Le maître du haut-château | la série télé

Le maitre du haut chateau série télé

Impressions.

Le maître du Haut-Château est une série uchronique, produite entre autre par Ridley Scott et et diffusée sur Amazon Prime. Elle est l’adaptation du roman éponyme écrit par Philip K. Dick et publié en 1962 qui imagine un monde où les Nazis auraient détruit Washington avec une bombe atomique et envahi les Etats-Unis. De San Francisco à New York en passant par Berlin et Canon City, je vous parle de cette série en 4 saisons de 10 épisodes…

Refaire l’Histoire

Cette chronique ne comparera pas le livre et la série. Pour la bonne et simple raison que je n’ai pas lu le livre. Après avoir vu la série, je suis bien évidemment plus que déterminée à réparer ce manquement, histoire de voir les différences entre les 2. Elles sont forcément nombreuses, Dick a rarement été adapté littéralement, à mon avis surtout parce que chez Dick ce sont les idées qui sont fortes pas les personnages. Or le cinéma et encore plus les séries peut plus difficilement s’affranchir de ce petit détail.

Mais je parlerai des personnages un peu plus tard. Commençons par le background politico-historique.  Je vous résume les enjeux du début de la série :

  • Après que Washington est tombé suite à une bombe nucléaire lancée par les Nazis, les US ont rapidement capitulé.
  • Le pays a ainsi été divisé en trois zones : les états nazis, de la côte est  aux montagnes rocheuses ; les états nippons de la côté ouest aux montagnes rocheuses dans l’autre sens ; au centre, la zone neutre, qui sert de tampon entre les 2 puissances et de refuge à tout un tas de réfugiés et d’opposants qui fuient le régime nazi et l’empire japonais.
  • l’histoire commence en 1962 alors qu’Hitler est malade et que commence à se poser la question de ce qu’il adviendra du Reich de 1000 ans à sa mort.
le maître du haut chateau carte
source: Wikipedia

Nous sommes aux Etats-Unis et nous allons suivre ce qui se passe des 2 côtés de la barrière des Rocheuses ainsi qu’en zone neutre, avec différents personnages qui vont se croiser, s’entre-croiser et avoir chacun leurs enjeux propres. Si j’ai trouvé le background politique très fouillé, très consistant, très réaliste et avec une grosse envie de savoir comment tout cela va évoluer, il faut avouer que ce qui m’a le plus ébouriffé dans cette série ce sont les personnages…

Des personnages nuancés

Au début de la série, j’étais un peu gênée par les personnages. Ils avaient tendance à avoir des réactions un peu faciles, dans le sens où on a davantage l’impression qu’ils prennent telle décision parce qu’il faut faire aller le scénario dans telle direction plutôt que pour des raisons intrinsèques à leur personnalité ou leur histoire. Le fait est qu’il y a bien un enjeu plus que narratif là-dedans : les décisions qu’ils prennent les construisent. Ils commettent de monumentales erreurs et doivent en subir les conséquences. Ça pose la question du libre arbitre vs le déterminisme qui est très importante vu la tournure que prend la série par la suite.

le maître du haut chateau Juliana Crain

Le personnage phare de ce type de décision où on est toujours en train de se demander si elle a pris la bonne décision est Juliana Crain. Je vous jure, elle m’a plusieurs fois fait bondir sur mon canapé en mode « Whaaaat !!! ». En fait ses décisions aussi dingues qu’elles paraissent sont souvent le fruit d’un acculement qui fait qu’elle n’a pas le choix. Mais ça reste sa prise de décision.

Une des autres grands qualités des personnages de cette série est leur non manichéisme. Evidemment on parle de nazisme et de totalitarisme et il est tentant de simplement glisser les personnages en bon ou méchant en fonction de leur camp. Dans les faits c’est beaucoup plus compliqué que ça. Certains perso de la résistance sont détestables quand d’autres du côté des méchants se révèlent étrangement touchants.

Reichsführer John Smith

Prenons l’exemple du Reichsführer John Smith, un Américain à fond dans le trip nazi. Il se passe un truc avec son fils qui est le summum du tragique. Au bout de la S2 le truc en question semble atteindre son paroxysme, m’ayant complètement suffoquée. En fait dans le premier épisode de la S3 c’est encore pire. J’ai fini en larmes sur mon canapé. A ce stade on pourrait croire que l’arc narratif avec le fils est terminé et on passe à autre chose. Pas du tout. Toutes les décisions de John Smith et de sa femme Helen sont hantées par cette histoire et en découle, les amenant progressivement à prendre des directions différentes, alors qu’ils ont été un couple extrêmement soudé jusqu’ici.

Le personnage de Joe Blake est plus difficile à cerner, montrant aussi la grande nuance des personnages. La question de ses origines est essentielle dans la série et cohérent avec le fait qu’on n’arrive pas à comprendre ses intentions.

D’autres personnages auront droit à un background pour expliquer leurs motivations et ce qu’ils sont. Mention spéciale pour le personnage de Nobusuke Tagomi, le ministre japonais du Commerce mais c’est vraiment loin d’être le seul !

Le ciné-club  du maître du haut-château

Le point de départ de la série est que Juliana se retrouve avec un film entre les mains. Ce film a la particularité de montrer des images d’archives d’une Amérique qui n’existe pas : celle où les Nazis et les Japonais ont été défaits. C’est ce qui va motiver toute la quête de Juliana ce dans le but de comprendre dans quoi sa sœur, qui avait rejoint la résistance, s’est embarquée.

