Dans les profondeurs du temps | Embrasser l’espace de ses tentacules

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Dans les profondeurs du temps est un roman écrit par Adrian Tchaikovsky et publié en français chez Denoël Lunes d’Encre en juin 2021. Il est la suite de Dans la toile du temps. Il a été traduit de l’anglais par Henry-Luc Planchat. Après les araignées les poulpes ? L’auteur semble avoir un faible pour les bestioles dotées de 8 membres. Voyons ensemble ce qu’il en a fait…

**Si vous n’avez pas lu Dans la toile du temps, je vous enjoins plutôt à en lire ma chronique afin de vous faire une idée du récit. Celle-ci risque de vous dévoiler des éléments d’intrigue issu de ce premier tome.**

Double narration bis repetita

Dans les profondeurs du temps propose deux récits entrecroisés, comme avec le précédent opus, mais cette fois entre passé et présent (enfin dans le futur pour nous, mais vous avez compris 👀) :

  • Le récit du passé raconte comment un équipage de terraformateurs, contemporains d’Avrana Kern, arrive dans un système pour se rendre compte que la planète qu’ils devaient terraformer est déjà occupée. Ils changent alors de plan en se mettant à étudier les étranges organismes de cette planète qu’ils baptisent Nod et en terraforme une autre du même système. Ils la baptisent Damas. Un des membres de l’équipe, Senkovi, est fan de poulpes et se sert du nano-virus du premier bouquin pour les faire évoluer. 
  • Dans le présent, on retrouve nos chères Portidées et les Humains qui, leurs conflits résolus à la fin du tome 1, ont entrepris de collaborer et de poursuivre ensemble leur rêve des étoiles. La Kern numérique est toujours là, en super IA.

Ainsi naquit un nouvel âge d’or et les humains ne furent plus seulement humains mais devinrent des Humains, ce qui est beaucoup mieux.

On s’en doute, il s’agit à un moment donné de faire se rencontrer les deux histoires. Comme dans le tome 1 donc. Mais en même temps c’est sérieusement complexifié. Entre les humains, les araignées, les poulpes, les organismes de Nod, un parasite chelou, beaucoup de monde s’invite à la fête. Parfois je me suis un peu perdue dans les méandres narratives. Heureusement, Tchaikovky à l’heur de savoir ce qu’il fait, donc il suffit de suivre le mouvement.

Nous partons pour une grande aventure.

Tout est une question de communication

A nouveau, l’auteur prend brillamment en main l’essence des octopodes en les faisant évoluer vers des entités intelligentes. C’est encore plus compliqué qu’avec les araignées ! Elles sont présentées comme des créatures fantasques, lunatiques, s’exprimant par des émotions qui changent la couleur de leur corps. Elles cultivent le doute et changent d’avis comme de chemise, j’adore ! Elles sont aussi très curieuses et créatives imaginant des solutions étonnantes pour les humains à un problème donné. 

La communication est au centre de ce roman : comment tout ce petit monde si différent va faire pour entrer en relation ? Vont-ils se mettre sur la gueule ? Vont-ils arriver à communiquer ? A se mettre d’accord ?

On vient à peine d’arriver et on se comporte de façon grotesque devant les voisins.

Comment l’auteur s’y prend pour nous captiver ? Principalement :

  • Avec des personnages clés dans les différentes factions. On ne s’y attache pas de façon émotionnelle mais par leurs enjeux et leur relation à la narration. je trouve ça très réussi car c’est loin d’être une évidence d’arriver à maintenir l’intérêt. Selon moi, ça tient à une certaine complexité et un grand réalisme de la construction des personnage, y inclus ceux qui ne sont pas humains.
  • En allant chercher l’émotionnel ailleurs :  dans l’étourdissement intellectuel des extrapolations sur nos connaissances biologiques et comportementales actuelles, le sense of wonder de vertigineuses scènes spatiales et l’optimisme impertinent de la compréhension inter-espèces alors qu’on en est encore à se demander comment se comprendre entre nous, aujourd’hui sur Terre.

Nous ne sommes pas obligés d’être quelque chose de vieux, de fatigué […]. Nous pouvons devenir quelque chose de nouveau.

Dans les profondeurs du temps offre aux lecteurices un spectacle à grand budget qui ne lésine ni sur les vertigineuses scènes spatiales, ni sur le casting, ni sur le scénario. Traitant de la lourde thématique des relations inter-espèces avec une inventivité et un réalisme étonnants, Tchaikovsky envoie du lourd dans une effervescence intellectuelle très réjouissante.

Informations éditoriales

Roman écrit par Adrian Tchaikovsky. Deuxième tome du cycle « Dans la toile du temps ». Publié pour la première fois en 2019. 2021 pour la publication française chez Denoël Lunes d’Encre. Traduit de l’anglais par Henry-Luc Planchat. Titre original : Children of Ruin. Illustration de couverture par Alain Brion. 565 pages.

Pour aller plus loin

Mes impressions sur le premier tome Dans la toile du temps.
D’autres avis :  L’épaule d’Orion, Quoi de neuf sur ma pile ?, Les lectures de Xapur, Le culte d’Apophis, La grande bibliothèque d’Anudar, Reflets de mes lectures, Just a word, De l’autre côté des livres, Au pays des cave trolls, Les lectures de Shaya, Les blablas de Tachan, ou signalez-vous en commentaire.

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25 commentaires sur « Dans les profondeurs du temps | Embrasser l’espace de ses tentacules »

  1. « L’auteur semble avoir un faible pour les bestioles dotées de 8 membres » : je mise sur les scorpions pour le troisième tome du coup. On sait combien de volumes sont prévus d’ailleurs ?

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    1. C’est un challenge, des bestioles encore moins sympathiques que les araignées XD
      Ben écoute en fait, j’en sais rien. Paraitrait qu’il a de quoi faire un troisième, mais je ne sais pas s’il l’écrit effectivement et ce tome 2 pourrait s’achever là. Plus que le premier je trouve, qui pouvait s’achever là mais y a quand même une petite frustration face au potentiel devant lequel on est mis.

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  2. Je ne lis pas ta chronique *ferme les yeux en écrivant* car j’ai bien l’intention de lire le 1er d’abord ^^. Mais je suis bien contente de constater que c’est toujours excellent ! 😁 (oui, j’ai jeté un oeil à la conclusion 😅👀)

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  3. Il semble tout aussi passionnant que le tome 1. Toujours très attirée par l’aspect langage et communication développé par Tchaikovsky. Des poulpes! ça je ne m’y serais pas attendue.
    Après une bestiole Terre, une bestiole Mer, une prochaine bestiole Air? (en ce cas, je miserais sur quelque chose s’approchant des abeilles, même si elles n’ont pas 8 pâtes mais leur structure, leur langage est wahou!)

    Avis plus que convaincant même si je l’étais déjà grandement 🙂

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    1. Haa très bonne hypothèse tiens Terre Mer, Air. Il y a sous-terrain aussi, bien que cela paraisse moins évident. C’est vrai pour les abeilles, la danse en 8 de l’abeille tout ça. Sinon il y a les corvidés qui sont des bestioles à l’intelligence étonnante.

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