Les affamés | De l’eau dans le vin

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Impressions.

Les affamés est un roman de science-fiction écrit par Silène Edgar. Publié chez J’ai Lu Nouveaux Millénaires en mai 2019, il parle d’une société aliénante qui a érigé la Santé en devoir national. Si le background est passionnant et pose des questions très actuelles, je reste avec le sentiment qu’il n’y avait pas assez de beurre dans le banana bread (celleux qui ont lu sachent). Je vous dis tout…

Quand la santé va, tout va

La révolution verte a eu lieu au début du 21ème siècle. Elle promet un avenir verdoyant à la France grâce à une agriculture biologique bien gérée et moins d’inégalités de classe. Et puis les Lois sur la Santé sont arrivés, transformant l’utopie en franche dystopie. Les gens sont classés en fonction de leur « utilité » à la société et ont droit à des soins médicaux en conséquence. La santé de chacun est surveillée de près, les aliments mauvais pour la santé interdits ou coûtant tellement chers que seuls les gens très Utiles peuvent se permettre de les acheter. Il en est de même de l’alcool et de la cigarette.

Charles est un écrivain à succès. Il a le cul bordé de nouilles, ses livres se vendent par palettes entières. Alors il est Utile de classe 5 et peut se permettre un mode de vie dissolue, se rachetant une bonne conduite en allant voir son médecin personnel pour annuler ses mauvais points. C’est alors qu’un politicien fait passer une loi destinée à censurer la production littéraire pour la rendre plus Utile (comprendre : qui vante les mérites des Lois en vigueur). Autant vous dire que les romans de Charles sont dans le collimateur.

Du beurre dans les épinards

J’ai trouvé le sujet de ce roman plutôt intéressant. Cela pose des questions par rapport à notre présent et la tendance à la société de contrôle. C’est aussi le rêve d’une société plus juste qui finit en eau de boudin vu que les inégalités de classe finissent immanquablement par se recréer.

Le personnage principal, soudainement conscientisé de l’anormalité de la situation, se retrouve écartelé entre deux désirs : celui de se satisfaire de son petit confort de privilégié en courbant l’échine et celui de se rebeller contre l’ordre établi et de profiter de sa notoriété pour faire du bruit. Ce type de situation est très réaliste au final, on imagine assez facilement à un tel dilemme. La révolution est l’apanage des gens qui n’ont rien à perdre. Les autres y réfléchiront toujours à deux fois.

Où ça tourne au vinaigre

Mon intérêt a fini par fondre comme beurre au soleil.  Les personnages alignent les clichés, dans leurs rôles et l’évolution de leur histoire. En fait ce n’est pas tant le problème : on peut raconter une cool histoire en alignant des clichés, ça dépend surtout de ce qu’on en fait. Là j’ai surtout une impression d’absence de profondeur, qu’il y avait trop d’eau dans le potage et puis de nombreux passages qui m’ont fait lever les yeux au ciel. Tout cela m’a paru trop artificiel pour me marquer durablement.

Je n’ai peut-être pas un cœur d’artichaut mais la fin est, à mon avis, surdramatisée au possible et tellement cliché que mes yeux sont restés coincés au plafond depuis. Enfin ça c’est surtout l’avant-dernier chapitre. Le dernier chapitre quant à lui se savoure comme un carré de chocolat belge après une salade de chez Monoprix.

Les affamés est un roman aux thématiques intéressantes, au background dystopique bien construit et qui se lit facilement. Il ne transforme cependant pas l’essai. En cause des personnages beaucoup trop clichés et une intrigue sans profondeur, artificielle, qui laisse un goût de trop peu une fois la dernière page tournée. 

Informations éditoriales

Roman écrit par Silène Edgar et publié chez J’ai Lu Nouveaux Millénaires en mai 2019. L’illustration de couverture est une création Studio J’ai Lu d’après Shutterstock. Précédé d’une préface de Pierre Bordage. 255 pages.

Pour aller plus loin

D’autres avis : Les lectures du Maki, Le Bibliocosme, ou signalez-vous en commentaire.

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19 commentaires sur « Les affamés | De l’eau dans le vin »

  1. Est-ce que le dernier chapitre se savoure aussi bien si on n’a pas lu le reste du livre
    ? C’est pour un ami qui cherche à gagner du temps… =P
    En tout cas bravo, écrire une chronique en ayant les yeux collés au plafond, ça doit être du sport.

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  2. J’ai lu d’autres écrits de Siléne Edgar, et j’ai eu le sentiment que tu décris ici. Les histoires et les idées sont intéressantes, je crois que nous sommes un public exigeant, très exigeant!

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  3. Thématiques qui m’attirent aussi, mais ce que tu en dis fait que je resterai éloigné de cette lecture.
    Par contre ton billet m’a bien fait rire et éveiller les papilles. Pas glop, j’ai faim maintenant et il faut encore que j’attende une heure pour bouffer !

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  4. Je suis contente de lire ta chronique car j’avais jusque-là croiser des avis très positifs et j’aime bien pouvoir avoir des avis divergents car les éléments apportés pour l’argumentation me permettent de savoir si je suis une lectrice potentielle.

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    1. Souvent je chronique pas quand j’ai pas aimé ou trouvé moyen bof, mais je fais très attention à mes choix de lecture aussi, me suis un peu plantée sur celui-ci.

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    1. Sans doute que ça lui réussit mieux. Je n’ai pas lu d’autres romans d’elle. Je ne pense cela dit pas la lire en jeunesse, trop de livres à lire, je limite assez bien mes lectures jeunesse.

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