J’ai trouvé cette partie de la narration moins convaincante, mais je pense qu’il est difficile de trouver une explication satisfaisante pour le phénomène qui se cache derrière. Mais de ce fait la 4ème saison m’a parue parfois tirée par les cheveux et surtout se résoudre très rapidement, un peu à l’emporte-pièce. La fin ouverte ne m’a pas parue extraordinaire avec le reste mais ouvre un panel de réflexion pour l’avenir de ce monde. Je suis un peu mitigée mais pas déçue, cette série vaut vraiment le coup. L’histoire dans cet univers est mieux que toutes les réponses que l’on peut avoir ou pas sur les raisons de cet univers. Je reste très curieuse de lire comment Dick a conclu son roman.

le maitre du haut chateau new york nazi

Le maître du haut château est une série télé qui propose un panel de personnages dont les enjeux intimement liés à leurs prises de décisions sont passionnants. Si la dernière saison peut laisser une impression plus faiblarde sur le fil rouge des films d’archive, la série dans son ensemble propose un background politico-historique très réaliste et cohérent. 

Informations éditoriales

The man in the high castle est une série Amazon Prime. 4 saisons de 10 épisodes. 1 épisode dure de 48 à 70 minutes. A la production, on trouve Ridley Scott, Frank Spotnitz, Christian Baute, Isa Dick Hackett, Stewart Mackinnon, Christopher Tricarico.

Pour aller plus loin

‘Edelweiss’: An American Song for Global Dystopia, un article en anglais qui décrypte les raisons du pourquoi et du comment du générique de début, la chanson Edelweiss, mieux connue pour être une chanson extrêmement importante dans le film La mélodie du bonheur.
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25 commentaires sur « Le maître du haut-château | la série télé »

  1. ils n’ont pas gagné depuis un peu plus de 3 ans ??

    Ce type de scénario uchronique étant un classique…jusque dans les wargames et jeux de rôle, il fallait bien qu’une série s’en préoccupe enfin. Curieux que ça sorte en ce moment, non ? A la lecture de synopsis, je m’interrogeais sur le chemin que prendrait la série, notamment en terme de personnage. On aurait pu avoir droit à une sorte de remake de V…Pas loin, à ce que j’en lis. En tout cas, pas suffisant pour que je sombre dans le streaming amazon prime :p

    (rendez moi des films corrects au cinéma, siouplait…)

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    1. La série est vraiment portée par ses personnages en tout cas ^^
      Oui un peu pareil pour le cinéma encore que je trouve pas ça si pire que ça, en tout cas je n’y vais pas moins que l’an dernier à la même période (il y a toujours moins de films intéressants en juillet/aout) mais c’est vrai que ça manque un peu d’une vraie bonne sortie du genre de Tenet.

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  2. Génial. Ça a l’air super et tout à fait à la hauteur de Dick (pas que j’aie lu ce bouquin-là, en fait, mais de ce que j’en ai lu). Pfff si seulement je regardais des séries. 🙃

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    1. Haha j’ai renoncé à lire le livre en premier : j’arrive davantage à être à jour sur les séries que sur les livres. Mais je lirai le livre un jour c’est sûr !

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  3. Bon du coup moi j’approche de la saison 1 et ça s’arrange un peu niveau « levage d’yeux au ciel parce que décisions débiles ».
    J’ai vraiment eu du mal aussi avec la mise en scène très dramatisante de certaines morts.

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    1. Je pense qu’il faut accepter que ces gens prennent de terriblement mauvaises décisions, en particulier dans la saison 1. Quand on apprend à les connaitre on comprend mieux ce qui les motive.
      Ha ? Ca m’a pas du tout choquée. Là de la saison 1 je me souviens d’une mort en particulier, celle qui déclenche tout en quelque sorte et je l’ai pas trouvée overdramatisée. Bon j’ai plus trop en tête de toute façon, déjà les saisons plus récentes ont un peu effacés les plus anciennes et mine de rien, mon visionnage date un petit peu.

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  4. Ah, c’est malin d’avoir mis un film qui parle d’une histoire alternative à la place d’un livre comme dans la version originelle. Ça parle du Yi-King aussi ou pas ? (ouais, je balance mes souvenirs du livre comme ça, paf, pour une fois que je me souviens de quelque chose)
    Je suis toujours moyennement chaud, mais peut-être un jour. Je note en tout cas de ne pas trop tenir rigueur aux premiers épisodes.

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    1. Ha tiens c’est un livre dans le livre ? C’est en effet génial la transposition surtout qu’on en voit le contenu dans la série, ça aurait pas du tout fait le même effet s’ils avaient gardé un livre.
      Le Y-King est mentionné et y a tout un truc avec des bâtonnets utilisés par le ministre du commerce mais j’avoue ne pas avoir cherché à me renseigner d’où ça provenait. Enfin y a en tout cas une utilisation d’une forme de spiritualité japonaise.

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  5. Ah tu me donnes envie d’y retourner ! J’avais adoré les 3 premières saisons, mais j’ai arrêté au début de la 4e parce que je n’arrivais pas à renter dedans, je m’ennuyais.

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    1. la 4ème est celle qui m’a le moins plue. Mais c’est vrai que c’est dommage de rester sans conclusion, au moins sur les arcs narratifs des personnages.

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  6. Je garde un souvenir assez inégal du livre, pas sûre d’avoir le courage de regarder la série même si y’a l’air d’avoir des choses intéressantes dedans ^^

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  7. A chaque fois que j’ouvre ma liseuse, je vois le titre et je ne sais pas pourquoi, je pense Miyazaki :p Bref, s’il est dans ma PAL numérique c’est que quelque chose me l’a fait y mettre et du coup, de lire ton avis sur la série, m’incline à me dire que je devrais le lire avant de me la visionner (parce que ton billet est convaincant)

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