La cité de l’orque | Sortir du Placard

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La cité de l’orque est un roman de science-fiction que l’on peut qualifier de climate-fiction. Il a été écrit par Sam J. Miller et publié en français par Albin Michel Imaginaire en mars 2019. Il se passe dans (sur, du coup?) la ville flottante de Qaanaaq au 22ème siècle. Harnachez votre orque et suivez-moi pour une visite haute en couleurs de la ville.

Bienvenue à Qaanaaq, ville flottante

Comment vous pitcher La cité de l’orque ? C’est un défi en soi tant le bouquin est aussi chaotique que la ville qu’il tente de décrire.

Qaanaaq donc. Non pas Qaanaaq la ville de 621 habitants située à l’extrême nord du Groenland (elle a été submergée depuis belle lurette) mais Qaanaaq, cité flottante dans les eaux de l’Atlantique. Dans ce monde-là (notre futur ?), le réchauffement climatique et la montée des eaux ont eu raison de bien des états, dont les US et ce sont des investissements privés qui ont rendu Qaanaaq possible.

Je serai maître de cette ville ou je la détruirai, je lui casserai les jambes, je l’enverrai se noyer dans la mer en feu au-dessus de laquelle nous vivons.

On y retrouvera quatre personnages points de vue  : Fill, Soq, Ankit et Kaev. Ils n’ont apparemment aucun lien les uns avec les autres. Je ne vais pas vous décrire leur « plot » de départ sinon demain on est encore là. Je vous dirai seulement que, comme souvent dans les romans à plusieurs points de vue, les intrigues finissent par se rejoindre. Peut-être que ce qui les lie est cette femme légendaire nouvellement arrivée a Qaanaaq accompagnée d’une orque et d’un ours polaire ?

Tous les ruisseaux vont à la mer

La cité de l’orque est chaotique, démesuré parfois au regard de son nombre de pages somme toute plutôt raisonnable. Il est difficile de mettre toute une ville dans un livre, a fortiori si cette ville nous est totalement inconnue et que le mode de vie de ses habitants a bien changé par rapport au nôtre. La lecture est décousue, demande une attention particulière, ce qui en soi n’est pas gênant tant qu’on peut disposer d’un endroit tranquille et d’un cerveau pas trop encombré pour savourer son bouquin.

Je crois que j’ai des souvenirs qui appartiennent à d’autres personnes.

C’est aussi une lecture exaltante de par la richesse de ses concepts : géo-politique de la ville, sa lutte des classes et sa multi-culturalité, maladie sexuellement transmissible 2.0 (les failles), les nano-liés (si vous avez échappé au génocide), hôpital psychiatrique hautement sécurisé (personne ne veut se retrouver au Placard)… Les personnages sont remarquables aussi, très différents les uns des autres, avec ses problématiques, son mode de vie, sa place à Qaanaaq qui vont être bouleversés avec la progression de l’intrigue.

En fait, à l’issue de cette lecture, je ressens un sentiment de manque , j’aurais voulu avoir plus d’informations, approfondir cette ville et les concepts de ce futur dans lequel on ne voudrait pas vivre mais qui a quelque chose de subjuguant.

Et parce que j’aime bien remarquer les symétries improbables, j’ai trouvé amusant que le livre se termine par les mots avec lesquels il a commencé alors que le nom de la ville est un palindrome. La vie est un éternel recommencement. Merci d’être venus nombreux ce soir.

Ce qui se disait : elle était venue à Qaanaaq dans une embarcation que tirait une orque harnachée à la manière d’un cheval. Dans ces récits qui, dans les jours et les semaines qui suivirent son arrivée, se firent de plus en plus riches d’incroyables détails, l’ours blanc cheminait à son côté sur le pont du bateau éclaboussé de sang.

Avec tout ça, je ne vous ai parlé ni de Ville Sans Plan, ni de Soq dont on parle en disant « ils » car ils n’ont pas de sexe défini (oui c’est perturbant, oui c’est comme le « they » indéfini de l’anglais, oui j’aurais préféré qu’on dise iel), ni de l’inondation de New York, ni…

La cité de l’orque est un roman foisonnant et chaotique qui nous montre un futur submergé par les conséquences du réchauffement climatique. J’ai adoré la découverte de la ville flottante et de ses habitants mais ce j’aurais apprécié par dessus tout c’est que le livre fasse 200 pages de plus, pour étoffer les personnages, les concepts abordés et la mythique Qaanaaq. Ou alors : à quand un autre roman dans le même futur ?

Informations éditoriales

Roman écrit par Sam J. Miller. Publié pour la première fois en 2018. 2019 pour l’édition française chez Albin Michel Imaginaire. Traduit par Anne-Sylvie Homassel. Titre original : Blackfish city. 396 pages. Illustration de couverture par Aurélien Police.

Pour aller plus loin

Interview de Sam J. Miller.
Pourquoi, nous romanciers, devons-nous continuer à écrire sur le SIDA. Traduction d’un texte écrit par Sam J. Miller et publié par Orbit Books.
D’autres avis : La bibliothèque d’AnudarLes pipelettes en parlentGromovarL’épaule d’OrionLe chien critique, Just a word, Les lectures du Maki, Blog-o-livreAu pays des caves trolls, Lorhkan et les mauvais genres, Un papillon dans la Lune, Les chroniques du chroniqueur, Touchez mon blog, monseigneur, Mondes de poche, ou signalez-vous en commentaire.

27 commentaires sur « La cité de l’orque | Sortir du Placard »

  1. Avec un tel palindrome, j’espérais au moins un clin d’œil à son intention (qui arrive donc en fin de livre). Je suis intriguée par cette histoire mais j’ai peur moi aussi de ressentir le manque que tu décris.

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    1. Comme je disais plus haut je ne sais si c’est un clin d’oeil ou juste pas fait exprès.
      Dans tous les cas même avec un goût de pas assez, il reste chouette a lire. Faut juste s’accrocher en attendant de comprendre comment ce monde fonctionne.

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