Des nouvelles de Bifrost #98 | A.E. van Vogt, Thierry Di Rollo, Franck Ferric, Vandana Singh, Michel Pagel

Bifrost 98 van vogt

Impressions.

Ce 98ème Bifrost publié en mai 2020 par les éditions du Bélial’ contient un copieux dossier sur A.E. van Vogt. Je m’intéresserai dans les présentes impressions aux 5 nouvelles qui ouvrent la revue, à savoir : Le village enchanté de A.E. van Vogt, Plaine-guerre de Thierry Di Rollo, Le dernier verrou de Sveta Koslova de Franck Ferric, C’est vous Sannata3159? de Vandana Singh et A la recherche du Slan perdu de Michel Pagel. Allons-y…

Le village enchanté, A.E. van Vogt

Bill Jenner survit au crash de son vaisseau spatial avec pour destination la planète Mars. Alors que la soif et la faim le guettent, il fait la découverte d’un village aussi étonnant que complètement vide. Le village semble être parfaitement adapté à une espèce qui n’a rien à voir et surtout n’a pas les mêmes besoins que les humains. Il dispense des douches d’acide, une sorte de mélasse immangeable et des sons insupportables en guise de musique. Jenner cherche à faire en sorte que ce village lui fournisse ce dont il a besoin. Va-t-il y arriver ?

Un nouvelle à chute bien sympathique et bien troussée.

Traduit de l’anglais [US] par Michel Deutsch, traduction révisée par Olivier Girard. Titre original : The enchanted village. 1950.

Plaine-guerre, Thierry Di Rollo

En pleine guerre interminable, un soldat demande une permission et rentre chez lui.

Dans des paysages dévastés qui convoquent des images de la Première Guerre Mondiale, c’est l’absurdité de la guerre et la perte du sens de l’existence qui happe notre lecture. Sombre, très sombre.

Le dernier verrou de Sveta Koslova, Franck Ferric

Dans un monde ultratechnologique, Sveta retourne à Khizina, une région agricole dévastée par l’appauvrissement des sols et la pollution. Son père y a tenu une exploitation il y a 50 ans et elle a vécu, enfant, la lente déliquescence des terres. Atteinte d’une tumeur au cerveau, elle y revient en quête des souvenirs de son père.

Une nouvelle inéluctable qui parle de mémoire et de nostalgie d’un temps révolu, de la fin d’un monde et de la mort. Rien n’est éternel sauf le contenu des mnemocams stockées à tout jamais sur les serveurs de data centers quelconques.

C’est vous Sannata3159 ?, Vandana Singh

Jinghur vit dans les Bas-Fonds. Sa mère et sa sœur travaillent au nouvel abattoir et en sortent enchantées. Ce qui ne manque pas de mettre la puce à l’oreille de Jinghur, mais bon lui aussi il aime à manger son quota de viande hebdomadaire. Suite à une conversation très étrange avec sa sœur, il se décide à se faire engager dans l’entreprise. Personne ne l’avait préparé à ce qu’il va voir. Le lecteur non plus d’ailleurs.

En s’attaquant à des thématiques très similaires à Cadavre exquis (mes impressions), Vandana Singh réussit là où  Agustina Bazterrica échoue : être subtile et émouvante, en évitant le racolage tout en nous confrontant à une fin d’une noirceur épouvantable.

Traduit de l’anglais par Jean-Daniel Brèque. Titre original : Are you Sannata3159 ? 2010.

A la recherche du Slan perdu, Michel Pagel

Longtemps, je me suis coupé du bonheur.

Un pastiche Proust/van Vogt aussi incongru que très réussi.

Le narrateur qui, enfant, a assisté à l’exécution d’une famille slan proche de ses parents va passer son existence à essayer de retrouver le garçon qui, pour lui, n’est pas mort puisqu’il ne se souvient pas d’avoir vu le cadavre. Un texte qui se révèle à la fois émouvant par son sujet et drôle par sa réalisation.

Un bel ensemble de 5 nouvelles de la classique nouvelle à chute (Le village enchanté, A.E. van Vogt) au pastiche savoureux (A la recherche du slan perdu, Michel Pagel) en passant par trois textes très sombres (Plaine-guerre, Thierry Di Rollo ; Le dernier verrou de Sveta Koslova, Franck Ferric ; C’est vous Sannata3159 ?, Vandana Singh) qui laissent abasourdi.

Informations éditoriales

Revue publiée en mai 2020 par les éditions Le Bélial’. Illustration de couverture par Célia Teboul. 192 pages à la densité d’une étoile à neutrons.

Pour aller plus loin

Des nouvelles de Bifrost #97: mes impressions.
D’autres avis : Quoi de neuf sur ma pile ?, L’épaule d’Orion (A la recherche du Slan perdu), RSF Blog (pour les nouvelles), 233°C ( Plaine Guerre) ou signalez-vous en commentaire.

The maki project

9 commentaires sur « Des nouvelles de Bifrost #98 | A.E. van Vogt, Thierry Di Rollo, Franck Ferric, Vandana Singh, Michel Pagel »

  1. Une fournée d’aussi grande qualité que la couverture donc. C’est beau un tel sans-faute. Les directeurs de cette revue n’ont pas l’air mauvais, ils devraient penser à ouvrir une maison d’édition.

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  2. Génial. J’ai décidé de l’acheter pour en savoir plus l’auteur à cause d’un podcast, comme je t’ai dit, mais je suis ravie de voir que les nouvelles sont bien aussi. Je sens que je vais passer un bon moment avec Vandana Singh **rire nerveux**.

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    1. C’est à mon avis pas le meilleur Bifrost, ils disent souvent que van Vogt a mal vieilli. C’est à se demander s’il n’y avait pas mieux à faire comme numéro mais bon comme d’habitude il y a des tas de choses intéressantes qui sont dites. Et les nouvelles sont très bien.

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  3. Je ne lis pas assez de Bifrost… en fait je n’en lis pas :-/ Pourtant ça a quand même l’air très bien ! Mais psychologiquement j’ai du mal à me décider à lire une revue à la place d’un bouquin…

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    1. Haha je comprends, j’ai mis le holà sur les revues à cause de ça (le pour la science par exemple, qui est passionnant mais j’achète plus que les HS parce que j’arrivais pas à suivre).

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