Les attracteurs de Rose Street | Made by Lucius Shepard

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Les attracteurs de Rose Street est une novella écrite par Lucius -Griaule- Shepard . Publiée en 2011 en langue anglaise, elle a été éditée en français par Le Bélial en 2018 pour leur collection Une Heure Lumière dans une traduction de Jean-Daniel Brèque. Je poursuis mon rattrapage de lecture de la collection avec cette quinzième publication, la quatrième de l’année 3. On part à Londres dans un ancien bordel hanté à la fin du XIXème siècle. Tout un programme…

Contexte narratif

Samuel Prothero, jeune aliéniste et membre du Club des Inventeurs, se voit abordé par le mystérieux et méprisé Jeffrey Richmond. Mû par la curiosité, il suit l’homme dans le très mal famé quartier de Saint Nichol.

Ceux qui connaissaient  Jeffrey Richmond, si tant est que quiconque pût affirmer l’avoir vraiment connu, le considéraient comme une simple relation, le genre de personne qu’on tolère parce qu’elle appartient à tel ou tel cercle, mais que l’on évite en raison de son caractère peu amène ou de ses fréquentations douteuses.
(Incipit)

Dans une maison qu’il a héritée de sa sœur décédée, il a construit des machines, les « attracteurs », qui aspirent les particules de pollution, responsables du smog londonien. Sauf que, les attracteurs attirent aussi… des fantômes, et en particulier le fantôme de la sœur de Richmond : Christine. Christine est morte dans d’étranges circonstances non élucidées.

Samuel Prothero s’installe dans la maison, qui s’avère être un ancien bordel, pour enquêter sur la mort de Christine et essayer d’entrer en communication avec elle. Le récit est raconté de son point de vue, à la première personne.

« Etrange n’est-ce pas ? dit-il. Penser que lorsque nous errons dans le brouillard londonien, l’étoffe évanescente d’autres vies, se drape autour de nos capes et de nos manteaux, va même jusqu’à s’introduire en nous par la bouche ou les yeux ? Qu’autour de nous dérivent des ombres et des spectres, des êtres qui s’accrochent aux liens de la chair, de vieux amis et de vieux ennemis qui nous veulent encore du bien ou du mal ?

Ambiance gothique

L’aspect enquête et la communication avec le fantôme sont très intéressants et prenant mais ce qui les « sublime », si je puis dire, c’est l’ambiance. J’en distingue 2 aspects :

  • l’aspect gothique du texte, ultra référencé. Ca m’a évoqué surtout la série Penny Dreadful et le Frankenstein de Mary Shelley, mais sur d’autres blogs on trouve plein de références. (Bon ok, oui je sais Penny Dreadful n’a pas été une référence pour Lucius Shepard, d’autant que la série est postérieure, mais en fait cette série est elle-même ultra référencée ; c’est même son principe). C’est très réussi, insinuant la dose d’angoisse adéquate.
  • son unité de lieu, dans un ancien bordel. La fonction première du lieu hante (haha) l’habitation jusqu’au fait que Richmond ait gardé deux des anciennes recrues de l’établissement. Tout cela fait planer sur une atmosphère de tension sexuelle, renforcée par les apparitions du fantôme de Christine, qui met à mal notre jeune et naïf aliéniste. 

En fil rouge, suinte dans le texte une dimension sociale. C’est d’ailleurs en évoquant le mépris hypocrite de la classe aisée qui fréquente le Club des Inventeurs que le récit commence. La confrontation à un milieu qui lui est bien étranger et effrayant va autant jouer sur le cheminement de Samuel que sa rencontre avec le fantôme de Christine. Une belle évolution de personnage.

L’idée que ces hommes aient profité de plaisirs illicites à l’invitation de Richmond pour ensuite le mépriser comme ils le faisaient… voilà qui était conforme à la duplicité des classes aisées telle que je la concevais.

Les attracteurs de Rose Street est une novella qui rend hommage au roman gothique tout en conservant son originalité propre. Shepard relève brillamment le défi de poser une ambiance angoissante et de tension sexuelle en apportant également une dimension sociale au récit.

Informations éditoriales

Novella écrite par Lucius Shepard. Publiée initialement en 2011, 2018 pour la publication en français dans la collection Une Heure Lumière au Bélial’. Traduit de l’anglais par Jean-Daniel Brèque. Illustration de couverture par Aurélien Police. 129 pages.

Pour aller plus loin

Lucius Shepard sur le blog.
La collection Une Heure Lumière sur le blog.
D’autres avis : La bibliothèque d’Aelinel, Albédo, Le Bibliocosme (Dionysos, Boudicca), Les lectures de Shaya, Le culte d’Apophis, Le monde d’Elhyandra, Les lectures du maki, Quoi de neuf sur ma pile, RSF Blog, Nébal, Le chien critique, Blog-o-livre, Ombre Bones, L’ours inculte, 233°C, Nevertwhere, Lorhkan et les mauvais genres, Un papillon dans la Lune, Les critiques de Yuyine, Au pays des cave trolls, L’épaule d’OrionSometimes a book, Navigatrice de l’imaginaire, ou signalez-vous en commentaire.

30 commentaires sur « Les attracteurs de Rose Street | Made by Lucius Shepard »

  1. Ne connaissant pas Penny Dreadfull mais plus Madame Shelley et ses contemporains, je trouve le contexte intéressant, même si Novella (le terme me dérange mais bon… entre nouvelle longue et roman court quoi :p ) alors que j’aime bien laisser la place au développement d’un univers d’une ambiance en plus d’une histoire. Bref, je note sur mes tablettes, pour changer un peu de mes lectures récentes.

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  2. (youhou, elle a le droit à son article dédié ! 🥳)
    Je suis presque prêt à parier que la même histoire par beaucoup d’autres auteurices, je n’aurais pas du tout accroché. Mais le talent de Lucius Shepard pour créer des atmosphères est vraiment incomparable.

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  3. Ouiiiiiiiiiiiin il me le faut. Je suis en train de relire Horreur à Red Hook de Lovecraft et le contexte de début me l’a évoquée aussi, même si en fait ça n’a rien à voir.
    C’est marrant, j’ai cherché à la mettre dans ma liste d’envies sur The Book Depository et découvert qu’elle est, à l’origine, sortie dans une anthologie intitulée Ghosts by gaslights: https://www.bookdepository.com/Ghosts-by-Gaslight-Jack-Dann/9780061999710?ref=grid-view&qid=1619882073829&sr=1-1 L’ambiance que tu décris correspond très, très bien à ce titre.

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    1. Ha mais si tu lis Red Hook c’est La ballade de Black Tom que tu dois lire, ça y fait directement référence.

      Oui c’est ça c’est du gaslight quelque chose le genre du texte. Ca a effectivement de grandes chances de te plaire.

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  4. Beaucoup aimé cette novella. L’ambiance est vraiment réussie et j’aime bien que le texte ne s’arrête pas à une imitation de roman gothique pour verser un peu dans la critique sociale.

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  5. J’ai beaucoup aimé ce titre, le style et l’ambiance m’ont vraiment plu. C’était mon premier Sheppard, depuis j’ai aimé aussi Abimagique pour les même raisons, et j’ai sorti de la pàl un de ses titres pour le lire prochainement (L’aube écarlate) 🙂

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