Neverwhere | Le Londres d’en bas

Impressions.

Neverwhere a une histoire éditoriale particulière. Novélisation d’une série télé anglaise dont le scénariste n’est autre que l’auteur, première version, première traduction et puis deuxième version, associée à une nouvelle traduction, cependant toujours avec le même traducteur, Patrick Marcel. Ces cheminements sont expliqués dans l’Introduction de cette nouvelle édition par Neil Gaiman lui même.

Richard mène sa petite vie métro boulot dodo. Il n’y a pas plus banal que ce gars, qui manque d’ailleurs de personnalité, se laissant mener par le bout du nez par sa copine, sa seule excentricité étant de collectionner les poupées trolls, ce qu’il fait au final sans conviction ni passion. Le jour, ou plutôt le soir, où il rencontre Porte, une jeune femme pour le moins étrange, sa vie bascule.

C’était un vendredi après-midi. Richard avait constaté que les événements sont pleutres : ils n’arrivaient pas isolément mais chassaient en meute et se jetaient sur lui tout d’un coup.

Neil Gaiman a un don pour animer des choses qui n’existent pas. Et surtout pour rendre intéressante des choses banales, banales comme le métro londonien. Aux Utopiales, il a inventé la chaise-garou, dans Neverwhere, il crée de toute pièce un monde parallèle, le « Monde d’En Bas » où évolue une foule bigarrée, des personnages improbables, où les noms des stations de métro prennent tout leur sens : Blackfriars, Knight’s Bridge, Earl’s Count …
Neil Gaiman a aussi un don pour camper des personnages et leur personnalité rapidement. Ainsi, Jessica, la copine de Richard, que l’on verra au final sur peu de pages, est rapidement brossée comme la copine hyper contrôlante (« pas Jess, Jessica »). Il en va de même pour les personnages du Monde d’en Bas, que l’on arrive aisément à se représenter et ils deviennent de ce fait attachants, malgré l’impression qu’ils sortent tout droit d’une benne à ordure.

Il [Le Marquis de Carabas] est un petit peu douteux, dans la même mesure que les rats sont un petit peu couverts de fourrure.

La palme revient sans doute à M. Croup et M. Vandemar, les méchants de l’histoire (enfin une partie des méchants de l’histoire), qui sont aussi drôles que flippants.
J’en viens au troisième don de Neil Gaiman : l’humour. Le roman est truffés de mini-gags, de situations rocambolesques et de dialogues savoureux. L’univers même du Monde d’En Bas prête souvent à sourire, même s’il est plein de violence et de noirceur.

Il ouvrit la porte et poussa un énorme soupir de franc soulagement. Ce n’était pas Jessica. C’était … Qui ? Des mormons ? Des Témoins de Jéhovah ? La police ? En tout cas, ils étaient deux.

Les dons de Mister Gaiman ne s’arrêtent pas là : il a aussi un don indéniable de conteur. L’histoire est au final assez classique : une quête initiatique pour Richard, avec des méchants, des adjuvants, des retournements de situation. La narration de l’auteur est tellement efficace que l’on ne s’en rend pas compte.

Tout dans Neverwhere a quelque chose pour plaire : des personnages haut en couleurs, un univers original, une histoire à suspens. Un bouquin à lire dans le métro (londonien pour les chanceux) en rentrant du boulot.

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20 commentaires sur « Neverwhere | Le Londres d’en bas »

  1. Héhé j'adore les méchants moi aussi 🙂
    Ah Neverwhere, c'est toute une histoire (que j'adore), quelle plume !
    As-tu relevé des choses par rapport à cette nouvelle traduction ?

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  2. Je l'ai lu, dans l'ancienne version. Et, récemment, Patrick me l'a envoyé dans la nouvelle, avec la superbe illustration du diable Vauvert. Ce que tu en dis là me donne drôlement envie de m'y replonger. J'ai cru comprendre que la BBC en avait fait une adaptation radiophonique, avec Martin Freeman et Benedict Cumberbatch (décidément inséparables) prêtant leur voix aux personnages principaux.

    A.C.

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  3. Mon premier Gaiman, et forcément une énorme énorme claque dans la tronche… Il peut remercier Neverwhere de me faire acheter tout ce qu'il publie ! 🙂
    Un bouquin que je relie régulièrement, dans sa version VO ou VF (et rassurée de voir que je suis pas la seule à l'avoir en double !).

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  4. Tu en dis tellement de bien que ça me donne presque envie de retenter Gaiman (j'ai lu trois de ses livres parce que mon copain l'adore, mais je n'ai aimé aucun des trois…). 🙂

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  5. D'habitude je revends mes doubles mais je pense que je vais garder celui-là. Il ne sera sans doute plus jamais édité sous cette forme, ça va devenir collector (et à Gibert ils n'en voudront pas de toute façon XD).

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  6. C'était Fumée et miroirs (un recueil en fait… j'ai tellement peu accroché que je ne l'ai pas lu en entier), Anansi Boys et American Gods. J'ai peut-être pas eu de chance. 😉

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  7. Il y a une couverture pour la section jeunesse des librairies et une autre pour la section adulte (celle qui est représentée dans le billet). L'édition du Diable Vauvert est l'édition author's cut dans tous les cas. L'édition précédente a été éditée chez J'ai Lu.

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  8. Je ne les ai pas lu mais d'après ce que j'en ai lu, ils ne font pas toujours l'unanimité. Essaye Neverwhere, à mon avis ça n'a pas grand chose à voir. Stardust aussi, mais je pense qu'il y a plus de chance que tu accroches à Neverwhere.

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  9. Ah Neverwhere… (enfin en fait je l'ai tellement vu/lu que je m'en suis un peu lassée paradoxalement xD). Tu as jeté un oeil à la série du coup ?

    Sinon la dernière adaptation radiophonique en date (avec son casting de fou furieux) était bien sympa du peu que j'en ai écouté, mais bon j'ai un peu de mal avec les récits audios, même ceux que je connais

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  10. J'avais vraiment beaucoup aimé et les deux méchants sont ….terribles !!!! Bien effrayants comme il se doit malgré une certaine dose de dérision, j'aime énormément l'univers de Gaiman et j'aime beaucoup ce qu'on a pu en voir aux Utos l'an dernier … beaucoup de souvenirs aussi d'une certaine queue que nous avons faite, mdr

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