Pourquoi j’ai laissé tomber La Trilogie Martienne

Il est des bouquins que l’on a tellement envie d’apprécier que l’on se force à les lire. Parfois cela porte ses fruits et parfois cela confine à l’acharnement thérapeutique. La Trilogie Martienne de Kim Stanley Robinson en fait partie.

Il m’a fallu du temps pour m’en rendre compte. Et pourtant il y avait des signes … Lecture laborieuse de Mars la Rouge, report continuel de la lecture de la suite depuis 2 ans. Il m’a fallu me retrouver coincée avec Mars la Verte comme unique compagnon lors d’une interminable attente de RER pour que je me rende compte que non vraiment cela n’allait pas être possible.

Deux questions se posent à ce stade.

  1. Pourquoi me suis-je acharnée ?
  2. Pourquoi cette trilogie est illisible ?

Commençons par une petite leçon d’acharnement thérapeutique, avec un brin de culpabilisation dedans et des attentes cherchées en vain dans le contenu.

Ce livre m’a été offert alors que je l’avais placé en pole position d’une wish list de Noël. C’est que la culpabilité entre en scène : « tout de même ce bouquin, je l’ai demandé, on me l’a offert, il fait maintenant partie de ma bibliothèque, il faut bien que je le lise, non ? » Le pire c’est que je me fais du mal toute seule puisque mon frangin, en l’occurrence le généreux donateur, n’est pas du genre à s’offusquer que l’on n’aime pas son cadeau ou à me faire comprendre que parce que j’ai demandé le livre, je pourrais au moins le lire.

Ensuite,  je voulais vraiment aimer ce livre parce qu’il parle de Mars, cette planète fascinante, parce qu’il parle de la construction d’un société humaine à partir de la décadence de la précédente, de la construction d’une planète entière via la terraformation. Ces thèmes me sont chers et me fascinent au plus au point. On en vient au pourquoi ces livres sont illisibles (quand je dis illisibles je parle pour moi, il paraît qu’il y a des gens – des Martiens ? – qui les ont appréciés ; sachez chers êtres qui dépassent mon entendement que je vous envie beaucoup). La réponse tient en trois points :

  • Aucun émerveillement. A aucun moment je ne me suis sentie transportée par cette aventure qui pourtant a tout pour être extraordinaire. J’ai cherché en vain ce fameux « sense of wonder » si cher à la science-fiction malgré les thèmes qui s’y prêtent parfaitement.
  • Aucun personnage intéressant / attachant pour lesquels on veut vibrer, avoir envie de savoir ce qu’il va leur arriver, avoir peur quand ils ont peur, aimer quand ils aiment, ressentir des émotions lorsqu’il leur arrive quelque chose.
  • Aucune histoire, aucune intrigue, en tout cas rien qui pousse à poursuivre sa lecture. Les livres parlent trop de l’Histoire et ne racontent pas assez d’histoires à échelle humaine.

Le jour où je voudrai lire un rapport circonstancié sur un futur plus ou moins réaliste, je m’y remettrai. En attendant, je cherche des vraies histoires qui, à défaut d’être des histoires vraies, parlent de l’exploration de Mars, de sa terraformation et de l’implantation des humains dessus. Si vous avez des titres, lâchez-les en commentaire !

Informations éditoriales

Publié chez Omnibus en 2006. La trilogie a été initialement éditée aux Presses de la Cité pour le grand format et chez Pocket pour le poche. 1648 pages.Les deux premiers tomes ont été traduits par Michel Demuth, le troisième par Dominique Haas. Illustration par Delte Van Ravenswaay.

38 commentaires sur « Pourquoi j’ai laissé tomber La Trilogie Martienne »

  1. Je comprends tout à fait que tu ais abandonné. Il m'a fallu deux ans entre le premier et le deuxième, j'ai fini la trilogie pour un challenge.
    J'en aurais pleuré tellement je me suis forcé et aussi pour me retenir de ne pas jeter l'éponge (ou le livre).

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  2. C'est toujours difficile de laisser tomber un livre car on se dit qu'il se rattrape peut-être plus tard, non? Si ça se trouve, on l'a rangé juste avant d'arriver au moment où il se passe enfin quelque chose… Enfin, en raisonnant comme ça, je me suis tapée des livres et des films imbuvables (genre les NEUF HEURES de Shoah de Lanzman), alors je te soutiens fermement dans ton abandon. 🙂

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  3. « tout de même ce bouquin, je l'ai demandé, on me l'a offert, il fait maintenant partie de ma bibliothèque, il faut bien que je le lise, non ? »

    C'est pareil pour moi, mais différemment (tant qu'à faire). Je le voulais, on m'a offert le premier tome pour mes 18 ans (les autres n'étaient pas encore parus), ça fait depuis cette période que je me dis ce que tu as mis dans ton billet, je me suis même acheté les deux autres tomes, mais l'envie de le lire, concrètement, n'arrive pas. Du tout.

    De toute manière, il ne faudrait jamais se forcer, même si on pourrait aimer. Je garde en tête l'exemple d'un Julie Zeh, « L'ultime question » je pense, que j'avais commencé une fois et tout de suite abandonné, parce que ce n'était pas le moment, parce que je n'accrochais pas. Puis je l'ai retenté et là, il a coulé tout seul. Se forcer de lire un livre quand ce n'est pas le bon moment, c'est se le gâcher à jamais. Et puis si son moment n'arrive jamais, tant pis, ce n'est pas comme s'il n'y avait rien d'autre à lire ;-p.

