Planète à louer est un roman écrit par Yoss, un auteur cubain, en 2002. Mnémos a publié le livre en français en 2011. Il a ensuite été publié en poche dans la collection Hélios des Indés de l’Imaginaire, en 2018. Planète à louer nous parle d’une Terre sans avenir contrôlée par les xénoïdes et dont les différents protagonistes vont à tout prix tenter de trouver une porte de sortie. Suivez votre agente immobilière dévouée pour la visite…
Vision d’ensemble
La Terre. Dans le futur. Sur le point d’imploser sous ses conflits, la Terre est mise sous tutelle par les extraterrestres. Ils en font une planète touristique, visitée depuis les 4 coins de la galaxies par toutes sortes de xénoïdes. Les humains n’ont pas grand chose à dire et subissent leur condition .
Yoss nous propose de suivre le parcours de différents protagonistes dans un roman qui ressemble vachement à un fixup : 7 textes mettant en scène un personnage principal différent, 7 histoires qui peuvent se lire de façon indépendante mais qui sont étroitement imbriquées les unes dans les autres au travers des différents personnages, un peu à la façon de la théorie des six degrés de séparation.
Ces 7 histoires sont entrecoupées de 7 préambules de quelques pages qui vont présenter un aspect de ce futur. Cela va de la gestion du tigre de Sibérie au fonctionnement du parlement humain (de pacotille, bien évidemment). L’ensemble montre la construction d’un background solide qui propose des concepts et des technologies intéressantes et qui sont bien exploités dans les textes.
L’intention de l’auteur est de faire un parallèle entre la situation de Cuba dans les années 90 et cette Terre du XXIème siècle. Il ne s’en cache pas, il le dit dans sa préface. Bon, je connais très mal la situation de Cuba dans les années 90 alors je ne vais pas l’évoquer ici. Par contre, je trouve que ce roman traite plutôt bien de la notion de libre arbitre et d’espoir dans l’avenir. A cause de leur irresponsabilité, ils n’ont pas été jugés dignes de faire partie de la population interplanétaire dite intelligente et se retrouvent relégués en citoyens de seconde zone, toujours à quémander des autorisations pour ceci ou cela, les populations vivant dans une pauvreté affligeante et sans aucun espoir de rédemption puisqu’il n’est même pas de question de conditions qui pourraient les libérer de leur joug. Dans de telles circonstances, quel espoir possible dans l’avenir ?
Les 7 récits
- La travailleuse sociale. Buca est travailleuse sociale. Comprendre : prostituée. Elle a trouvé une porte de sortie pour quitter la Terre grâce à un riche client xénoïde. Le récit est à la troisième personne mais on est tout le temps dans sa tête. En suivant ses pas dans l’astroport qui va l’extraire de la gangue terrestres, on en apprend beaucoup sur cet univers mais surtout sur elle et les conditions de son départ.
- Le spectacle de la mort. Moy est un artiste renommé auprès des xénoïdes. Il est en tournée sur Ningando une planète du système de Tau Ceti avec son agent, ToiGrandeBrute (c’est le petit nom que Moye lui a trouvé, l’original étant imprononçable pour une bouche humaine). C’est l’histoire d’une amitié un peu particulière entre cet humain et ce Colossien. Contient une scène assez dingue qui fonctionne super bien mais qui est hyper trash.
- L’équipe championne. Récit à la première personne du capitaine de l’équipe humaine de Voxl, une sorte de quidditch où le Vif d’Or serait « une concentration sphérique de champs de force » et auquel les joueurs jouent, non pas juchés sur un balai mais en gravité réduite. Ils jouent un match contre une équipe de xénoïdes. Une victoire leur permettrait d’entrer dans la ligue interplanétaire de Voxl. Récit enlevé d’un match d’un sport imaginaire doublé du beau portrait d’une équipe composés d’individus hauts en couleurs.
- Les règles du jeu. Un vieux sergent fait la leçon à une jeune recrue sur le fonctionnement de la Sécurité Planétaire, une police à la botte des institutions xénoïdes. Une leçon pratique qui montre toute la différence entre les règles et leur application en dépendance à 2 facteurs 1/maintenir un certain équilibre entre les différentes strates humaines en présence 2/ arrondir ses fins de mois car le salaire n’est clairement pas à la hauteur de la tâche.
- L’entretien d’aptitude. L’entretien quelque peu surprenant d’un scientifique de génie cherchant à quitter la Terre en demandant la citoyenneté aux Cétiens. Comment va-t-il arriver à faire passer sa demande alors que les Cétiens sont 1000 fois plus avancés technologiquement que les humains ?
- Le tunnel de fuite. Trois laissés pour compte décident de construire un vaisseau spatial fait de bric et de broc pour fuir la Terre et de s’en remettre à la chance quant à leur destination. Leur mission est TRES incertaine mais ils sont déterminés. Vont-ils y arriver ?
