Ring Shout | Cantique émancipateur

Ring shout est un court roman écrit par P. Djèlí Clark et publié chez L’atalante en 2021. Il a été traduit par Mathilde Montier, avec beaucoup de mérites. J’ai lu ce texte qui entreprend de régler quelques comptes avec la ségrégation et le Ku Klux Klan et je vous en touche quelques mots.

Un roman qui avait tout pour me plaire

On est à Macon, Géorgie, en 1922. Maryse Boudreaux mène une petite bande pour en découdre avec le Ku Klux Klan. Quelle surprise de les voir attirer des membres avec un chien crevé ! Pour voir les 3 hommes se transformer en des créatures horrifiques que le petit groupe dégomme avec efficacité. Ainsi commence Ring Shout.

« Les monstres, je les chasse » […].

La proposition est TRES intéressante :

  • une revisite des codes de la fantasy à tendance horrifique avec des monstres qui naissent de la haine, dans l’ambiance raciste des Etats-Unis du Sud
  • pour une réappropriation de cette sombre période de l’Histoire des US par celleux qui l’ont subie de plein fouet
  • avec de nombreuses références issues de la culture afro-américaine, en particulier la culture Gullah
  • et de multiples références historiques avec au premier chef le film faisant l’apologie du Ku Klux Klan : Naissance d’une Nation
  • un style assez particulier qui tient de l’oralité.

Le livre est très érudit. Le rabat de couverture m’apprend que P. Djèlí Clark dont c’est ma première lecture est « historien et chercheur en étude comparée de l’esclavage et de l’émancipation dans le monde atlantique ». Disons que le monsieur sait de quoi il parle. Il va jusqu’à produire des phrases en Gullah, un créole qui mixe l’anglais et des langues africaines. Le résultat fonctionne très bien avec la traduction française car on comprend (en lisant à haute voix c’est plus facile) mais pas tout, comme une sorte de français distordu/phonétique avec un fort accent et des mots d’une autre langue s’y glissant parfois.

« Ki ! Dimon buckrah bonarien ! » […] « Si larzan ça pli di tout maché, ça dit rien dé bon, lavirité. Bondié, édé-nous »

Mais ça n’a pas marché pour moi

Bon, que s’est-il passé ? La lecture n’a pas trop bien pris sur moi. Disons que pour tout l’aspect intellectuel lié aux références et à ce que ce livre m’a appris, ça me plait. Le problème c’est que je n’étais pas dans l’envie de tourner la page alors même que le récit est très rythmé. Je pense que le souci c’est que, passé la découverte, j’ai juste assisté au déroulé d’une histoire qui saute d’action en action dans un schéma narratif très convenu. Par contre, je verrais bien l’ensemble adapté en série ou en film. 

Moi, je chôme pas. Les Ku Kluxes surgissent de partout. Mon épée chante à chaque large moulinet, éventre les flancs, tranche les griffes avides.

J’ai vraiment l’impression que cela aurait pu fonctionner, ce livre, pour moi. Je ne crois pas avoir spécialement besoin que l’histoire soit d’une originalité folle pour peu que d’autres éléments me satisfassent (ce qui est le cas ici). Je ne sais pas ce qu’il s’est passé mais ça n’a pas suffit ici. J’ai très envie d’apprécier l’auteur dont j’entends parler en bien depuis l’an dernier. Je réessayerai donc, en espérant vraiment qu’il ne s’agisse que d’une expérience mitigée isolée.

P. Djèlí Clark offre un roman rythmé très érudit qui prend ses sources dans la culture Gullah et des références historiques des US ségrégationnistes du début du 20ème siècle pour mener son combat contre des monstres se nourrissant de la haine de l’autre. Il avait tout pour me plaire. Malheureusement, l’histoire ne m’a pas emportée et je me suis un peu ennuyée. A charge de revanche ? 

Informations éditoriales

Court roman écrit par P. Djéli Clark. Publié initialement en 2020. 2021 pour la publication en français chez L’Atalante. Traduit de l’anglais par Mathilde Montier. Titre original : Ring Shout or Hunting Kukluxes in the end times. Illustration de couverture par Dorian Danielsen. 171 pages.

