Dragon | Tuer Dragon en soi

Dragon thomas day

Dragon, écrit par Thomas Day, est le premier texte publié dans la collection Une heure lumière, créée en 2016 par les éditions Le Bélial’. Que faisais-je pendant ces trois années pour me maintenir à la pointe des sorties littéraires ? J’hibernais. Maintenant que je me suis réveillée, je vous emmène en Thaïlande sur la piste d’un tueur en série qui règle son compte à la prostitution infantile à lui tout seul et du flic qui lui coure après.

Thaïlande, un peu plus tard que de nos jours. Un tueur en série court les rues. Dragon, puisqu’il a ainsi été surnommé, a la particularité de ne s’en prendre qu’aux individus liés à la prostitution infantile, proxénètes ou clients. Tann, flic de son état, est chargé de mettre un terme à ses agissements, discrètement sans procès de préférence.

La majorité de ma lecture a été assez désagréable. Le sujet, pourrait-on se demander ? Non. Je trouvais le texte artificiel et bourré de clichés. La figure du flic, l’image de la Thaïlande avec les bordels et les ladyboys ; les Thaïlandaises, les femmes occidentales, les Chinois sont comme ci ou comme ça ; les noms de marque fréquemment cités, etc. Tout cela me paraissait un peu fake.  C’est peut être fait exprès, c’est peut-être juste moi. Il n’en reste pas moins que cela m’a tenue à distance.

Mais dans la dernière partie de ce récit qui nous est servi dans un ordre que l’on pourrait croire aléatoire (non), j’ai commencé à comprendre.  Après lecture des remerciements, j’ai compris complètement. J’ai relu le quatrième mouvement dans le « bon ordre » et j’ai cherché l’entrée n°1 dans le récit, puisqu’en vrai le texte commence par la n°17.

Le texte en soi n’a pas d’importance. Ce qui compte c’est à quoi il sert. Il sert à tuer Dragon en Thomas Day. Il sert à tuer Dragon en chacun de nous. Si vous lisez ce livre, ne restez pas à la surface des choses : plongez à l’intérieur de vous et cherchez-y Dragon, ce justicier vengeur qui disparaît en 7 pas après avoir délivré les opprimés. Ensuite, tuez-le.

Au-delà du texte qui m’est apparu assez artificiel, l’intérêt de Dragon réside dans sa fonction. Une fonction de catharsis de l’horreur que le sujet de la prostitution infantile suggère en nous et une fonction de rédemption devant notre impuissance à y faire quelque chose. Sa narration savamment déconstruite nous amène jusqu’au point de non retour d’une légère touche fantastique qui contraste avec l’absence de subtilité du texte. A lire par les âmes averties. 

Informations éditoriales

Novella écrite par Thomas Day (autrement dit Gilles Dumay) et publié en 2016 par le Bélial dans sa collection Une heure Lumière (1). Illustration de couverture par Aurélien Police. 152 pages.

Pour aller plus loin

Le blog que Thomas Day a tenu lors de l’écriture de ce texte : Sur la piste de Dragon
Mes impressions  sur le même auteur : Women in chains, 7 secondes pour devenir un aigle.
D’autres avis : Nebal est un con, Les lectures du Maki, Blog-o-livre, Albédo, L’épaule d’OrionL’ours inculte, Nevertwhere, Gromovar, Bibliocosme, Le monde d’Elhyandra, Lorhkan et les mauvais genres, L’étrange épicerie, Les lectures d’Efelle, La bibliothèque d’Anudar, Cat(s), Books & Rock’n roll, Au pays des cave trolls, OmbreBones, Les critiques de Yuyine, Mondes de poche, 233°C, ou signalez-vous en commentaire.

26 commentaires sur « Dragon | Tuer Dragon en soi »

  1. Ce n’est pas ce dont j’ai « besoin » en ce moment avec mon manque de foi en l’humain…mais merci d’en avoir parlé pour que je sois prévenu, ce thème étant récurent parfois dans mes lectures 😕

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  2. Je suis de base tenté – dans la limite où l’on puisse être « tenté » par un tel thème – parce que j’accroche généralement bien aux textes de Thomas Day, mais cette conclusion sur le « vrai » sens du livre m’intrigue encore plus. =O

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    1. Je ne sais pas si ta réticence du trash s’applique à la lecture aussi mais en tout cas je te préviens : il y a quelques scènes pas piquées des vers dont une de torture.
      Quant au sens du livre, je pense qu’il peut être perçu différemment d’une personne à l’autre. J’aime assez bien celle d’Anudar ou encore l’hypothèse de Feyd Rautha sur l’élément fantastique du livre.

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      1. Elle s’y applique aussi, même si dans une mesure peut-être un peu moindre. Mais je peux l’accepter si elle a un certain sens/intérêt – même si je lirai peut-être seulement un mot sur deux =P – et je fais confiance à Thomas Day pour cela. Merci de ta prévoyance en tout cas. ^^

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  3. Le fond et la forme semblent particulier. Cela me rend curieuse.
    Si j’ai bien compris, ce livre a pour fonction de tuer la volonté justicière en nous pour qu’on accepte, sans culpabilité, notre impuissance face à certaines choses abjectes de ce monde (prostitution enfantine, pédophilie)?

    mouaip, suis piquée au vif

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    1. Brut de décoffrage je dirais qu’il sert à jouir de la puissance de pouvoir y faire quelque chose, avant de la tuer en soi parce qu’on n’est pas des tueurs psychopathes, nous. Mais bon de ce que j’en ai lu à droite à gauche d’autres ont d’autres interprétations plus ou moins différentes qui me paraissent tout aussi pertinentes.

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  4. Tiens c’est intéressant comme interprétation… j’avoue que je ne suis pas allée chercher aussi loin, mais après j’ai toujours un peu de mal avec les écrits de Thomas Day (et c’est pas faute d’en avoir lu plein xD). C’est déjà étonnant que j’ai passé un pas trop mauvais moment avec ce texte. Enfin en tout cas je me rappelle que j’avais bien aimé malgré les thématiques pas jojo.

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      1. Bah j’avais un peu lâché l’affaire (même si c’est toujours un peu énervant de passer à côté d’un auteur que tout le monde apprécie) mais là c’était un Heure-lumière, fallait bien que je le lise 😛

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  5. Un peu dur comme sujet, je ne pense pas le lire un jour. Ca me rappelle des faits divers récents ou des gens n’allaient pas jusqu’au meurtre, mais décidaient de faire justice eux-même en tendant des pièges aux pédophiles sur internet…

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      1. Je crois qu’ils se font passer pour des petites filles, vont jusqu’à organiser un rdv et après certains sont passés à tabac, ou juste accusés ou menacés… ça a poussé au moins l’un d’eux au suicide il me semble. Donc oui il existe des personnes qui se prennent pour des justiciers !

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