- La carte Platine. Un Colossien se met de tête de sortir une gamine de la fange où elle grandit. Il la prend sous son aile et lui donne une carte Platine avec laquelle elle peut s’acheter ce qu’elle veut. Pourquoi fait-il ça ? Ses intentions sont-elles bienveillantes ? Qui est-il ? Qui est-elle ?
Planète à louer est un roman proposant 7 récits indépendants mais intriqués qui présentent un avenir sombre pour notre planète. Les humains étant jugés irresponsables, la Terre est mise sous tutelle xénoïde et transformé en un site touristique pour extraterrestre aisés. Un pitch qui permet de questionner le libre arbitre et l’espoir en l’avenir en faisant un parallèle avec la situation de Cuba dans les années 90. Un background solide, des récits prenants, voire poignants, un format original, le roman de Yoss est une vraie réussite.
Informations éditoriales
Roman écrit par Yoss. Publié en français chez Mnémos en 2011. La présente édition est l’édition poche dans la collection Hélios des Indés de l’Imaginaire datant de 2018. Publié initialement en 2002. Traduit de l’espagnol (Cuba) par Sylvie Miller. Titre original : Se alquile un planeta. Préface de l’auteur. Pas d’info sur la conception de la couverture. 320 pages.
Pour aller plus loin
Prix Julia Verlanger 2011.
D’autres avis : RSF Blog, Le chien critique, Les lectures de Xapur, Les pipelettes en parlent, 233°C, Fourbis & Têtologie, Quoi de neuf sur ma pile, Reflets de mes lectures, ou signalez-vous en commentaire.
Je le découvre grâce à toi et ça m’a l’air très intéressant. Merci pour ce tour du propriétaire !
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Cool ! J’espère que tu le liras ^^
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Trop contente que tu aies aimé ! C’est un roman qui m’avait beaucoup ému 😊.
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🙂
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Ravi aussi que tu aies apprécié. C’est vraiment bon à tous les niveaux, le fond et la forme, les fonds et les formes même.
Deux ans que je l’ai lu et j’en revois des images assez précises en te lisant, c’est un nouvel exemple de l’effet qu’il a pu me faire. ^^
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Oui c’est clairement un roman multiforme ^^
Oui, j’ai cru comprendre que c’était un livre important pour toi 🙂
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Je trouve le parallèle intéressant effectivement avec ce lien qui unités les 3 récits. Ca peut aussi se décliner ailleurs, mais je ne peut m’empêcher de chercher derrière l’aspect politique, une possibilité uchronique. Sans crise des missiles,sans blocus,que serait devenue Cuba ? Je visualise à peu près bien la situation des annnes 90-2000 par d’autres témoignages mais justement,elle a des causes racines fortes qui ne sont pad qu’une forme de gouvernement.
sauf que là , on entre dans un tout autre debat moins science et moins fiction.
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J’ai un peu du mal à suivre ton cheminement de pensée, mais assurément ce serait intéressant une telle uchronie. Ici on n’est pas dans cet optique-là, Cuba n’est d’ailleurs mentionné que dans la préface, il s’agit d’une métaphore.
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je l’ai dans ma PAL et j’en suis ravie après ta chronique.
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Par-fait !
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Merci pour cette découverte ce texte (enfin ces du coup) a l’air passionnant !
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Tout à fait passionnant ^^
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Un auteur trop rare, et un bon livre.
(Et merci pour le lien)
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C’est vrai qu’on n’en entend plus jamais parler 🤷♀️(de rien)
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Il m’avait profondément marqué. Dommage qu’on n’ait pas plus d’écrits de l’auteur !
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Très juste, il a l’air d’écrire assez peu.
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J’en garde un excellent souvenir aussi. Merci pour le lien
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De rien ^^
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Intéressant! J’avais totalement oublié le billet de Baroona (et pas lu les autres, qui sont plus anciens), donc c’est comme une découverte. Un truc à lire en espagnol, trop bien!
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Ha mais totalement ! Je trouve qu’il y a pas mal de signes concomitants pour te faire lire en Espagnol, entre ça et Des larmes sous la pluie 👌
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Wahou merci pour la découverte, le pitch est vraiment hyper intriguant !
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avec plaisir 🙂 C’est un très chouette livre.
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Les avis ont l’air bien. On est loin des romans avec les clichés sur Cuba et je verrai ,en plus en poche ça vaut le coup.
Et le chat (très beau chat) nous le présente très sérieusement 🙂
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L’auteur est cubain ce serait dommage 😀 Ca vaut totalement le coup ^^
(elle fait genre, c’est une poseuse)
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Merci pour la visite ! Il me semble que je l’ai eu une éternité en PAL avant de finir par l’en retirer, c’était peut-être bien une erreur….
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Auteur antillais, à garder en tête pour peut-être une prochaine participation à un certain challenge ^^
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Sans vouloir semer l’urgence en toi : le dit challenge se finit dans 3 semaines.
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Je crois qu’il a erré dans ma wishlist avant d’en sortir ce roman, mais ton avis me donne envie de l’y remettre ^^
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