L’autobiographie de l’agent très spécial Dale Cooper | Avant Twin Peaks

L'autobiographie de l'agent très spécial Dale Cooper  scott frost


L’autobiographie de l’agent très spécial Dale Cooper est un roman écrit par Scott Frost sous la forme d’un journal intime audiophonique. Il raconte la vie de l’agent du FBI Dale Cooper avant l’affaire de Twin Peaks, de la série éponyme. Je vous emmène dans le passé du meilleur agent du FBI de l’histoire de la télévision, suivez-moi ça va être chouette.

Remise en contexte

L’autobiographie de l’agent très spécial Dale Cooper : ma vie mes enregistrements. (merci le nom à rallonge, je sens que je vais m’amuser pour cette chronique) a été publié en 1991 pendant la diffusion de la saison 2 de Twin Peaks. Il est paru en français chez Presses Pocket la même année, mais est beaucoup moins connu que son homologue sur Laura Palmer.

Fait notable : il a été écrit par Scott Frost, le frère de Mark Frost qui a co-créé la série avec David Lynch, dont c’est la fille qui a écrit Le journal secret de Laura Palmer. Twin Peaks une affaire de famille ? C’est le genre de contingence que je trouve rigolote.

L’agent Dale Cooper est en effet très spécial et très cher à mon cœur. Enquêteur en charge de la résolution du meurtre de Laura Palmer dans la petite ville pas si tranquille de Twin Peaks, Washington, il charme par son efficacité, son absence de jugement des habitants étranges de cette ville qui ne l’est pas moins et sa passion pour le café et la tarte aux cerises.

Tout au long de son investigation, il enregistre ses pensées, ses hypothèses et autres banalités sur un magnéto en s’adressant à une mystérieuse Diane, que l’on pourra voir dans la saison 3 de la série. Ce roman permet de connaitre l’origine de cette curieuse manie.

Un journal intime atypique pour un personnage atypique

L’autobiographie de l’agent très spécial Dale Cooper est donc une sorte de journal intime du policier qui a la particularité d’être enregistré sur un magnétophone qu’il reçoit au Noël de ses 13 ans. Ce ne sera bien évidemment pas le même magnéto tout au long de sa vie. On le suit depuis ce fameux Noël, le 25 décembre 1967 jusqu’à l’annonce du meurtre et son départ pour Twin Peaks, le 24 février 1989. Certaines coupures ont cependant lieu : des bandes perdues, des entrées censurées ou simplement Dale qui n’a rien enregistré pendant de longues périodes de temps.

Un, deux, trois, vous m’entendez ?
C’est moi Dale Cooper, âgé de treize ans, demeurant qu 1127 Hillcrest Avenue à Philadelphie, en Pennsylvanie. J’habite une maison verte avec une marquise en alluminium jaune que papa a achetée chez Sears pour empêcher la couleur du tissu du sofa de passer au soleil.
[début de la première entrée du journal enregistré de Dale Cooper]

D’emblée l’atypie du personnage, son souci de la précision sautent aux yeux. Son décalage avec le monde environnant peut causer des situations marrantes, mais pas dans le sens de se moquer. C’est hyper touchant et le personnage est très attachant. Par exemple, il envoie une lettre à Hoover (le patron du FBI jusqu’en 1972) lui faisant part de son intense désir d’entrer au FBI tout en lui avouant qu’il s’est fait pincer dans un tuyau de ventilation en train d’espionner le cours d’éducation sexuelle des filles (« mon but était purement scientifique »).

Le début du texte est ainsi assez léger. Il fait beaucoup sourire. Il a une forme de naïveté émerveillée dans son regard sur le monde. Un étonnement très premier degré et en même temps une forme de gravité face à certains évènements plus sombres qui parcourent sa vie et dans ses questionnements sur le Mal absolu.

Je crains qu’il n’y ait les mêmes forces au travail ici qu’à Haverford. Je ne l’ai jamais dit à personne. Le Bureau ne peut officiellement admettre le mal existe comme une entité complètement indépendante de notre compréhension.