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  4. JE déteste les gens qui donnent leur avis sur un bouquin sans l'avoir lu. J'ai cloué le bec à certains (pas toi) en leur disant que c'était nul mais que je l'avais lu en entier et pas eux. Donc que j'avais le droit d'avoir un avis sur toute la trilogie et eux CAMEMBERT ! (oui je suis méchant parfois)(certains m'énervent aussi)
    :-p

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  5. Tu l'as fini juste pour pouvoir en dire du mal ? C'est bien du masochisme.

    J'ai l'impression que c'est quand même possible de se rendre compte qu'un bouquin ne nous convient pas par ce qu'on peut en dire à droite à gauche. Par exemple je dis du mal de Twilight alors que je ne l'ai pas lu mais j'ai tellement lu sur ce qu'on en disait que je me sens relativement en droit d'émettre une opinion sur le fait que je trouve ce bouquin nul sans l'avoir lu (et de fait que je ne le lirai pas).

    Après si c'est juste pour démonter un bouquin par principe sans s'être un peu renseigné, ok.

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  6. Oui exactement, j'aurais aussi pu mentionner ça dans le point sur l'acharnement thérapeutique. Du coup j'ai lu un ou deux articles pour en savoir un peu plus sur ce qui allait se passer dans le troisième. Et j'ai déjà tout oublié. Passons …

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  7. Oui tout à fait, il y a un moment pour chaque livre. Sauf que je ne me rends pas compte quand ce n'est pas le moment. Et puis j'ai vraiment du mal à revenir sur un livre que je n'ai pas aimé. Alors un livre que je n'ai pas fini …

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  8. Peut-être faut-il arrêter dès que tu sens que ça n'accroche pas, quand c'est encore au début, quand tu peux encore te dire « non, je n'ai pas la patience pour ce livre maintenant »? Je dis ça parce qu'avant, je me donnais cette limite d'environ 70 pages (la faute à Harry Potter qui m'a plus seulement après 60-70 pages), mais quand je n'accrochais pas, je n'y revenais plus, comme tu le dis (pas envie de ressouffrir à nouveau). Puis en lisant un truc chez une blogueuse, je ne sais plus qui, je me suis dit que j'allais juste m' »écouter ». Quand après une dizaines de pages, je peine déjà, j'arrête et reporte éventuellement (sauf cas de désaccord majeur) à une autre fois. Si l'autre fois ne fonctionne pas, tant pis alors. L'impression négative n'a pas encore eu le temps de s'installer, l'envie peut encore éventuellement être là. Parfois, j'en arrive à quand même revendre le livre, mais parfois seulement.
    Bon, en même temps, ce n'est pas parce que ça marche pour moi que ça pourra convenir à d'autres ^_^. Et je ne fais pas ça tout le temps, surtout pour les livres qui me faisaient vraiment envie au départ ou pour les livres de la bibliothèque que je peux éventuellement réemprunter quand je veux.

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  9. Ça peut être une idée de se fixer une « page limite » où s'arrêter et prendre le temps de réfléchir : « est-ce que ça me plait, est-ce que j'ai envie de connaître la suite ? ». En tout cas ça pourrait m'aider. Je vais tenter. En plus je vais recommencer à emprunter des bouquins en bibli, et en effet avec les bouquins de la bibli cela peut s'avérer plus facile.
    Merci !

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  10. C'est très dur d'abandonner un livre, surtout lorsqu'il est offert, mais après des fois on ne peut faire autrement. J'avais eu beaucoup de mal à lire le premier opus, je ne regrette pas d'avoir acheté les deux autres et d'avoir tenté de les lire, ce ne sont décidément pas des livres pour nous, même si c'est dommage au vu du sujet.

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  11. Trop de boue est déversée sur ce livre :), il faut absolument que je dise que j’ai adoré à sa sortie, et relu il y a moins d’un an, avec autant de plaisir. Pas d’humanité dans les 100 premiers ? Mais pas du tout. Oui, c’est lent, c’est fouillé. Mais c’est aussi passionnant (les rapports entre Mars et la Terre, par exemple). Peut-être y a t’il eu malentendu pour certains. En effet, la trilogie Mars n’est pas un Space opéra. C’est plutôt un livre de politique fiction.

    Mais enfin, quand je vois en commentaire qu’on fait référence à Ben Bova !!!! Les romans de Bova sont à cette trilogie ce qu’un nanar est à « 2001 » de Kubrick

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    1. Ha mais tu as bien de la chance, j’aurais tant voulu aimer ce livre, c’est vraiment cool que tu l’ai trouvé passionnant. Mais je pense qu’on peut faire la politique fiction sans être aussi rébarbatif que cette trilogie :/

      Je me rends compte cependant que malgré plusieurs tris de ma bibliothèque depuis mon abandon et des tombereaux de livres revendus sans scrupule que j’ai gardé celui-ci. Au fond de moi, sans doute que je caresse le secret espoir de réessayer, avec succès qui sait ?

      Merci de ton commentaire 🙂 Loin de moi l’envie de professer une vision unique de ce livre, qui a visiblement su trouver son public vu qu’il persiste à être édité et qu’il fait partie des classiques de la SF.

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