Une Heure Lumière | Retour sur l’Année 4

Une Heure Lumière est une collection de novellas créée par les éditions du Bélial en 2016. Depuis elle a pris sa place dans le paysage de les littératures de l’imaginaire. Une place de choix tant par la diversité et la qualité des textes proposés. . Etant aux abonnés absents cette année-là (et les suivantes) et n’aimant pas prendre le train en marche, je me suis résolue à rattraper mon retard en les lisant par ordre de parution. J’ai terminé récemment l’année 4 et je vous propose un petit classement, très subjectif, de ces 6 lectures. Par ordre croissant de préférence.

Contrairement à l’Année 3, je n’ai eu aucune peine à classer ces textes. Le premier est une évidence, le dernier aussi et entre les 2 il n’a pas été non plus très compliqué de procéder à des choix. Cette année 4 est dans sa globalité un moins bon cru que la précédente, qui était assez exceptionnelle il faut le dire. Je suis dans tous les cas toujours ravie de la découverte.

Un petit mot sur le Hors Série : j’ai adoré la nouvelle qu’il contient !  Il s’agit d’Isabel des feuilles mortes de Ian  R. MacLeod. C’est l’auteur de Poumon vert (Mon Top n°1 de l’Année 2)(il n’a pas eu droit à une chronique en bonne et due forme, quel gâchis). Ils se passent tous les deux dans l’univers des Dix Mille Et Un Mondes. J’ai eu l’impression en lisant la préface que Le Bélial tâtait le terrain d’un recueil qui réunirait les textes de cet univers. Je ne peux qu’acquiescer à cette éventualité.  

Sans plus attendre, mon classement :

6 / Waldo, Robert A. Heinlein [UHL #19]

La technologie énergétique (un truc à base de radiations à ondes ultracourtes, j’ai rien pigé, c’est pas grave) qui fait tourner le monde se met à déconner et crée des pannes inexplicables. C’est très ennuyeux parce que des avions se crashent en plein vol. Les ingénieurs de la NAPA n’y comprennent rien et font donc appel à un génie de leur temps : Waldo Farthingwiate-Jones.

Misanthrope, atteint d’une myasthénie musculaire qui lui rend tout effort physique insurmontable, il vit sur une station orbitale pour échapper à la gravité. Peu enclins à les aider, d’autant qu’il a eu un différend avec la NAPA par le passé, il finit par se laisser convaincre. Ce qu’il va découvrir dépasse tout entendement…

Bon il faut avouer que la direction prise par le récit est un peu WTF entre les mains d’une ponte de la SF tel qu’Heinlein, on ne peut pas dire que je n’ai pas été surprise. Le souci c’est qu’il me manquait clairement un contexte de lecture pour profiter pleinement de ce texte (ce que me confirme ma relecture de la chronique de Feyrautha vers laquelle je vous renvoie ci-dessous)(oui parce qu’un like me signale que je l’avais déjà lue et évidemment je n’en ai nul souvenir. Bref…) . Ou alors ça n’aurait rien changé, va savoir. 

De plus j’ai trouvé le personnage principal assez caricatural – le génie misanthrope -, ce qui est un peu dommage car il est handicapé et que les perso handicapés dans les livres de SF à l’époque (ok, sans doute encore maintenant) ça ne courait pas les rues (est-ce que je vais trop loin, là ?) mais il est tellement archétypal, ça m’a sorti de ma lecture. Bref, je n’ai pas été conquise par cette novella exhumée de 1942 et traduite pour la première fois en 2019 (!). 

Traduit de l’américain par Pierre-Paul Durastanti.

Les impressions de Feyd-Rautha.

« La magie se répand ! »

5/ Acadie, Dave Hutchinson [UHL #20] 

Dans l’espace vit ce qu’on appelle la Colonie, un groupe d’humains qui se sont séparés de la Terre il y a bien longtemps à cause de lois sur la bioéthique qui interdit les manipulations génétiques et depuis vivent cachés. Sauf que les Terriens n’ont de cesse de les retrouver et qu’ils doivent se planquer derrière une sorte de bouclier de surveillance qui permet de détecter tout objet tentant d’entrer dans leur voisinage. Un jour, le drame : un objet échappe à la détection.

Quand j’ai refermé Acadie (après l’avoir fini)(je précise au cas où), mon impression a été exactement la même que lorsque j’ai lu Cookie Monster qui bénéficie aussi d’un twist qui ne m’a fait ni chaud ni froid. Parcourant la blogosphère en quête de l’avis de mes pairs, me voilà encore une fois laissée sur le carreau. Ce n’est pas une lecture désagréable, c’est rigolo (cf. citation) des fois, mais j’ai trouvé cela confus, peu clair dans l’enchainement des actions. 

Traduit de l’anglais par Mathieu Prioux.