Dale Cooper parle aussi abondamment de la période Windom Earle et sa femme, une période très sombre de sa vie, qui reste très mystérieuse dans la série. Je n’ai plus suffisamment la série en tête pour me rappeler ce qu’on y raconte exactement à ce sujet mais L’autobiographie […] remet bien les choses en place et raconte l’histoire du début à sa fin. C’est la partie la moins anecdotique du livre allant directement toucher à des évènements importants pour la série.

Ce qui est chouette aussi c’est que ses entrées de magnétophone sont empreintes de son époque vue au travers des yeux d’un jeu ado, comme le premier pas sur la Lune ou la mouvance hippie. On apprendra aussi comment est née sa passion pour la tarte aux cerises et le café et comment il en est venu à s’adresser à Diane.

Je suis au restaurant Post and Bean sur la route 487. Je ne sais comment décrire le goût d’une tarte aux cerises chaude dans la bouche d’un voyageur trempé et fatigué. J’ai aussi bu ma toute première tasse de café, puis ma seconde. Les pieds me picotent et me démangent. J’ai envie de me mettre à courir à toute allure en hurlant comme un Indien. Je pense que je vais considérer ceci comme ma première expérience.
[Dale Cooper a choisi de revenir tout seul d’un camp scout, une sorte d’aventure]

La partie « journal intime » est entrecoupée d’interludes écrits par des personnes qui ont connu Dale Cooper à l’époque dont il est question. Par exemple son meilleur ami d’enfance pour ses années lycée ou un copain de fac lorsqu’il est à l’université.

Quand lire L’autobiographie de Dale Cooper ?

Si vous n’avez pas vu la série, le roman peut faire une histoire divertissante à lire, je ne pense pas qu’il faille en attendre plus. C’est très facile à lire, le personnage est attachant mais bon sa vie reste tout de même un gruyère à trous, vous risquez d’avoir un sentiment de trop peu. Après, ça peut donner envie de se lancer dans la série.

Je conseillerais plutôt de regarder la série, en tout cas les deux premières saisons avant de découvrir ce texte.

Si vous avez déjà vu la série, lire l’autobiographie de notre agent préféré n’est pas indispensable mais n’est pas dispensable pour autant. Si vous êtes fan de la série, cela vous parlera certainement. Je ne l’ai pas fait cette fois mais je l’ai regretté, je ne peux que vous conseiller la lecture pendant que vous la renvoyez ou après. C’est ce que j’avais fait pour le journal de Laura Palmer et j’avais trouvé ça très chouette, car on repère tous les clins d’œil.

L’autobiographie de l’agent très spécial Dale Cooper raconte la vie de notre agent du FBI préféré de son adolescence à l’avant Twin Peaks, en passant par l’affaire Windom Earle. On y retrouve le personnage de la série, dans son étonnement naïf et sans jugement des faits et des gens et dans ses interrogations sur la nature absolue du Mal. Certains mystères plus anecdotiques y sont aussi révélés : comment Dale Cooper est-il devenu accro au café ? Qui est Diane ? Pourquoi un journal sur magnétophone ? A réserver aux fans ou pour accompagner sa découverte de la série.

Informations éditoriales

Roman écrit par Scott Forst. Publié pour la première fois en 1991. 2016 pour la présente édition chez Michel Lafon. Traduit de l’anglais par Annick Bauduin. Titre original : The autobiography of FBI special agent Dale Cooper : my life, my tapes. 284 pages.

Pour aller plus loin

Ma chronique du Journal secret de Laura Palmer de Jennifer Lynch
Mes brèves impressions sur les 2 premières saisons de la série Twin Peaks.
D’autres avis : , ou signalez-vous en commentaire.

18 commentaires sur « L’autobiographie de l’agent très spécial Dale Cooper | Avant Twin Peaks »

  1. Je n’ai jamais vu « Twin Peaks » donc je ne le lirai certainement jamais, mais ce Dale Cooper a l’air fort sympathique !
    C’est dingue cette histoire de traducteur. C’est l’éditeur qui le dit à l’intérieur ?

