Vingt mille lieues sous les mers | Aventure sous-marine

Impressions.

Vingt mille lieues sous les mers raconte la fabuleuse épopée du Professeur Arronax, son serviteur Conseil et Ned Land, chasseur de baleines impénitent à bord du Nautilus. A son bord un personnage répondant au nom de Capitaine Nemo, misanthrope assumé qui voue une passion sans limite à l’océan.

Une relecture pour moi, effectuée dans le cadre de la lecture commune avec le Cercle d’Atuan. C’est avec grand plaisir que j’ai retrouvé la plume de Jules Verne. Je n’avais plus ni lu ni relu un de ses romans depuis une dizaine d’années.

 

Vingt mille lieues sous les mers est très plaisant à lire. Le style est un poil désuet (c’est bien de le dire) mais ça donne du charme à l’ensemble, surtout quand le narrateur (le prof Arronax) part dans des descriptions de théories scientifiques de nos jours complètement saugrenues. Moins drôles sont les listes complètes de poissons dont il vaudra mieux les passer si on ne veut pas s’y noyer :
 
Et si je ne pus observer ni miralets, ni balistes, ni tétrodons, ni hippocampes, ni jouans, ni centrisques, ni blennies, ni surmulets, ni labres, ni éperlans, ni exocets, ni anchois, ni pagels, ni bogues, ni orphes, ni tous ces principaux représentants de l’ordre des pleuronectes, les limandes, les flets, les plies, les soles, les carrelets, communs à l’Atlantique et à la Méditerranée, il faut en accuser la vertigineuse vitesse qui emportait le Nautilus à travers ces eaux opulents. 
 
Et ce n’est ni la pire ni la plus longue. Cela dit, on ne pourra pas dire que Jules Verne ne s’est pas renseigné sur la vie sous-marine en écrivant son livre. Mis à part ce petit inconvénient, l’écriture est facile d’accès et non dénuée d’humour :
 
Faites moi donc le plaisir d’attendre pour vous former une opinion sur le commandant et l’équipage de ce bateau.
– Mon opinion est toute faite, riposta Ned Land. Ce sont des coquins…
– Bon ! et de quel pays ?
– Du pays des coquins !
Les personnages sont attachants, quoi que très caricaturaux mais cela rend le récit encore plus savoureux : Arronax le professeur émérite tellement fasciné par ce qu’il vit que cela ne le dérange pas de rester enfermé dans un sous-marin ; Conseil, son très fidèle domestique ; Ned Land, le harponneur sans peur et sans reproche avide de liberté et un petit peu caractériel sur les bords ; et bien sûr l’inégalable Capitaine Nemo, misanthrope qui a fui la compagnie des hommes en se réfugiant dans les fonds marins.
 

Vingt mille lieues sous les mers est un roman d’aventures, certes, c’est bien connu. Mais attention c’est de l’aventure contemplative. Il n’y a pas d’intrigue trépidante pleine de rebondissements : nous est racontée le voyage de nos trois personnages et régulièrement il se passe des choses comme des balades sous-marines diverses et variées, des rencontres avec des animaux marins plus ou moins amicaux, des chasses, des explorations jamais réalisées jusqu’alors, des tas de choses au final mais tout ceci est assez contemplatif. Personnellement ça m’a beaucoup plu mais ce ne sera peut-être pas le cas de tout le monde.

Il  y a quelques considérations bien du 19ème à propos de l’écologie et des ravages faits par l’homme parmi la faune, ainsi que sur les soi-disant sauvages. Ça peut chatouiller notre façon de concevoir les choses mais il est difficile de faire le moindre reproche à Verne vu l’époque où il vivait. On sent d’ailleurs chez lui un petit penchant à la révolte contre les idées bien pensantes de son siècle. Dans l’extrait suivant, le Capitaine Nemo remonte les bretelles du professeur Arronax :

Des sauvages ! répondit le Capitaine Nemo d’un ton ironique. Et vous vous étonnez, monsieur le professeur, qu’ayant mis le pied sur une des terres de ce globe, vous y trouviez des sauvages ? Des sauvages, où n’y en a t-il pas ? Et d’ailleurs, sont-ils pires que les autres, ceux que vous appelez des sauvages ?
– Mais, capitaine …
– Pour mon compte, monsieur, j’en ai rencontré partout.

Un petit mot de la préface (qui date de 1990) :  elle est très intéressante et donne pas mal d’informations sur la genèse du livre. Par exemple, saviez-vous que George Sand aurait glissé à l’oreille de Jules Verne l’idée d’écrire un livre qui parlerait d’un sous-marin ? Par contre, si vous ne voulez pas être spoilé sur l’identité du Capitaine Nemo, lisez-la après avoir lu L’île mystérieuse.

Informations éditoriales

Publié pour la première fois en 1869-1870 en feuilleton pour le Magasin d’Éducation et RécréationPréface de Christian Chelebourg. Illustrations de l’édition originale Hetzel. 606 pages.



Livre lu en compagnie du Cercle d’Atuan
 
 
 

7 commentaires sur « Vingt mille lieues sous les mers | Aventure sous-marine »

  1. Excellente critique de ce qu’il faut bien appeler un classique de la littérature avec un personnage haut en couleur comme le charismatique Capitaine Nemo. Curieusement, même si je suis un vieil amateur de Jules Vernes, je n’ai jamais lu 20 000 lieux sous les mers, probablement pour avoir vu le film et moult autres versions depuis que je suis tout petit, mais il faudra bien que je m’y lance un jour.
    Pour la petite histoire (qui n’a pas grand-chose à voir mais bon…), depuis le dessin animé Nadia et le secret de l’eau bleu, je ne peux pas m’empêcher de voir Nemo tel qu’il est représenter dans celui-ci.

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  2. Je viens de lire mon premier Verne (Autour de la Lune) et j'ai été assez étonnée par l'humour. Je m'attendais à quelque chose de plus classique et surtout de beaucoup plus conventionnel stylistiquement. C'est un peu Dumas au pays de la SF en fait! Dans le boulet en voyage vers la Lune, Michel Ardan ne pense qu'à une chose, manger… ^^ Ca m'a beaucoup beaucoup amusée et j'en lirai d'autres à l'occasion. Tu m'as intriguée là avec la référence à L'Île mystérieuse!

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  3. Bonjour.
    Les listes de poissons et autres joyeusetés du même acabit (des mots savants ou exotiques écrits sans plus) parcourent les oeuvres de Vernes en ne visant qu'un seul lecteur : son éditeur ! Comme c'est un éditeur « jeunesse » alors que l'écrivain était plus ambitieux, celui-ci berne celui-là en énonçant des mots donnant l'impression d'être pédagogique… Si vous vous replongez dans d'autres oeuvres de Vernes vous verrez qu'il y a beaucoup de mots dans le paysage juste pour faire joli !
    Audib (Babelio)

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  4. @Feanor : Vu le film fait par Disney je crois, j'aimais bien ^^ Si tu es un amateur de Verne, celui-ci devrait te plaire. J'espère que tu trouveras l'occasion un jour.

    @Alys : oui il a un humour qui frise l'ironie parfois. Je suis d'accord avec ta comparaison avec Dumas. C'est du roman d'aventures avec de la sf dedans (parfois pas toujours).

    @Calenwen : il est super chouette. Surtout quand on lit ado. Ça fait rêver …

    @Audib : Merci de l'info. Est-ce que tu sais s'il a écrit certains livres avec plus de liberté ?

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