Le silence de la cité | Prélude à Chroniques du Pays des Mères

Le silence de la cité est un roman écrit par Elisabeth Vonarburg. Il a initialement été publié en 1981 chez Denoël Présence du futur. Il est republié en septembre 2021 aux éditions Mnémos. Le silence de la cité se passe dans l‘univers de Chroniques du Pays des Mères, des centaines (des milliers ?) d’années avant. Je l’ai lu après. Je vous dis tout ce que j’en ai pensé.

Contexte narratif

Quelque part à la fin du monde, Elisa grandit dans une cité souterraine ultra technologique entourée par des hommes-machines, les ommachs, et Paul, son créateur – puis qu’elle est issue de manipulations génétiques. Celui-ci souvent disparait mais, devient plus présent quand elle grandit et quand il peut l’associer à ses recherches génétiques destinées à sauver l’humanité qui tente de survivre en surface.

Les accidents nucléaires accumulés, les pollutions, les petites guerres partout, et trop de gens, et juste assez à manger, et la Terre elle-même qui se fâche, les tremblements de terre, les volcans réveillés, les climats qui changent, les famines, les épidémies, et enfin les grandes marées qui dont changé l’aspect des continents.

Le silence de la cité raconte la vie d’Elisa, de la cité souterraine, à son voyage en surface, à la conception de son propre programme de génétique et à sa rencontre avec les humains de l’extérieur. Elle a la capacité de se régénérer sur commande et vit plus longtemps que les humains normaux. Par la suite, elle va se rendre compte qu’elle est aussi capable de se métamorphoser et de surtout de changer de sexe. Ce qui est très pratique quand on a besoin de produire une descendance et qu’on n’a pas sous le coude d’exemplaire de l’autre sexe qui partage ses super-gênes.

Elle les observe avec amusement : après tout, le caractère n’a rien à voir avec le sexe : ils sont aussi insupportables en filles qu’en garçons. Mais non, pas insupportables. Jeunes, malicieux, débordants de vie.

Avant ou après Chroniques du Pays des Mères ?

Le silence de la cité se passe des centaines (milliers ?) d’années avant Chroniques du Pays des Mères. Dans la chronologie de cet univers dystopique et post apocalyptique, nous sommes au temps des Harems pendant la majeure partie de l’histoire. Le silence de la cité a aussi été écrit avant Chroniques du Pays des Mères.

Mais en fait, il s’avère qu’il est largement préférable de les lire dans cet ordre que l’ordre de publication originale, même si celui-ci correspond à l‘ordre chronologique. Pourquoi ?

La raison principale tient au fait que Chroniques du Pays des Mères repose beaucoup sur l’archéologie des temps anciens. Lisbei et ses amis vont redécouvrir des choses du monde d’avant et je pense que c’est bien plus prenant et intéressant si on y va en n’en sachant pas plus qu’elles..

Lire Le silence de la cité après permet d’éclairer la lecture de Chroniques de façon assez dingue. Voir apparaitre Judith et se dire « ha mais bien sûr », voir la tournure que prend le roman par rapport à la notion de genre ou encore tiquer sur le prénom d’Elisa et se dire « ha mais bien sûr ». 

La seconde raison est plus prosaïque : Chroniques du Pays des Mères, bien que n’étant déjà pas forcément facile à aborder, est plus accessible que Le silence de la cité.

Dans tous les cas vous faites bien sûr ce que vous voulez, mais de mon côté j’ai adoré ma lecture dans ce sens-là. Ok, techniquement j’avais déjà lu Le silence de la cité mais c’était il y a très longtemps, j’étais complètement passée à côté et ne me rappelais quasi plus de rien. Je ne souhaitais pas reproduire les mêmes erreurs et bien m’en a pris.

Les thématiques 

Les thématiques du roman sont assez vertigineuses et denses pour un roman somme toute assez court. 

Il s’agit d’une forme de quête initiatique bien sûr, celle d’Elisa qui va la mener dans un premier temps à s’émanciper de l’influence de Paul, d’apprendre à connaitre son corps et ce quelle peut en faire. Elle devra aussi affronter le monde des hommes et ce ne sera pas facile.