Les impressions de Yuyine 

Le conseil est composé d’elfes, de nains, de hbbits, de gobelins et de Dieu sait quoi d’autre. Je n’ai pas lu les bons livres ni vu les bons films pour tous les reconnaitre, mais j’aperçois aussi quantité de Klingons. Assister à une réunion du Conseil revient à participer à un concours de cosplay.

4/ L’enfance attribuée, David Marusek [UHL #21]

Dans L’enfance attribuée, des êtres humains sont quasi immortels grâce à des traitements anti-vieillissements ultrasophistiqués. Chacun a un voire plusieurs assistants virtuels qui finissent par faire partie intégrante de la personnalité de l’individu. C’est aussi une société très contrôlante envahie par la technologie et dont la procréation est à peu près interdite because of : immortalité = surpopulation.

Sam et Eleanor s’aiment et vont avoir la chance incroyable de créer un bébé. Genre de toute pièce, fabriqué avec leur ADN à partir du « chassis » d’un fœtus confisqué pour grossesse illégale. Mais tout bascule lorsque la Milice tombe, à bras raccourcis,  sur Sam…

Le background est passionnant, on a envie d’en savoir plus, le point de bascule est une rupture très inattendue (surtout avec le titre FR qui envoie – délibérément ? – sur une fausse piste). Je comprends que l’auteur en ait fait un roman par la suite, parce que clairement j’ai ressenti un goût de trop peu, même si le texte se tient néanmoins tout seul.

Traduit de l’américain par Patrick Mercadal.

Les impressions de Vert

Le 30 mars 2092, le ministère de la Santé et des affaires sociales nous délivra un permis, à Eleanor et moi. Le sous-secrétaire d’Etat à la Population nous fit part de la nouvelle avec les félicitations officielles. Nous étions abasourdis par tant de bonne fortune. Le sous-secrétaire nous invité à contacter l’Orphelinat national. Dans un tiroir du Jersey se trouvait un bébé à notre nom.
Nous étions fous de joie.
(incipit)

3/ Abimagique, Lucius Shepard [UHL #22]

Dans ce récit, on fera la connaissance d’Abi, diminutif d’Abimagique, un nom qu’elle s’est attribuée, une sorte de Griaule faite femme qui exerce une fascination intense sur ses ouaïlles et surtout auprès de l’homme qui va partager sa vie un bout de temps. C’est de son point de vue que l’histoire est racontée, mais en nous parlant à la deuxième personne du singulier, pour mieux nous envouter.

Un récit fantastique pur jus dont il vaut mieux éviter de chercher la clé car jamais l’auteur ne vous la donnera et c’est ce qui est en fait la puissance. Dans la postface, l’auteur explique ses intentions quant au traitement du personnage point de vue : il voulait faire du « naturalisme pataud » en partant du principe que les personnages dans livres se comportent de façon plus intelligente que l’on se comporte dans la vraie vie, du coup il a fait un perso qui comprend rien. J’ai trouvé ça tout à fait intéressant et aurait en fait préféré la lire avant de lire le roman (rhoo là là ces lecteurs jamais contents, ils veulent lire les préfaces après et les postfaces avant, relous).

Traduit de l’américain par Jean-Daniel Brèque.

Les impressions de Baroona

C’est la fille coiffée style Halloween. Coupe Morticia Addams, teinture noire de jais, mèches orangées asymétriques. Elle a vingt-quatre ou vingt-cinq ans. Une femme-enfant, songes-tu, qui dévore des biographies d’empoisonneurs célèbres et s’est affublée des piercings les plus douloureux du marché. De la chair à goth typique. Pourant, une fois passé les cheveux, les robes vintage, la bague-araignée au ventre de perle, les tatouages sur les mains (un crâne de vampire, un cœur humain) et le maquillage outrancier, tu remarques que son visage est empreint d’une douceur et d’une sensualité maternelles qui semblent trop vulnérables pour participer à ce monde moderne.
(incipit)

2/ Helstrid, Christian Léourier [UHL #17]

Helstrid est un huis clos page turner entièrement basé sur la relation entre le protagoniste et l’IA qui l’accompagne dans un contexte environnemental hostile. Cohérent de bout en bout, il démontre une forme de vacuité de l’existence, dans un monde où les IA sont bien plus efficaces. Un récit qui ne plaira pas à tout le monde mais que j’ai trouvé passionnant, faisant la preuve une fois de plus que Christian Léourier m’est une valeur sûre.

La présence humaine sur ce monde rendu à l’anonymat n’aura été qu’une brève parenthèse. Sic transit…

Mes impressions

1/ Les meurtres de Molly Southbourne, Tade Thompson [UHL #18]

Les meurtres de Molly Southborne est un thriller horrifique au style clinique et concis qui se lit d’une traite. Mais c’est aussi un texte qui propose de nombreux sous-textes et interprétations sur le rapport au corps et le rapport à l’identité et d’autres choses encore selon votre perspective personnelle, certainement. Dans tous les cas, ce texte m’a complètement mindblowée et prise aux tripes tant il vient titiller des questions pertinentes pour moi.

