Epistory | a typing epiphany

epistory a typing chronicle

Impressions.

Entrer en possession d’un jeu presque par hasard. Y jouer presque par hasard. En tomber amoureuse dans la première demi-heure de jeu. Venez, je vais vous raconter comment Epistory m’a éblouie…

Un petit détour par  le studio…

Sorti en 2016, Epistory – Typing chronicles a été édité par Fishing Cactus, un studio belge, fait assez rare pour être mentionné. Créé en 2008, ce studio montois s’est spécialisé dans le serious game avant de se lancer dans ce projet fou et ambitieux qu’est Epistory. Plus de 1000 reviews dont 97% de positive sur Steam, il rencontre aussi un certain succès critique -quoique pas unanime- auprès de la presse spécialisée. Ça sent la success story

Mais tout cela, je l’ai appris plus tard. A dire vrai, j’ai eu le jeu gratuitement. Quelqu’un sur le réseau social Mastodon cherchait à refiler des codes de jeux qui ne l’intéressaient pas obtenus via Humble Bundle. Epistory avait atterri dans ma wish-list je ne sais plus comment et je me suis retrouvée avec un exemplaire entre les mains (enfin façon de parler, dématérialisation toussa toussa…).

epistory narration

Gameplay dactylographique

Comme souvent dans ces cas-là, je ne savais pas bien à quoi m’attendre quand j’ai lancé le jeu sur ma machine. C’était un dimanche de décembre, il faisait moche et gris depuis plusieurs semaines et, je ne le savais pas encore, la chape de plomb sur le ciel de l’hiver 2017/2018 allait encore durer pas loin de 2 mois. Un petit jeu indépendant coloré, ça avait l’air contemplatif et relaxant, idéal pour ce morne et paresseux dimanche. Et ça l’était… jusqu’au premier combat.

Là, j’ai compris le potentiel de la mécanique de gameplay qui sous-tend l’ensemble du jeu… Epistory se qualifie de typing aventure game. Hein ? Gné ? Quoi ? En lieu et place de découvrir votre environnement en cliquant sur les différents éléments qui vous entourent, comme vous pourriez être amené.e à le faire dans un RPG par exemple, dans Epistory, vous devez taper les mots demandés par le jeu, ce qui aura un impact sur votre environnement.

Ainsi taper des mots va vous permettre de dévoiler un parterre de fleurs, aussi bien que de faire disparaître un tronc d’arbre qui barre votre route, allumer une lumière, ouvrir une porte … Les mots demandés ont un lien sémantique avec leur effet.

epistory typing mécanique

Mais ce n’est pas tout ! Ce qui est fou et m’a complètement allumé le cerveau c’est que la même mécanique est utilisée en combat ! Lors de certaines séquences de jeu des créatures hostiles vont surgir autour de vous et s’approcher à différentes vitesses. Elles sont surmontées de plusieurs mots, qu’il va falloir écrire avant qu’elles n’atteignent le personnage. Et woaw ! C’est HYPER intense ! Il y a des tas de trucs à gérer : l’ordre dans lequel les créatures apparaissent, leur vitesse de déplacement, leur type (basé sur les éléments feu, glace, foudre et vent), le nombre de mots qu’elles demandent pour les détruire, la longueur de ces mots et le degré de familiarité qu’ils présentent (quand on vous demande d’écrire PNEUMONOULTRAMICROSCOPICSILICOVOLCANOCONIOSIS ce n’est pas la même chose que lorsqu’on vous demande d’écrire RUSE ou OLÉ). De même il faudra orienter sa stratégie en fonction des pouvoirs qu’offrent les différents éléments.

On est entraîné dans cette folle danse par une musique volatile et entraînante qui résonne avec le bruit des touches du clavier et par la poésie aléatoire que l’on auto-génère en récitant à voix haute les mots tapés, de plus en plus vite, de plus en plus fort.

Je suis vraiment admirative du concept c’est vraiment bien pensé et admirablement bien réalisé. C’est hyper fun et addictif et on ne s’en lasse pas. Je me réjouis d’avance de voir cette mécanique rééditée, puisqu’il semble que Fishing Cactus travaille sur la question.

epistory combat

Et l’accessibilité là-dedans ?

