelle de Timothée Rey … c'est louche tout de même.

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  2. « Bon faut que je relise l'appel à textes de l'autre bisounours des montagnes, si possible sans m'être mis trois pétards dans le citron avant. »
    Trop drôle. Du Thomas Day pur jus. 😀

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  3. J'avais beaucoup aimé la nouvelle de Lionel Davoust ainsi que Petits arrangements intergalcatiques. La palme revient néanmoins à Thomas Day pour sa nouvelle désopilante et à contre pied.

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