Après Je suis ton ombre, je me suis attaquée au premier roman de Morgane Caussarieu, publié chez Mnémos et puis en poche dans la collection Hélios. On m’avait promis du trash, pourtant c’était encore pire que ce à quoi je m’attendais. J’ai survécu, mais à quel prix ?
Des personnages dysfonctionnels
Le récit commence fort : une citation d’introduction d’un maître de l’horreur : Richard Matheson et un prologue glaçant. La première partie est très réussie, très dense. Elle pose le décor, l’ambiance et les personnages : les vampires d’un côté, les êtres vivants de l’autre. JF, Seiko, Damian et Gabriel. Lily, Violaine, Baron et Brune.
Si tous ces personnages sont importants, Lily reste la figure centrale : stéréotype de l’ado dysfonctionnel sur qui toute la misère du monde s’abat et qui se réfugie dans un comportement lugubre. On est souvent dans sa tête et cela devient étouffant parfois. Et puis il y a trop de la relation Damian/Lily. Ça sort par les yeux et tous les orifices du corps : les roucoulades, toi et moi, moi non plus…
Pour parler d’un autre personnage, j’ai trouvé celui de Baron particulièrement intéressant. Détestable aussi, on n’a pas le choix, vous comprendrez en lisant le livre. C’est un personnage très perturbant car il est détestable et en même temps tellement normal dans son rôle de flic bougon dépassé par la vague meurtrière qui s’est abattue sur sa ville. Lorsqu’il est introduit, on ressent de la sympathie pour lui. Et puis on comprend le truc qui cloche à demi-mot et puis le demi-mot devient le mot tout court. Je l’ai trouvé réaliste. Parce que la vie c’est pas les monstres d’un côté et les gentils de l’autre, c’est souvent plus compliqué que ça.
Une antidote au fantasme du vampire
Morgane Caussarieu se joue des codes de la bit-lit en nous en mettant plein la vue pour les retourner. Le roman est une antidote au fantasme gothico-pervers qui anime sans doute une certaine jeunesse. Mais de ce fait, cela m’a donné l’impression de ne pas être la cible du livre.
Cela fonctionne jusqu’à un certain point mais que tout cela manque d’équilibrage : quand c’est trop c’est trop. Comme si l’autrice voulait rajouter une couche de gratuité à la violence des vampires en ajoutant des scènes de violence là où il n’y en avait pas forcément besoin. Cela masque une intrigue qui manque de consistance mais au final une lassitude vaguement nauséeuse s’empare du lecteur.
Ce n’est pas l’empathie qui nous étreint à la lecture mais bien le dégoût et la sidération. L’enchaînement gratuit de scènes trash soulève littéralement le cœur, jusqu’au paroxysme de l’horreur.
J’ai adoré l’entrée en matière dense, violente, à vous donner des sueurs froides. J’ai adoré l’écriture de l’autrice qui sait prendre aux tripes quand elle décrit un massacre autant que lorsqu’elle décrit des scènes d’amour perverses. J’ai moins aimé la langueur monotone des atermoiements amoureux et le caractère gothico-ado de Lily. J’ai moins aimé une intrigue flottante autour de scènes trash trop nombreuses.
Informations éditoriales
Publié chez Mnémos en 2012. 2015 pour l’édition poche chez Hélios. Photo de couverture Eliza Lazo / Arcangel Images. 443 pages soit 2.6 cm d’épaisseur.
Pour aller plus loin
Une lecture commune en compagnie de Cornwall.
D’autres avis : Gromovar. Endea.
Une interview de l’autrice chez Gromovar
Je prends note de ne jouer la comparaison entre les 2 ^^.
J’aimeJ’aime
Au final, on en a fait la même lecture. Très bonne chronique, tu mets exactement les mots qu'il faut.
J’aimeJ’aime
J'étais un peu nauséeuse au final du livre, je me rends compte à présent que c'était beaucoup trop trash pour moi. Même si cela n'enlève pas sa qualité à ce roman fort et cruel qui nous livre une sacré palette de personnages. Le côté romance entre Lily et le vamp est un tantinet pénible c'est vrai.
J’aimeJ’aime
C'est difficilement évitable
Suffit sans doute de les lire dans l'ordre. Mais dans tous les cas Je suis ton ombre est meilleur.
J’aimeJ’aime
Oui ^^ Merci 🙂
J’aimeJ’aime
Oui surtout après la scène de torture finale, c'était assez insoutenable.
J’aimeJ’aime
Le trash ça me parle, mais si c'est vraiment trop…. Je me demande si je ne lirais pas seulement le deuxième, au final. A réfléchir !
J’aimeJ’aime
Moi le trash me branche pas plus que ça à la base XD Dans tous les cas tu n'es pas obligée de les enchaîner :p
J’aimeJ’aime
Pareil, j'ai un peu peur que ce soit trop trash pour moi… mais j'ai déjà Je suis ton ombre dans la PAL, je vais peut être bien me contenter de celui-là pour commencer !
J’aimeJ’aime
Bon du coup, il est fort possible que je me contente de « Je suis ton ombre »…
J’aimeJ’aime
C'est un bon début :p
J’aimeJ’aime
En tout cas Je suis ton ombre est vraiment à lire. Etant plus mitigée pour celui-là, il est clair que si tu ne dois en lire qu'un, lis Je suis ton ombre.
J’aimeJ’aime
Ahah perso, ça serait pas le trash qui me gonflerait mais bien la romance ado… x) Avec cette impression certaine que ça me gacherait le roman, je vais probablement me contenter de Je suis ton ombre. Pis de toute façon, y'en a aucun de dispo à la bibliothèque, donc pour l'instant le problème est résolu ! :p
J’aimeJ’aime
Le trash ne gonfle pas, il écœure car il y en a trop. La romance ado est gonflante en effet. Mais j'ai l'impression que le livre s'adresse aux lecteurs de Twilight (et qui ont kiffé ça) qui ont un peu grandi, pour leur démontrer que non un vampire c'est pas gentil.
Il va falloir faire du lobbying pour que ta bibli acquière Je suis ton ombre :p Je ne sais pas ce qu'il en est maintenant mais quand j'ai du lire le livre cet été, ils ne l'avaient pas dans les biblio parisiennes non plus … Trop trash peut-être ?
J’aimeJ’aime
Bon à savoir ton avis. Je sais que le jour où je lis ce roman, je dois en attendre bien moins que son excellent « Je suis ton ombre »
J’aimeJ’aime
Oh je n'avais point vu ton commentaire. Oui je pense pour le coup, même si ça reste très bien écrit.
J’aimeJ’aime