Le sang de la cité | Plus que l’histoire d’un livreur Deliveroo

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Le sang de la cité est un roman écrit par Guillaume Chamanadjian. Publié en avril 2021 par l’éditeur Aux Forges de Vulcain, il est issu d’un projet éditorial singulier. Arpentons les rues de Gemina en compagnie de Nohamux, commis de l’épicerie Saint Vivant…

Un projet éditorial singulier

Dans le 6/8 du 31 mai 2021 sur la RTBF, le journaliste Michel Dufranne présente le projet derrière La tour de garde : né de l’impossibilité de 2 auteurices à écrire à 4 mains, un cycle composé de 2 trilogies, chacune centrée sur une ville, destinées à se répondre. Gemina pour Capitale Sud avec Guillaume Chamanadjian aux manettes. Dehaven pour Capitale Nord avec Claire Duvivier à l’écriture. Claire Duvivier dont j’avais lu et beaucoup apprécié le premier roman : Un long voyage.

Un tel projet avait de quoi me donner envie de passer outre ma raisonnabilité de ne point trop commencer de séries et d’éviter de me lancer dans des penta-hepta-décalogies interminables avant de savoir où elles se rendent éditorialement. Il faut dire qu’un tel procédé est unique (en tout cas je n’ai jamais lu quelque chose de similaire) et a de quoi attiser la curiosité. 

Une pièce d’argent pour un conte en or.
C’est de cette manière que les histrions et les poètes apostrophent les passants. Il est rare qu’ils obtiennent ainsi plus d’une pièce de cuivre, mais la formulette est pour ainsi dire traditionnelle. Elle existait avant que leur congrégation déambule dans les rues avec un bandeau sur les yeux, avant les maisons. Certains disent avant même la création de la Cité.

Capitale du Sud

Nox est commis pour l’épicerie fine Saint Vivant. Lui et sa sœur ont, enfants, été sauvés du « Souffleur », un roi duc fou qui les retenaient enfermés dans le noir par Servaint, le duc de la maison de la Caouanne. Ils ont été élevés sous sa tutelle. On suit les pas de Nox à travers la Cité qu’il parcourt en long en large et en travers pour aller livrer ses colis, en récit à la première personne. Deux éléments perturbateurs vont animer son quotidien :

  • il reçoit un livre de poèmes dont l’un d’entre eux résonne étrangement en lui ; il entreprend de le décrypter et ce qu’il va découvrir dépasse son entendement.
  • alors qu’il se lance dans un projet pharaonique en mesure de bouleverser l’équilibre politique et économique de la ville, Servaint lui propose de devenir son diplomate-assassin

Avant de commencer notre lecture, on reçoit 2 indices sur l’orientation du roman, de la part de l’auteur : une carte de la cité avec ses quartiers et les Maisons qui les dirigent et une liste des personnages principaux

– C’est vrai, c’était intéressant. Ta manière d’user de la Demoiselle attire inutilement l’attention sur cette pièce. Ca devient un piège pour l’opposant, et il est vrai que je suis tombée dedans en début de partie. Je pense que je peux améliorer cette stratégie.

L’aspect géographique est celui auquel on est confronté en premier. Les échoppes, les noms de rue, les lieux dits sont nombreux, tous nommés et décrits précisément. On découvre une ville à l’architecture foutraque gérée par La Recluse et ses maçons, mais qui contient nombre de lieux non répertoriés. Nox connait la ville par cœur, à force de l’arpenter pour ses livraisons et c’est un atout indéniable surtout quand on sait que les cartes de la ville sont tout au mieux incomplètes voire fausses.

On dit des habitants de la Cité que le sang ne coule pas dans leurs veines, qu’il a été remplacé par le vin.

Game of Thrones citadin

Mais assez rapidement, on va être confronté au second aspect essentiel de ce roman : la politique. D’où la liste de personnages en début de roman. La politique de la cité est archi compliquée, les quartiers sont dirigés par des maisons ducales. Tout ce petit monde ne s’entend pas forcément, il y a des coalitions, des mariages, des alliances et des mésalliances, des conflits et même des meurtres. Une sorte de Game of Thrones citadin, somme toute. Les accointances avec la grande saga littéraire vont vraiment se révéler lors du climax du roman. 

« Joyeux équinoxe, Nox ! »

Le déroulé est lent et très progressif. Il donne une fausse impression que l’on va rester sur un temps long du quotidien avec des transformations qui ne le sont pas moins. C’est pour mieux nous tromper, le rythme s’accélérant parvenu aux 3/4 du roman. J’ai trouvé cela dit cette lenteur de départ plutôt bienvenue, j’ai adoré parcourir la ville avec Nox, martyrisé par sa sœur colérique et moqueuse, entouré d’une vaste panoplie de personnages hauts en couleur.

J’ai été un peu déçue de le voir prendre la route typique des orphelins des sagas de fantasy (cf. Benvenuto de Gagner la guerre ou Fitz de L’assassin royal) alors que « commis de livraison de vins et de gourmandises » tout de même ça envoyait du pâté en terme d’originalité. Mais je suppose qu’il fallait lui donner des armes suffisantes pour survivre à la suite et une bouteille de vin grand cru n’aurait pas suffit.