Et… Oui, une très longue bataille, se libérer de soi, s’accepter. Et en même temps, toutes les autres batailles à recommencer sans cesse.

Pour elle, la solution aux problèmes de l’humanité est de produire des enfants portant ses super-gênes, de les élever dans l’égalité des sexes (ce d’autant plus qu’ils peuvent en changer comme ils le souhaitent) et puis de les envoyer dans le monde extérieur pour disséminer leurs gênes et leur éducation. Sauf que c’est lent. Et que là-bas, des femmes en ont ras la casquette d’être traitées comme du bétail et se rendent compte qu’elles sont largement supérieures en nombre. L’équilibre des sexes à la naissance étant rompu, elles naissent en bien plus grand nombre que les hommes. Bref, rien ne va se passer comme prévu. Et le déroulé du roman va nous permettre de comprendre la genèse du Pays des Mères, tel qu’on le connait par Lisbei.

C’est eux ou nous. Il n’y a pas de cohabitation pacifique possible. Ils ne nous laisseront jamais de bon gré les commandes qui nous reviennent parce que nous sommes les plus nombreuses…

L’intégralité du roman tourne autour de la question des genres et des sexes et de l’inégalité entre les deux sexes, faisant du Silence de la cité un roman hautement féministe. C’est passionnant. Pas facile car Elisabeth Vonarburg ne nous mâche pas le travail mais passionnant. Je le conseille vivement pour ma part, à lire après Chroniques du Pays des Mères

Informations éditoriales

Roman écrit par Elisabeth Vonarburg. Publié initialement en 1981 chez Denoël Présence du futur, puis aux éditions ALire en 1998 et finalement chez Mnémos en 2021. Illustration de couverture par Picomodi. 279 pages.

Pour aller plus loin

Sur le blog, découvrez mes impressions à propos de Chroniques du Pays des mères.
D’autres avis : Miroirs SF, L’épaule d’Orion, Le monde d’Elhyandra, Nevertwhere, Au pays des cave trolls, Les chroniques de FeyGirl, ou signalez-vous en commentaire

25 commentaires sur « Le silence de la cité | Prélude à Chroniques du Pays des Mères »

  1. Hmm, tu me conseillerais de relire Chroniques avant de lire celui-ci ??
    Je ne me souviens pas en détails et ce que tu dis par rapport aux prénoms been, j’ai bien peur de passer à côté 😅

    Aimé par 1 personne

    1. Tu l’as lu il y a longtemps ?
      Si tu as le temps de le faire et te souviens mal de Chroniques, je te dirais que oui, tu profiteras d’autant plus de ta lecture de celui-ci, en tout cas c’est ma vision des choses.

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  2. J’ai adoré Chroniques et je suis fan de ces éditions chez Mnémos. Il sera difficile de ne pas craquer ^^’. Surtout, j’avais peur que cette préquelle ne soit moins intéressante, mais tu m’as convaincu du contraire !

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  3. J’ai écouté le C’est plus que de la SF sur Chroniques du Pays des Mères et ça m’a bien donné envie de tenter cet univers ^^ Contente de voir qu’il t’a plu ! 😀

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  4. Ah mais tu viens carrément de me remotiver à lire ce bouquin, qui n’attend que ça depuis que j’ai lu les Chroniques l’an dernier… j’ai une version poche que l’on ma prêtée, mais la nouvelle édition Mnémos est très belle, je vais peut être craquer (ou m’arranger avec le père Noël héhé)

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  5. 2021, l’année où Tigger Lilly a lu des livres dans le désordre de publication. 👀
    Ça confirme ce que j’en avais compris. J’imagine qu’en cas d’appréciation de « Chroniques (…) » ça deviendra logiquement une future lecture. Reste à définir si/quand je lirai « Chroniques (…) ». ^^’

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      1. Je me rappelle d’une conférence où l’autrice expliquait qu’elle était en train de les relire à l’envers, et je me suis fait la réflexion que c’était pas si idiot que cela… ceci dit ça se lit très bien à l’endroit, faut juste un peu lâcher prise au début quand on ne comprend rien 😅

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