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    1. Il est très attachant ^^
      Je crois me rappeler que tu as fait une remarque similaire sur le Journal de Laura Palmer (qui avait le même problème) Oui sur une page l’éditeur signale qu’il cherche les ayant droits. Le livre date du début des années 90, ce que je me dis c’est que tout cela devait être bien moins informatisé et le process de trad a visiblement été particulier vu que s’ils ne retrouvent pas le traducteurice c’est qu’iel ne devait pas être crédité dans l’édition originale. Je trouve ça rigolo que ça arrive sur ce genre de livre, ça ajoute au mystère ^^

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      1. *va vérifier s’il a radoté*
        Même pas ! (Mais ça aurait clairement pu être possible. ^^) C’est fou de ne pas avoir crédité le traducteurice à l’époque quand même. Mais effectivement, c’est un mystère thématique. Peut-être ont-ils trouvé un magnétophone anonyme où la traduction était enregistrée ? 🤯 🙈

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  2. C’est marrant cet univers « méta » autour de Twin Peaks. Je n’imaginais pas cette série s’y prêter, mais comme je ne l’ai jamais vue, je ne sais pas qu’est-ce qui me faisait penser ça.
    Étrange, cette histoire de traduction, en effet.

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    1. Ce qui est encore plus étrange, c’est que Decitre sait à qui créditer la traduction: Annick Bauduin. Ouest France a un faire-part de décès au même nom, donc peut-être que « chercher les ayants-droits » signifie « chercher à qui donner les droits maintenant que la personne est morte ». Mais ça n’empêche pas de citer la personne. 🤔

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      1. Ha mais en fait, en effet la traductrice est citée dans celui sur Dale Cooper, pas dans celui sur Laura Palmer (ce n’est apparemment pas la même personne puisque sur decitre sur Laura Palmer ils ne mentionnent pas de traducteur). Quand j’ai vu le message j’ai pensé au même souci qu’avec Laura Palmer, j’ai pas cherché plus loin. Je rectifie ça alors.

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    2. Je serais intéressée d’en savoir plus historiquement sur cette série, pour voir comment ça a mené à ça. Twin Peaks était un phénomène, je pense, on était juste trop jeune pour y prendre part. C’est la toute première série de qualité cinématographique qui a été créé, avec un réalisateur venant du cinéma à sa tête. Je pense qu’il doit y avoir de ça. En plus à l’époque les novélisations de films n’étaient pas rare. J’en avais lue une des Goonies quand j’étais gamine XD On ne fait plus ça de nos jours, mais du coup à l’époque sortir des livres « méta » ne devait pas paraitre si saugrenu pour une série phénomène.

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      1. Oui tu as raison. Des années plus tard (mais on va dire que c’était toujours la fin du siècle et que ça constituait une époque un minimum uniforme pour les besoins du présent commentaire 😄), je me souviens de multiples romans Buffy disponibles dans la librairie du coin (bon ok, c’est une série, par un film…) et j’a moi-même eu (et j’ai encore!) la novélisation de Cœur de dragon. À noter que la série Stranger Things a surfé sur le « revival » des années 80 à fond, car il y a des romans en ce moment…

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        1. En fait ta mention de Stranger Things me fait prendre conscience qu’on n’a jamais arrêté de faire ça, même si on a laissé tomber les novelisations au profit des histoires parallèles et autres spin off: tu as tous les romans Star Wars, il y a aussi plein de comics dérivés de séries comme Avatar ou Buffy justement. Mais ces produits sont en général américain, je pense que pour que ça se fasse faut que la série ait eu un très grand succès. Peut-être qu’avant ça se faisait juste plus facilement.

          De nos jours, il y en a même sur les jeux vidéo avec Mass Effect et Assassin’s Creed par exemple.

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  3. Voir le film m’aura permis de mettre une tête sur le nom de ce fameux agent.
    Et réalisé que c’est un acteur que je connaissais pour l’avoir vu dans pas mal de films et séries en fait ^^

    Pour autant, je ne pense pas me pencher sur cet audio journal intime 🙂

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  4. La série est désormais trop loin pour que ça vaille la peine que je le lise (déjà le journal de Laura Palmer j’ai eu du mal) mais c’est le genre de texte que j’aurais adoré lire en parallèle de mon visionnage en effet ^^

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