Traduit de l’anglais par Jean-Daniel Brèque.

A chaque échec, à chaque insulte, à chaque blessure de la psyché, nous sommes recréés. Ce nouveau soi, nous devons le combattre chaque jour ou affronter l’extinction de l’esprit.

Mes impressions

Et vous ? Quels sont vos UHL préférés de l’année 4 ? Ceux qui vous font le plus envie ?

Pour la novella Abimagique

30 commentaires sur « Une Heure Lumière | Retour sur l’Année 4 »

  1. Globalement j’ai un classement assez similaire sur cette année, même si je suis plus sévère avec le Heinlein que j’ai franchement détesté et plus enthousiaste sur Acadie dont j’ai beaucoup aimé le twist.
    Le Marusek m’a laissé de marbre aussi, la relation amoureuse centrale m’a parut très mal traitée.

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  2. C’était une année faste que l’année 4. Pour en avoir lu 4/6 (pas lu Waldo, mais pas du tout envie. Pas lu non plus L’enfance attribuée qui m’intéresse nettement plus), j’ai passé de très très bons moments. En particulier avec Hestrid, Molly Southbourne et Acadie qui est un texte particulier mais satirique comme j’aime.

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  3. Oh, j’en ai lu 4 ! Les mêmes que Yuyine d’ailleurs.
    Pas étonné pour « Waldo » vu les retours, c’est sûrement le moins apprécié globalement de toute la collection. Ça me rend triste, Heinlein a pourtant de si bons textes. =(
    Pas étonné non plus de ton avis sur « Acadie », j’aurais parié sur ce ressenti – pour preuve, voir les commentaires sous mon billet (un billet étonnamment gentil, j’en garde un moins bon souvenir 😅).
    Je ne sais pas qui serait premier dans mon classement entre Shepard et Thompson, les deux sont vraiment excellents. Dans le doute, sûrement Shepard. 🐲

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    1. Je me rends compte que j’ai très peu lu Heilein en fait : Starship troopers, une ou 2 nouvelles dans le Bifrost qui lui est consacré et celui-ci donc. Il m’intéresse moins que d’autres classiques j’avoue. Disons que ce n’est pas ce texte qui va me faire changer d’avis.
      *musique d’ascenseur* -> l’abonnée est partie relire le billet de Baroona sur Acadie
      Ha oui. Tout ceci est la preuve de la supériorité des commentaires sur n’importe quelle autre interaction à propos de nos chroniques de blog : je n’en avais aucun souvenir.
      Oui on sait jamais 👀

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  4. Chouette! Franchement j’adore que tu fasses tes récaps comme ça, « longtemps » (tout est relatif…) après la sortie et surtout après la vague de chroniques sur la blogo. Ça me rafraîchit la mémoire et ça donne une vue d’ensemble fort intéressante.
    « est-ce que je vais trop loin, là ? » –> Ah, ah! J’ai ri!
    J’adore la citation sur le cosplay 😂 et « la chair à goth typique » c’est ce que j’aurais aimé être! 😍

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    1. Attention plus le temps avance moins longtemps ce sera après la sortie 😀 Quand j’aurai rattrapé je les lirai au fur et à mesure et ferai un récap en fin d’année.

      Ah je me suis demandé si quelqu’un avait compris mon humour fâcheux 😅

      Il y a un certain humour dans ce texte il faut avouer xd

      Tu aurais aimé être de la chair à goth ? Il va falloir expliquer davantage XD

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      1. Bein j’aurais aimé être une goth tout court, quoi. Mais je trouvais que ça ferait déguisement sur moi, car ça se verrait quand même que je n’étais pas une vraie rebelle/alternative. Je trouvais ça trop bien pour moi, quoi. Du coup, j’ai juste pris des habits noirs sans style défini… C’est l’histoire de comment l’opinion qu’on a de soi influence nos choix vestimentaires. ^^

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  5. Je les lis aussi dans l’ordre de parution mais je suis encore très en retard, j’en suis encore à l’Année 2 ^^
    Je ne suis pas toujours convaincue, surtout que c’est très court et donc parfois pas assez poussé à mon goût, mais il y a souvent un petit quelque chose qui m’intrigue.

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        1. C’est un bon rythme 2 par mois. Ca fait 2 ans que j’en lis 1 par mois, avec une régularité de métronome, je pense qu’à l’approche de rattraper l’année en cours je vais mettre le turbo ^^

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  6. Isabel des feuilles mortes est superbe, c’est mon UHL préféré de l’année. Moi aussi je dis oui à un recueil de textes dans cet univers !
    Beaucoup aimé Molly Southbourne aussi.
    Helstrid faut que je le relise avec un autre regard je pense, j’avais pas du tout aimé à l’époque.
    Abimagique est remarquable pour son atmosphère comme à chaque fois avec Lucius Shepard.
    Les autres m’ont moins marquée.

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