Je vous entends déjà venir : « oui mais si je tape comme une quiche, ce jeu n’est pas pour moi ». Eh bien pas du tout. Car celle qui vous écrit en ce moment fait partie de la team des quiches du clavier et qu’elle a survécu au pouvoir des mots tout en n’arrivant même pas à débloquer le trophée 30 mots par minute (pour ma défense j’étais à 29 et les situations de stress ont tendance à me faire perdre mes moyens).

Parce que Fishing Cactus a fait quelque chose de merveilleux qui est assez peu fait dans le milieu du jeu vidéo, souvent élitiste et qui rend l’accès à certains jeux opaques aux gamers du dimanche : ils ont fait en sorte que la difficulté s’adapte à la vitesse de frappe. Alors évidemment je n’ai ni testé le jeu en mode je tape avec deux doigts ni en mode je tape avec 10 doigts sans regarder mon clavier. Si jamais vous avez eu une expérience de jeu lié à ces deux extrêmes votre retour d’expérience m’intéresse, histoire de voir jusqu’où va cette adaptation.

J’irai plus loin sur la question de l’accessibilité :

  • le tutoriel est léger et en même temps explique parfaitement le principe du jeu en douceur sans nous assommer d’explications ni nous lâcher dans la nature en mode freestyle.
  • la courbe de progression est hyper bien gérée. De même que l’univers nous est dévoilé petit à petit, les améliorations de notre « typing mechanic » sont introduites petit à petit. On a le temps de s’approprier chacune d’entre elles, d’apprendre à switcher de l’une à l’autre dans le feu de l’action, de les tester suffisamment pour savoir avec lesquelles on se sent le plus à l’aise. J’ai juste trouvé la mécanique « vent » moins fun que les 3 autres.
  • Il en va de même pour les puzzles qui émaillent le jeu. Ils ne sont jamais abscons et sont parfaitement équilibrés pour permettre à la joueuse et au joueur de trouver la solution eux-mêmes, sans être trop facile non plus. Je ne me suis retrouvée bloquée qu’une seule fois sur l’entièreté du jeu mais c’était surtout car je n’avais pas vu un passage.  J’ai parfois un peu tourné en rond, cherché, j’ai dû me creuser un peu la tête mais le tout avec peu de frustration et une certaine fluidité.

epistory puzzle

Tout dans le jeu concorde à le rendre cohérent  avec son atout central : le gameplay dactylographique. La direction artistique est de type origami et le monde se dévoile progressivement comme si on tournait les pages d’un livre. La narration est littéralement écrite sur le paysage pendant qu’une voix off nous la récite comme un adulte lirait un conte à un enfant. J’en viens à conclure qu’Epistory est une merveille de game design et d’expérience joueur. Et en tant que bibliophile, je ne peux m’empêcher d’y voir une ode aux livres et à l’écriture.

Informations éditoriales

Développé par Fishing Cactus. Sorti en 2016. Existe sur PC. 13h de jeu (en faisant tous les donjons et 80% des succès).

Pour aller plus loin

Les développeurs parlent de la genèse du jeu (en anglais).
Les captures d’écran ont été prises à droite à gauche sur le web.

 

Si ce jeu vous tente ou que vous y avez joué, dites-le moi en commentaire !

10 commentaires sur « Epistory | a typing epiphany »

  1. Wow! Ce jeu a vraiment l’air extra, mais je suis plus du genre RPG, ainsi que joueuse-du-dimanche-un-dimanche-sur-quatre-quand-les-enfants-dorment. Pourtant, à ce que tu en dis, je pourrais y trouver mon compte? Huum, tentant…

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    1. Ce n’est pas si éloigné que ça d’un RPG : il s’agit avant tout d’explorer et de combattre, un peu comme un RPG au final. Pas de quêtes mais des puzzles à résoudre. Il y aussi un arbre de compétences mais c’est très léger.

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