Pour aller plus loin

La culture Gullah sur Wikipedia (lien vers l’article en anglais, beaucoup plus complet).
D’autres avis : Fourbis et têtologie, Le bibliocosme, Le nocher des livresLa bibliothèque d’Aelinel, Les critiques de Yuyine, L’épaule d’Orion233°C, Albédo, Au pays des cave trolls, Ours inculte, Les chroniques du chroniqueur, ou signalez-vous en commentaire.

29 commentaires sur « Ring Shout | Cantique émancipateur »

  1. Zut. J’aurais aussi pensé que ça te plairait et que les considérations intellectuelles te suffiraient quoique tu penses de l’histoire – surtout qu’elle est courte. Zut.
    « je verrais bien l’ensemble adapté en série ou en film » : ah mais oui, bien vu, c’est tellement fait pour une minisérie, y’a presque rien à modifier.

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    1. 🤷‍♀️je contrôle pas mon cerveau 🤷‍♀️
      Je me demande si en m’y connaissant mieux et sur la question de l’esclavage, ségrégation, Ku Klux Klan et dans les écrits de Lovecraft ça n’aurait pas permis de ? Je le relirai dans 10 ans XD
      Mini-série parfait 👌

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  2. Toujours un pincement au cœur quand je vois que l’un de mes coups de cœur ne prend pas ailleurs, mais je comprends aussi totalement pourquoi ça n’a pas totalement marché pour toi. En espérant que ses autres textes te séduisent un peu plus !

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  3. J’ai eu le même coup avec les tambours du dieu noir du même auteur, du coup je n’ai plus rien lu après 😅 c’est la saison des romans qui ont tout pour plaire puis finalement non. Je viens en finir un exactement dans le même genre 🙄

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        1. J’espère j’ai envie d’aimer cet auteur.
          Ha oui Les oiseaux du temps tu n’es pas la première à ne pas avoir été convaincue. J’ai l’impression que c’est tout ou rien avec ce livre. Il est dans ma wish ^^

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        2. Oui c’est vraiment l’impression que j’ai eue aussi en lisant les retours des autres xD Y’a pas d’entre deux. Le truc frustrant c’est que je vois les qualités du roman mais il n’y a pas eu le déclic…

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  4. Mince ! Désolé pour toi : c’est toujours rageant quand on voit un roman dont on se dit « Il va me plaire, celui-là » et puis… non. Mais au moins, il n’est pas très long. Donc, moins de temps « perdu ».
    À retenter dans quelques années, peut-être, si tu en trouves le temps.

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  5. Ta chronique m’a fait me sentir beaucoup moins seul ! Je n’ai pas du tout accroché non plus et pourtant la novella avait tout pour me plaire également : je suis un aficionado des récit type « horreur lovecraftienne », une volonté de mettre en lumière la culture gullah (super!), j’ai apprécié les précédents ouvrages de l’auteur mais là… J’ai l’impression que P.Djéli Clark s’est fait plaisir en écrivant celui-ci mais il n’a pas réussi à m’embarquer dans son élan 😦 Je te conseille tout de même de tenter, si tu en as le temps et l’envie, ses écrits se déroulant dans son univers du Caire futuristico-magique qui m’a bien plus séduit (le Mystère du Tramway Hanté par exemple) 🙂

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  6. Ah ben je l’ai lu il y a peu aussi ! Pas de déception car pas d’attente spécifique, mais c’est trop court pour moi. J’espère que d’autres titres de l’auteur te réussiront plus !

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    1. Je n’ai pas d’attente quand je lis un livre, je cherche à m’adapter à ce que l’auteur me propose. Ce n’est pas une déception, je n’ai juste pas aimé l’histoire (le reste était tout à fait intéressant),
      J’espère aussi ^^

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  7. Même si j’ai adoré, je comprends parfaitement ce qui a coincé. Quand on est soufflé par la quantité d’informations portée par l’univers, on en attend forcément autant côté intrigue. Et il est vrai que celle-ci est plutôt convenue.

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  8. J’aime bien quand les avis sont partagés, ça modère les attentes qu’on peut avoir avant de se lancer. Et du coup, ça m’interroge sur comment moi je recevrai le roman car j’ai quand même envie de le tenter.

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