L’arbre à singes | La poésie d’un voyage en Asie

Brèves impressions.

Au travers de séjours dans différents pays d’Asie, Corée, Japon, Chine et Mongolie, Vincent Hein nous livre ses poétiques impressions de voyage.


Ce petit livre s’est retrouvé de façon tout à fait inattendue dans ma  boite aux lettres, envoi d’un éditeur prévenant. J’ai décidé de le conserver pour mon voyage, il a donc été lu quasi entièrement dans la steppe mongole.

Quand on fait un tel voyage, totalement dépaysant, à la rencontre de cultures  si différentes de la nôtre, de paysages étonnants, on devrait toujours être accompagné d’un livre comme L’arbre à singes. La poésie des mots et de la langue de l’auteur mettent le lecteur dans une ambiance proche de la rêverie, c’est très relaxant d’une part et procure un sentiment d’évasion qui est en adéquation avec la réalité d’autre part. L’exact opposé de lire Petit traité sur l’immensité du monde dans le RER. Seul regret ? Que le chapitre concernant la Mongolie soit si court.
Si la plume de Vincent Hein est  poétique, utilisant un vocabulaire soutenu que l’on lit peu de nos jours, c’est par les portraits que le texte m’a vraiment touchée. L’auteur a le sens de la description des personnes : les adjectifs imagés, les comparaisons nous donnent l’impression que l’être décrit se tient juste à côté de nous.
A côté de moi est assise une femme âgée au visage couperosé et maillé comme une carte routière. Du menton ou de la lèvre du bas, plusieurs itinéraires s’offrent s’offrent à celui qui voudrait se rendre au front. Elle porte sur les genoux un panier d’œufs cuits dans le thé, qui donne à la coquille une jolie teinte vert amande, et qu’elle s’en va vendre un peu plus loin. Elle sent le son et quelque chose qui ressemble à la luzerne fraîchement coupée. Ses mains tremblent doucement, elle me regarde autant qu’elle peut et je la trouve jolie. Peut-être un peu engoncée tout de même au fond du col de sa veste molletonnée. Elle répond immédiatement à mon sourire par un sourire très doux, puis avec l’index trace sur la paume de sa main trois ou quatre caractères que je ne comprends pas. Je m’en veux d’être aussi « bouché » et d’avoir tant de mal à retenir cette langue. Elle me sourit de nouveau et dans ses yeux j’ai maintenant l’impression de lire un « ça ne fait rien… ». Puis elle m’offre un de ses œufs, un gros, qu’elle astique sur sa manche, comme si j’avais six ans et qu’il fallait me consoler.
Un livre plein de poésie et de jolis mots, à embarquer avec soi à l’autre bout du monde.

Pour aller plus loin

Publiée en 2012 chez Denoël. 2013 chez Arléa. llustration de couverture de Hokusaï. 185 pages. Prix de l’Asie 2013.
                                   

2 commentaires sur « L’arbre à singes | La poésie d’un voyage en Asie »

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