22/11/63 | Retour vers le passé

Impressions.

Dans ce roman, King s’essaie à l’uchronie. Le narrateur, Jacob Epping, un prof d’anglais dans une petite ville du Maine, se retrouve embarqué dans une histoire abracadabrante : dans le fond du cagibi du fastfood de son ami Al se trouve un passage vers l’année 1958. Ce dernier, mourant, lui demande de se rendre en 1958 et d’y rester 5 ans pour empêcher l’assassinat de Kennedy qui aura lieu le 22 novembre 1963.

La première partie du bouquin est consacrée à tester qu’il est possible de modifier le passé et d’évaluer les éventuelles conséquences (effet papillon) dans le présent. Epping se charge donc d’aider le concierge de l’école, en tuant son père qui a massacré sa famille sous ses yeux et l’a rendu boiteux quand il était enfant. Cette partie de l’histoire est très émouvante et le texte d’introduction de cette partie  m’a fait monter les larmes aux yeux.
Ensuite, Epping s’occupe de l’affaire Kennedy, il faut enquêter sur Oswald et en même temps mener une vie tranquille histoire de s’intégrer dans le monde des années 60. A partir de là le roman souffre d’un gros problème de rythme. La séquence Dunning fait monter la pression et puis tout d’un coup tout retombe. Ça se laisse lire mais qu’est-ce que c’est long. Ma déception a été grandissante quand je me suis rendue compte que le but du livre n’était pas de montrer comment aurait été le monde si Kennedy n’était pas mort mais bien comment Epping va empêcher cet événement d’arriver. Problème des attentes que l’on peut avoir par rapport à un livre…
Le procédé m’a vaguement fait penser à Black Out de Connie Willis, livre qu’il est également difficile de qualifier de roman de science-fiction, l’aspect science-fictif étant un simple prétexte à découvrir la Deuxième Guerre Mondiale en Angleterre. Pour 22/11/63, c’est pareil, rajoutons à cela des éléments fantastiques à la King : le « Jimla », les harmoniques, les tremblements de terre en conséquence à la non mort de Kennedy, l’atmosphère néfaste de Derry …
De ce fait, si vous lisez ce livre, je vous conseille plutôt de le voir comme :
* un agréable retour dans le passé, une découverte des années 60, admirablement retranscrites. On sent que King éprouve une certaine nostalgie de cette époque (il était ado à cette période), nostalgie que l’on peut retrouver dans la nouvelle Le corps, se passant en 1960.
* une belle histoire d’amour, entre Jake et Sadie, la bibliothécaire de l’école où il enseignera dans les années 60. King reste le champion de la psychologie des personnages et cette histoire d’amour a priori impossible entre le gars venu des années 2010 et la femme des années 60 est bien campée. Beaucoup trop longue cependant, mais j’attendais autre chose du roman. Évidemment la double vie de Jake, le fait qu’il vient du futur vont jouer un rôle dans l’évolution de cette relation. King s’amuse ici à explorer tout ce qui peut se passer quand deux êtres venant de deux époques différentes tombent amoureux.
Par contre, la dimension prospective est quasi absente : quelques pages sur les 937 que comportent le pavé, pour en venir à la conclusion qu’il vaut parfois mieux se contenter de ce qu’on a.
Bref, je reste sur mon opinion que les meilleurs romans de Stephen King datent d’avant les années 1995/1996. Mis à part l’excellent recueil de nouvelles Tout est fatal, tout ce que j’ai lu et qui a été publié après ces années-là m’a plutôt déçu. Vous voulez le meilleur de King ? Lisez Simetierre, Ça, Le Fléau, Carrie, Différentes Saisons, les premiers tomes de La Tour Sombre, Misery … Pour moi 22/11/63 n’en fait pas partie.
POUR ALLER PLUS LOIN

Publié pour la première fois en 2011.

2013  pour l’édition française chez Albin Michel.

Traduit de l’anglais (US) par Nadine Gassie
Titre original : 11/22/63
Illustration de couverture de ??
937 pages
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