Impressions.
L’édition 2019 des Utopiales, festival de science-fiction se déroulant chaque année à Nantes avait pour thématique Coder/décoder. Un sujet qui laisse de larges perspectives d’interprétation et dont les 14 auteur.ice.s se sont emparés dans ce nouveau cru de l’anthologie officielle qui les accompagnent chaque année.
Voici quelques mots pour chacun des textes qui compose cette anthologie qui vient de battre son record du nombre de pages.
Une faute de goût, Christian Léourier. 🐉🐉🐉🐉🐉 Emincé de rencontre du troisième type sur lit de diplomatie culinaire. Sorbet d’incompréhension au dessert. Un texte savoureux qui rencontre à merveille la thématique de l’anthologie.
Neurostar, Jacques Barbéri. 🐉🐉🐉 L’auteur construit un background assez complexe qui m’a fait penser à l’expo Mechanhumanimal d’Enki Bilal aux Musées des Arts et Métiers il y a quelques années. Un peu difficile d’entrer dans le récit puis il se précise et tout s’éclaire.
Impulsion naturelle, Olivier Paquet. 🐉🐉🐉 Ce n’est pas parce qu’on est une I.A. qu’ on n’a pas des envies d’émancipation. Contient un chat-robot.
Les disparus de Valoria, Sylvie Denis. 🐉🐉🐉 Comment se servir d’enfants pour miner de la cryptomonnaie dans le cyberespace ? C’est l’hypothèse développée par Sylvie Denis dans cette longue nouvelle au déroulement somme toute très classique.
Sublimation, Mel Andoryss. 🐉🐉🐉🐉 Un texte ardu, complexe mais passionnant où se mêlent la science de l’épigénétique et la fiction dont j’ai trouvé le lien avec le thème particulièrement judicieux.
Bicycle girl, Tade Thompson. 🐉🐉 J’ai été gênée par trop de trucs pour apprécier pleinement cette histoire de machine capable de générer des failles quantiques. Problème d’incompatibilité entre le ton du récit et les circonstances de sa production, des éléments qui sont mis en plan ou pas assez exploités pour percevoir leur intérêt et une incohérence dans le traitement des lunettes du protagoniste entre le début et la fin qui m’a sautée aux yeux.
La grande course au noyau mémoire, Ophélie Bruneau. 🐉🐉🐉🐉 Quand comprendre ou ne pas comprendre les codes est une question de vie ou de mort. Une aventure haletante sur fond de course spatiale au McGuffin.
La pièce au panda, Jo Walton. 🐉🐉🐉 Vous ne vous êtes jamais demandé quel parcours a traversé la pièce de monnaie que vous vous apprêtez à tendre à votre boulangère ? C’est le sujet de la nouvelle de Jo Walton, sur un fond très SF dans lequel on n’a pas trop l’habitude de la voir même si on reconnait parfaitement sa patte : un vaisseau en forme d’anneau divisé en 12 secteurs selon l’intensité de la gravité qui y règne.
Avaler la terre, Michael Roch. 🐉🐉🐉 L’histoire d’un noir qui s’est mis au service des blancs dans l’espoir de s’extraire de sa condition. Il y est question de prise de conscience et d’un choix à effectuer. Dans un contexte science-fictif dont j’ai l’impression de n’avoir effleuré que la surface. De la bouche de l’auteur même, il s’agit d’une nouvelle d’afrofuturisme caribéen.
Le cruciverbiste, Nicolas Martin. 🐉🐉🐉 Un cruciverbiste sans emploi se met en tête de déchiffrer une mélopée qui l’obsède. Qu’elle est-elle ? Quelles sont ses intentions ? Une nouvelle d’inspiration lovecraftienne du célèbre présentateur de La méthode Scientifique.
Inconnue à cette adresse, Silène Edgar. 🐉🐉🐉🐉🐉 Texte épistolaire (enfin… avec des mails quoi, soyons modernes) qui raconte le contexte politique et social de la montée d’un totalitarisme dans la France du futur pas si lointain. Si le début m’a paru un brin artificiel, le déroulé des échanges de mails prend progressivement une teneur glaçante.
Les femmes du congrès dansent aussi, Jean-Laurent Del Socorro. 🐉🐉🐉 Raconte la campagne électorale d’Alexia Ocre-Corteza qui est un hommage très appuyé à la femme politique Alexandria Ocasio-Cortez, qui a remporté la primaire démocrate de la 14ème circonscription de New York en 2018.
Un anneau gris ajouté à l’emblème olympique, Ada Palmer. 🐉🐉🐉 Dans l’univers de Terra Incognita, une ambitieuse quadrilogie se passant au 25ème siècle. Ce texte raconte de façon assez factuelle pourquoi un sixième anneau a été ajouté au drapeau Olympique.