Nous n’avons que faire d’un négociateur qui tremble pour sa vie.

Le sang de la cité ne révolutionne pas la fantasy, implantant ses racines dans les intrigues de cour à la Game of Thrones, à l’échelle d’une ville.  Mais les apports de Guillaume Chamanadjian dans le worlbuidling de sa cité du sud à la géographie étonnante et la construction initiale de son attachant personnage principal insufflent suffisamment d’authenticité et de profondeur au récit pour le rendre prenant de bout en bout et attendre avec impatience de quoi la suite va retourner.

En octobre, on délaissera Nox et la cité de Gemina pour partir dans le Nord avec la sortie de Citadins de demain de Claire Duvivier. Autant vous dire que j’ai l’intention de me jeter dessus.

Informations éditoriales

Roman écrit par Guillaume Chamanadjian. Tome 1/3 de Capitale du Sud; 1/6 de La tour de Garde. Publié par Aux Forges de Vulcain en 2021. Couverture par Elena Vieillard. 405 pages.

Pour aller plus loin

Michel Dufranne dans le 6/8 de la RTBF au sujet du cycle.
Mon avis sur : Un long voyage de Claire Duvivier. Gagner la guerre de Jean-Philippe Jaworski. Le trône de fer Tome 1.
D’autres avis : Le bibliocosme, Les chroniques du chroniqueur, Les critiques de Yuyine, Un papillon dans la Lune, Au pays des cave trolls, Quoi de neuf sur ma pile, Reflets de mes lectures, La bibliothèque d’Aelinel, Sometimes a book, De livres en livres, Fourbis et têtologie, 233°C, Rêve général, Les blablas de Tachan, L’imaginarium électrique, Nevertwhere, ou signalez-vous en commentaire.

31 commentaires sur « Le sang de la cité | Plus que l’histoire d’un livreur Deliveroo »

  1. Contente de voir que tu as aimé 🙂 Je trouve la construction littéraire de la série assez intrigante aussi et j’ai hâte de lire le prochain Claire Duvivier ! Bravo aussi pour le titre de l’article, j’ai bien ri ^^

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  2. Le dernier paragraphe m’a achevé…(pour moi c’est la série la plus surcotée de l’histoire, bref, on va pas y revenir, …. The Crown en prend le même chemin :p). Alors que le décalage titre/couverture m’intriguait autant que le pitch. Je vais laisser ça de coté 😉

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  3. J’ai failli ne pas cliquer en voyant ton titre, c’est honteux ! (et drôle, ok)
    C’est tout à fait appétissant. L’écriture a l’air d’être un peu dans la veine de celle de Claire Duvivier, non ?

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    1. XD, pardon je ne le ferai plus jusqu’à la prochaine fois. Moins littéraire peut-être ? Sans que ce soit une critique. Enfin je ne sais pas. Ma lecture d’Un long voyage commence à dater un peu. Ce sera plus facile de comparer dans l’autre sens je suppose, repose moi la question quand j’aurai lu le suivant :p
      Appétissant est le mot ^^

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  4. Je dis pas que je ne suis pas intriguée, je dis juste que me lancer dans un cycle de 2 trilogies en ce moment, nope. Et je sens des redondances avec ce que je viens de lire côté Le cycle de Syffe (en version univers plus large par contre, enfin je veux dire non cantonné à une cité).
    (sinon pour te faire peut-être rire, j’avais lu initialement Maison de la CouEnne et non de la Caouanne… pour un commis d’épicerie, ça aurait pété. :p )

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  5. Faut voir… Assassiner des gens en tapant dessus avec une bouteille de grand cru, ça aurait été original 🤷‍♀️
    Je passe mon tour pour cette saga même si elle a l’air très bien. Trop long et surtout trop lent pour ce dont j’ai besoin actuellement. Mais ta chronique est super chouette !

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      1. Cachou en avait parlé sur son blog et les épisodes étaient disponibles en ligne sur le site de la RTBF, donc j’ai regardé les deux ou trois première saisons. 😊 Ensuite, j’ai perdu le rythme, hélas, et j’ai décroché…

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      1. Comme toujours je réponds très en retard…. Je trouve que souvent on distingue les différentes plumes et ça a tendance à me sortir du récit. Après il faudrait sans doute que je passe au-dessus pour retester ^^

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  6. Mince, ça ne me tente pas plus que ça :-/ peut être principalement parce que c’est de la fantasy, et puis j’ai dû mal à cerner ce dont ça parle. Sans parler du fait qu’il s’agisse d’une double trilogie !! Mais j’avoue que le concept de 2 trilogies qui se répondent est original et je lirai tes chroniques suivantes 🙂

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  7. J’ai adoré ton « « commis de livraison de vins et de gourmandises » tout de même ça envoyait du pâté en terme d’originalité » 🤣.
    Comme je ne suis pas pressée et comme j’ai déjà Un long voyage de retard, je vais voir comment évolue cette série à 4 mains avant de la lire ^^

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