Un conte bien moralisateur somme toute. La morale que j’en retiens, plus que « il y a des méchants qui feraient bien d’ouvrir les yeux sur leur manière de penser et d’agir » est que chacun doit apprivoiser le Scrooge qu’il a en lui. Car contrairement à ce que les contes tendent à nous présenter, le monde n’est pas tout blanc et tout noir, mais de toutes les couleurs. Scrooge est la caricature d’un certain nombre de défauts très humains dont on peut difficilement dire qu’on ne les a jamais eus à un moment donné.
Aucun mendiant n’implorait de lui la plus petite aumône, aucun enfant ne lui demandait l’heure. Jamais, de toute sa vie, homme ou femme ne pria Scrooge de lui indiquer le chemin de tel ou tel endroit. Les chiens d’aveugle eux-mêmes semblaient le connaître et, lorsqu’ils le voyaient approcher, tiraient leur possesseur sous les portes cochères et jusqu’au fond des cours ; après quoi, ils remuaient la queue comme pour dire : « Mieux vaut pas d’oeil du tout que le mauvais œil, mon ténébreux maître. »
Je pense que c’est un livre qu’il faut avoir lu. D’abord il a été écrit par un tout grand Monsieur. Un livre qui a été écrit il y a plus de 160 ans et qu’on lit encore aujourd’hui -et qu’on adapte encore aujourd’hui, cf. L’étrange Noël de Mister Scrooge en ce moment au cinéma- , c’est qu’il y a bien une raison (voire plusieurs). Ensuite, c’est une référence culturelle incontournable qui a façonné l’esprit de Noël tel qu’on le pratique encore actuellement en Angleterre et aux États-Unis. Et pour terminer, Un Chant de Noël est une magnifique peinture des mœurs et du mode de vie de l’époque.
Enfin les plats furent posés sur la table, et l’ont dit le bénédicité. Il fut suivi d’un long silence haletant lorsque Mme Cratchit, examinant lentement, du manche à la pointe, le couteau à découper, se préparé à la plonger dans la poitrine de l’oie ; mais à peine l’eut-elle fait, à peine une bouffée de la farce longtemps attendue s’en fut-elle échappée, qu’un ronronnement de béatitude monta du cercle des convives et que Tiny Tim lui-même, excité par les deux jeunes Cratchit, martela la table du manche de son couteau et cria d’une voix ténue : « Hourra ! »
Pour ma part, ce qui m’a poussé au départ à lire ce petit livre, c’est que John Irving y fait grandement allusion dans son livre Une prière pour Owen, qui doit être un des meilleurs livres qu’il m’ait jamais été donné de lire jusqu’à présent. En fait, plus que des allusions, il fait partie intégrante de l’intrigue, on en parle pendant un nombre assez important de pages et intervient comme un « personnage » récurrent dans une partie du récit. Bref, j’avais besoin de le lire, pour comprendre son rôle, boucher les trous dans l’histoire et lire le texte original.
Informations éditoriales
Publié pour la première fois en 1843. Titre original : A Christmas Carol. Traduit de l’anglais par Marcelle Sibon. 174 pages