Celle qui a tous les dons | l’école est finie

Impressions.

Celle qui a tous les dons de M.R. Carey est un roman qui nous fait voir les zombies sous un autre jour en partant d’une idée originale. Si le premier tiers du roman passionne grâce à son sujet et au personnage principal, très attachant, la partie centrale du roman est plus prévisible et pourra lasser le lecteur habitué au genre. Toujours est-il qu’on y trouvera matière (grise) à réfléchir sur la notion d’humanité et de conscience.

Quand les zombies vont à l’école

Melanie est une petite fille très spéciale. Elle a 10 ans. Elle vit dans une petite cellule carrée. A l’école, elle est solidement sanglée à son siège. L’institutrice est embarrassée lorsque les enfants posent des questions sur leurs parents ou sur leur avenir.
Que se passe-t-il dans cette base militaire ? C’est ce que la première partie du roman va nous raconter, en distillant les informations dans de courts chapitres qu’on enchaîne rapidement. Melanie évoque ses conditions de détention avec une certaine candeur détachée. Tout de suite, j’adhère au ton et à la gamine, très attachante.
– Si je mets la main sur cette salope, je lui fous une trempe à lui faire jaillir le cerveau du crâne et j’étale ses morceaux choisis sur des lames de microscope, grommelle-t-elle. (Avant d’ajouer, mue par un réflexe atavique:) Désolée, Melanie.

– Pas de problème, dit Melanie. Moi non plus, je n’aime pas madame Caldwell.

Dans les premières pages du livre, on comprend donc que :
  1. Melanie et ses camarades de classe sont des zombies, du genre à manger les gens.
  2. Mais aussi : ils parlent, apprennent et semblent dotés d’une conscience.
  3. Le monde tel que nous le connaissons a foutu le camp.
Le point 2 est le sujet du livre. M.R. Carey le traite avec finesse en nous invitant à prendre le point de vue de Melanie principalement. Mais aussi : son instit, Mlle Justineau ; Caroline Caldwell, une chercheuse psychopathe tellement obsédée par sa mission qu’elle en oublie son humanité ; Sergent Parks qu’on n’aime pas du tout, mais alors pas du tout, au début mais à la fin  oui un peu quand même et Gallagher, un soldat un peu benêt.

Souvenez-vous, chère collègue, que [le sujet] a l’aspect d’un enfant mais qu’il s’agit en réalité d’une colonie de fungi animant un corps. Il n’y a pas de place pour le sentimentalisme en la matière.

Road-trip classique

La suite est beaucoup plus classique dans le rayon de la littérature zombie: on est dans un road trip avec courses-poursuites, scènes d’action et de fuite, gestion de provisions, traversées de villes dévastées et envahies par les affams (c’est leur petit nom dans le bouquin). J’avoue parfois je me suis ennuyée alors que j’avais dévoré les 150 premières pages.
L’idée de départ, l’école de zombies, est brillante. Le traitement de la thématique du zombie humanisé aussi, l’évolution de Melanie est passionnante, la fin ouvre à de nombreuses réflexions. Mais l‘intrigue est trop sage, trop calibrée dans un schéma très habituel pour la littérature de ce genre. Ça diminue l’impact de ce qui est original dans Celle qui a tous les dons. C’est un peu dommage mais ça ne gâche pas l’expérience de lecture non plus.

L’anecdote personnelle

J’ai gagné ce livre lors d’un concours sur le blog de Lorhkan l’année dernière. Je pensais le lire beaucoup plus rapidement que ça mais bon la vie, tout ça. Récemment une copine qui n’a rien à voir avec la blogo m’en a parlé pour me dire qu’elle avait adoré. J’ai cru bon d’y voir un signe : le livre est passé en position 1 sur ma PàL.

Et toi, cher lecteur, chère lectrice ? Tu as lu ce livre ? Tu en as pensé quoi ? Tu as envie de le lire ?

Informations éditoriales

Ecrit par M.R. Carey. Publié chez L’Atalante en 2014. Traduit de l’anglais par Nathalie Mège. Titre original :  The girl with all the gift. Image de couverture : (c) altanaka/shutterstock. 443 pages, soit 3.5cm d’épaisseur.

Pour aller plus loin

D’autres avis : Un papillon dans la Lune, Livrement, Cornwall, Les lectures de Xapur, ou signalez-vous en commentaire.

Notes

La photographie en tête d’article a été prise par moi-même et est sous licence Creative Commons BY-NC-ND 3.0.

Défi SFFF & Diversité
Items 5 et 18

11 commentaires sur « Celle qui a tous les dons | l’école est finie »

  1. Je suis assez d'accord avec ton analyse, l'idée de départ du livre est vraiment chouette, mais la fin un peu moins. Ca en reste pourtant un roman sympa sur les zombies quand on n'aime pas les zombies !

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  2. Personnellement ce n'est pas la fin qui me gène, ça se rattrape plutôt bien sur celle-ci d'ailleurs mais le déroulé de l'intrigue et en particulier la partie road-trip que je trouve trop classique pour l'idée de départ.
    Je me demandais si tu l'avais lu justement 😀

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  3. Je ne suis pas habituée au genre du tout (je ne crois même pas avoir jamais lu un livre avec un zombie…), alors même si tu dis que l'intrigue est plutôt classique, je me laisserais bien tenter. Je note !

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  4. C'est sûr que du coup tu ne risques pas de t'accrocher à l'idée que tout de même tous les codes du genre sont là et que ça commence un peu à te saouler si tu ne connais pas les dits codes. C'est un très bon page turner avec des réflexions intéressantes, donc je te dirais : fonce 🙂

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  5. J'avoue que les zombies c'est un peu la thématique que je fuis xD. Mais j'aimerais bien que l'auteur se vende bien en France, ça pourrait convaincre Urban Comics de reprendre la traduction de Unwritten qui est un super comic (enfin en tout cas pour ses 2 premiers tomes xD).

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  6. Il n'est jamais trop tard pour découvrir ce livre. J'avoue avoir préféré – et dévoré – ces 150 premières pages moi aussi et y voir par la suite un road trip un peu plus classique.

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