Les hirondelles de Kaboul | wear a burqa too

les hirondelles de kaboul

Impressions.

Les hirondelles de Kaboul est un film d’animation réalisé par Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec. Adapté du roman éponyme de Yasmina Khadra, il est sorti dans les salles françaises le 4 septembre 2019. Il raconte une histoire dramatique dans l’Afghanistan des talibans.

Une adaptation à l’écran

Dans l’Afghanistan des talibans, Mohsen et Zunaira se morfondent. Ils s’aiment là où la haine de l’autre est banalisée voire encouragée. Zunaira est confinée chez elle, elle dessine sur ses murs en écoutant de la musique illicite. Mohsen erre dans les rues. Un terrible accident et la vie bascule. Zunaira se retrouve en prison, elle sera exécutée. Atiq est le gardien de la prison des femmes. Sa femme, Mussarat , est très malade. Alors que son « ami » lui dit de la répudier et d’en prendre une autre plus jeune qui lui fera des enfants, il ne peut s’y résoudre.

les hirondelles de kaboul

Les hirondelles de Kaboul est adapté du roman du même nom écrit par l’auteur algérien Yasmina Khadra. L’adaptation comporte plusieurs changements, qui me semblent plutôt heureux pour la transposition en film. Zunaira est avocate dans le roman (enfin, quand elle avait le droit d’exercer, évidemment) et la fin est différente. Certains éléments du livre reviennent dans le film mais ne sont pas utilisés de la même façon. J’ai trouvé le choix de faire de Zunaira une dessinatrice particulièrement judicieux. Dans le film, elle se dessine elle-même sur un mur de sa maison caché derrière un rideau. Cette transgression de la charia est un symbole de sa liberté intellectuelle. De plus, le film étant animé, dans un style graphique proche du crayonné aquarellé, on peut presque imaginer qu’elle dessine son histoire.

Cachez cette burqa que je ne saurais voir

Il n’est pas anodin que le film commence sur la musique du Burqa Band, « Burqa blue« . Le Burqa Band est un groupe de rock afghan dont les trois membres sont des femmes qui chantent et jouent de la musique en portant une burqa. Elles n’ont jamais été démasquées, la marque de l’oppression ayant au moins cet avantage,  et se sont même produites en Allemagne.

les hirondelles de kaboul

Ce tchadri, source de malheur et de souffrance, devient un personnage à part entière. Destiné à rendre les femmes invisibles, on ne voit plus que lui dans la colorimétrie du film, bleu vif parmi les tons ocres omniprésents. Il est aussi le nœud de l’intrigue, de son déclenchement à sa résolution.

L’histoire est très simple mais les images sont porteuses d’émotions fortes.  C’est la colère de l’injustice qui prime. C’est la tristesse de voir un peuple réduit à la misère intellectuelle et culturelle, à la violence et la haine de l’autre.  C’est l‘espoir porté par la résistance, qu’elle soit individuelle ou collective. Ce sont les hirondelles de Kaboul du titre.

Ne sommes nous pas tous déjà morts depuis longtemps ?

Les hirondelles de Kaboul est un film d’animation poignant mais porteur d’espoir qui se déroule dans l’Afghanistan des talibans. La douceur du style graphique contraste avec la dureté du propos. Le sujet central du film est le port du tchadri, qui nous est transmis par le destin de Zunaira.

Informations éditoriales

Les hirondelles de Kaboul est un film français d’animation réalisé par Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec. Au scénario, on trouve Sébastien Tavel, Patricia Mortagne et Zabou Breitman. Adapté du roman de Yasmina Khadra. Sorti au cinéma en septembre 2019. Sélection Un certain regard à Cannes 2019. Durée : 1h21. Ce film n’est pas destiné à un jeune public.

Pour aller plus loin

A voir aussi : Parvana, film d’animation réalisé par Nora Twomey, racontant l’histoire d’une petite fille qui se déguise en garçon pour sauver sa famille des talibans. Jeune public ok, mais à debriefer après séance.
Burqa blue by Burqa band.
D’autres avis : Pamolico, Chez Iceman, ou signalez-vous en commentaire

14 commentaires sur « Les hirondelles de Kaboul | wear a burqa too »

  1. J’ai lu le livre il y a longtemps (pour la petite histoire: je l’ai emprunté à la bibliothèque en anglais car j’ignorais que Yasmina Khadra écrivait en français ^^) et je n’ai pas trop aimé. Je crois que je n’ai pas vraiment compris la fin, ça me semblait facile à lire mais très vague, comme s’il manquait des paragraphes – avec le recul, je suppose que j’ai probablement raté des tas de sous-entendus. Depuis, j’ai lu un autre livre de lui (en français cette fois-ci) que je n’ai pas aimé. Mais ce dessin animé me donne tout de même envie, ce serait l’occasion de redécouvrir l’intrigue, bien que modifiée, plus rapidement, et ça a l’air joli. Et tu en dis du bien, donc bon point.

    J’aime

    1. J’espère que tu auras l’occasion de le voir, je serais très curieuse de savoir ce que tu en penses, par rapport au livre. En tout cas le film n’est pas vague du tout.

      J’aime

  2. Et là je me rends compte de ma superficialité – ou de l’importance du média, au choix : ça aurait été un film avec des acteurs, j’aurais sûrement passé mon chemin ; c’est un film d’animation (et tu en dis du bien), donc je note de le voir et ça sera certainement fait un jour.

    Aimé par 1 personne

    1. C’est une question de préférence en effet. Ce n’est pas un bon exemple pour mon cas ici car je vais voir quasi tout ce qui sort sur la condition de la femme, mais il est vrai que le DA pour adulte a vraiment mon attention, c’est comme ça que j’ai vu Funan, pas certaine que je l’aurais vu si ça avait été un film.

      J’aime

  3. Pas encore trouvé le temps de le voir celui-ci, mais il est sur ma liste. Comme je n’ai pas lu le roman, je me suis dit que voir l’adaptation serait un bon moyen de rattraper la chose.
    Et ce qui est abordé m’intéresse hautement.
    (bref, avec l’abo ugc c’est reparti pour un tour)

    J’aime

Répondre à Tigger Lilly Annuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.