– Mon père disait toujours que la mort, c’est pareil au sommeil. […] « Mais à mon avis, c’est beaucoup plus dur de se lever le matin ».
Avec une panoplie de nouveaux (Conina, Nijel, Creosote, Thune, …) et d’anciens personnages (Rincevent, le Bagage, le bibliothécaire, la Mort, …), Terry Pratchett nous emmène sur les chemins chaotiques de la sourcellerie. Cette forme de magie totale, extrêmement puissante et très ancienne est crainte par les magiciens (une histoire de lutte de pouvoir …). D’ailleurs, c’est l’excellente raison pour laquelle les mages ne peuvent procréer (un sourcelier est un huitième fils de mage).
Le bibliothécaire se déplaçait peut-être en trainant les pieds, avec son air bonhomme de ballon bloblotant, mais sa peau distendue dissimulait un véritable châssis cantilever de muscles capable de faire passer une pleine poignée d’articulations calleuses à travers une planche de chêne épaisse. Se jeter contre le bras du bibliothécaire revenait à percuter une bar de fer poilue.
Je ne peux m’empêcher d’y voir une critique de la religion catholique et l’absurdité du célibat des prêtres. Si on rajoute à ça l’Apocralypse (un condensé d’apocalypse et d’apocryphe) manquée parce que trois des Cavaliers se retrouvent sans cheval et décident du coup de continuer à se bourrer la gueule, voilà que la religion s’en ramasse plein la figure.
Comment vous appelez ces trucs au fond des rivières ?
– Des grenouilles.
– Des cailloux.
– Des gangsters malchanceux.
J’ai une profonde admiration pour la capacité de Pratchett de se moquer de tout. C’est d’autant plus admirable, que de manière générale, la fantasy n’est pas un genre réputé pour sa critique sociétale et que je suis persuadée que les trois quarts de ses subtiles allusions m’échappent complètement.
Rincevent soupira. Il aimait bien les laitues. Elles sont tellement ennuyeuses. Il avait passé des années à chercher l’ennui, en vain. Dès qu’il croyait toucher au but, sa vie prenait soudain un tour du plus haut intérêt. A l’idée qu’on puisse volontairement renoncer à 50 ans d’ennui, il se sentait quasiment défaillir. Avec cinquante ans devant lui, songeait-il, il pourrait élever l’ennui au rang des beaux-arts. Il n’y aurait aucune limite à ce qu’il ne ferait pas.
Du coup on peut lire du Pratchett en restant à la surface des choses et les aventures de ses personnages sont très amusantes et rigolotes, du bon divertissement. Si on va un peu derrière, la lecture en devient vraiment intéressante et permet de se triturer les méninges.
Le Bagage bouillait, mais de rage. Il venait de passer plusieurs heures avec une migraine, durant lesquelles le monde entier, semblait-il, lui avait cherché noise. Il en avait ras les charnières.
Je dois avouer que c’est ce que j’ai préféré faire avec Sourcellerie car j’ai un poil moins accroché au déroulement de l’action en elle-même.
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Pour aller plus loin
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Un Pratchett que je n'ai pas lu mais ta chronique donne envie.
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Dans mon souvenir c'est clairement pas le plus facile ni le plus palpitant.
Pourtant tes extraits me rappellent des passages cultes et me donneraient presque envie d'enfin le relire, si j'avais plus de temps en ce moment!
Et j'acquiesce vigoureusement au talent de Pratchett pour la critique sociale, c'est tellement bon, ça dans toute son oeuvre!
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Un pratchett qui est dans mon panier amazon (oui amazon c'est le mal) depuis très (trop) longtemps. Je vais me laisser tenter mais ce sera de ta faute, j'espère que tu en es consciente 😉
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@Efelle : pas le meilleur mais intéressant ^^
@Tortoise : c'est ça aussi qui est génial avec Pratchett, c'est que même si on accroche moyen à l'histoire, on peut toujours se rattraper sur ses métaphores désopilantes :p
@Lili : j'assume en toute conscience ^^
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L'histoire n'est pas fabuleusement passionnante effectivement, j'ai adoré retrouver Rincevent et surtout le Bagage mais j'avoue que le style humouristique finit par quelque peu me lasser même si cela reste drôlesque.
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Normalement Trois Soeurcières (le suivant) devrait te réconcilier avec l'humour : il est vraiment très chouette. Celui-ci est en effet un brin décevant.
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