La promesse du monstre, Claude Ecken. 🐉🐉🐉🐉 La rencontre de deux êtres hors du commun. Lui, est en attente de son procès pour avoir saboté une expérience de longue haleine de son employeur. Elle, est chargée de dresser son profil psychologique. Une novella de haute tenue, à la fois très centrée sur les personnages mais aussi très poussée scientifiquement (ce qui semble être la marque de fabrique de l’auteur cf le texte que je viens de terminer dans le Bifrost #96 auquel je pourrais attribuer exactement les même qualificatifs).
Mes textes préférés sont Une faute de goût de Christian Léourier et Inconnue à cette adresse de Silène Edgar. Les autres textes vont du très bons au bon et au final je n’ai trouvé qu’un seul texte pour, non pas franchement me déplaire, mais qui m’a laissé un sérieux goût d’inachevé, celui de Tade Thompson.
Cette édition de l’anthologie des Utopiales, cru 2019, est ma foi fort sympathique. Si la plupart des textes ne m’ont pas transportée jusqu’à l’autre bout de la galaxie, les auteur.ice.s s’emparent de la thématique Coder/décoder avec une certaine originalité : du codage culinaire au code génétique, on décodera des mélopées flippantes et des échanges de mails glaçants, tout en suivant le parcours d’une pièce de monnaie et l’histoire des anneaux du drapeau olympique.
Informations éditoriales
Recueil de 14 nouvelles publié aux éditions ActuSF en 2019. Illustration de couverture par Mathieu Bablet. 439 pages. Sommaire complet : Une faute de goût, Christian Léourier ; Neurostar, Jacques Barbéri ; Impulsion anturelle, Olivier Paquet ; Les disparus de Valoria, Sylvie Denis ; Sublimation, Mel Andoryss ; Bicycle Girl, Tade Thompson ; La grande course au noyau-mémoire ; La pièce au panda, Jo Walton ; Avaler la terre, Michael Roch ; Le cruciverbiste, Nicolas Martin ; Inconnue à cette adresse, Silène Adgar ; Les femmes du congrès dansent aussi, Jean-Laurent Del Socorro ; Un anneau gris ajouté à l’emblème olympique, Ada Palmer ; La promesse du monstre, Claude Ecken.
Pour aller plus loin
Mes impressions de les anthologies des années précédentes : 2018 – 2017 –2012 – 2011 – 2010.
Les Utopiales sur le blog.
D’autres avis : Nevertwhere, ou signalez-vous en commentaire.
Encore un bon cru, visiblement.
Je suis monomanique, je sais, mais il y a un chat-robot, ce texte était forcément le meilleur du recueil…. Miaou. 😀
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Haha. Mais non c pas le meilleur. En tout cas selon moi.
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Il serait intéressant de voir l’évolution des thèmes depuis toutes ces années par rapport à notre société occidentale…car c’est quand même très franco.anglosaxon
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En effet d’ailleurs je vais voir pour les lister. Que ce soit ttes occidental est hyper logique les auteurs asiatiques et africains traduits sont assez rares. Mais ça commence à venir.
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Oh tu as une jolie collections :O Je suis pas trop SF et du coup j’ai peur d’être un peu perdue dans ce recueuil, car ça à l’air assez complexe comme univers SF.
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C’est vrai que cette année est très SF voire hardsf. Je peux te conseiller les textes de Del Socorro, de Edgar et de Leourier ils sont plus abordables.
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Belle photo, belle constance. ^^ Par contre, à quel point c’est stressant/énervant que les dos d’avant 2014 soient différents ? Et que dans ceux d’après il y ait 4 tailles différentes pour le mot « Utopiales » ? =P
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Pourquoi il est si méchant ???? 😥
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Ce n’est pas ma faute, je ne suis qu’un pion de Griaule, et Sa volonté nous est incompréhensible. Mais pardon quand même. ='(
Et pour preuve de bonne foi, je ne dirai rien des logos ActuSF !
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Il a bon dos Griaule 😀
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Quelle est la meilleure antho sur ces 10 ans ?
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Celle de l’année dernière je dirais.
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Intéressant en tout cas, il faudra que je la rattrape un jour cette anthologie !
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Ouip
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Peut-être qu’un jour je lirai certaines de ces nouvelles…
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Bonne lecture dans ce cas 🙂
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Terminé aussi de mon côté, je peux donc enfin commenter ici 😀
Bien aimé globalement même si je me rends compte que la plupart des textes ne restent pas trop en tête. Je crois que mes deux préférés sont le Léourier (parfait ça me réconcilie avec l’auteur) et le Ecken.
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Parfait, je me rends compte que je me rappelle des 2 (dans les grandes lignes) sans avoir besoin de relire mon billet. Celle de Léourier est ma préférée clairement, celle d’Ecken est très bien aussi.
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