Etoiles, garde à vous ! | démonstration par l’absurde

Impressions.

J’ai lu le célèbre et souvent controversé roman Etoiles, garde à vous ! de Robert Heinlein. Une plongée réussie dans la SF militariste des années 50.

Juan Rico, personnage principal de Etoiles, garde à vous !, nous conte son parcours de soldat, de la formation aux batailles sur d’autres planètes. La Terre est dirigée par les militaires, seuls prétendants au droit de vote qui mène une guerre sans merci contre les « punaises », sorte d’arachnides intelligents.

L’histoire commence en pleine action : l’unité de Rico doit débarquer sur une planète contrôlée par les Arachnides afin de l’en débarrasser. A partir du second chapitre, un flashback qui se poursuivra pendant une grande partie de livre nous racontera comment Juan en est arrivé là. Il nous raconte sa formation -très dure physiquement et psychologiquement- ses débuts dans l’armée, la guerre contre les Arachnides, sa montée en grade.

Le lecteur se trouvera confronté à des idées militaristes, une apologie de la violence et verra peu à peu Juan Rico coller au discours tenu par l’armée pour finir complètement embrigadé. En effet, son désir de « faire son temps » afin d’obtenir le droit de vote se transforme en un désir de faire carrière et de monter en grade. Il subit en quelque sorte un lavage de cerveau volontaire, facilité par un manque de réflexion au départ (due à une éducation déjà orientée et conditionnée).
Je vais vous faire part de l’évidence absolue : dans notre système, chaque votant, chaque fonctionnaire est un citoyen qui a prouvé, en se portant volontaire pour le Service, qu’il plaçait la sauvegarde du groupe au-dessus de la défense de ses intérêts personnels.
Ce livre et son auteur ont été très critiqués voire rejetés, accusés de pro-militarisme et de fascisme. Personnellement, je vois ce livre comme une démonstration par l’absurde et un indispensable de part la réflexion que l’on en dégage. Je me passerai de juger l’auteur, j’ai lu ce livre sans a priori aucun, sauf que je m’étais bien amusée en voyant le film, il y a de nombreuses années. L’important n’est pas tant de savoir si l’auteur est finalement pro-militariste ou non mais bien de mettre son esprit critique à l’épreuve. Le politiquement correct n’a jamais fait réfléchir personne.

On ne brûle pas Dune et Franck Herbert pour cause de fanatisme religieux, ni Robert Merle pour avoir écrit un livre qui retrace le point de vue du commandant d’Auschwitz. Il n’y a pas plus de raison de brûler celui-ci, qui d’une part être remis dans le contexte de l’époque. Rappelons-nous qu’il a été écrit en 1959, en pleine guerre froide et d’autre part être lu avec autant de RÉFLEXION (tiens, on réfléchit encore de nos jours ?) que les pré-cités.

Dans un vaisseau mixte, le dernier son qu’un soldat entend avant de toucher le sol (et souvent avant de mourir) est une voix de femme, qui lui souhaite bonne chance. Si vous estimez que ça n’est pas important, c’est probablement parce que vous avez démissionné de la race humaine.
Outre ce qui précède, Etoiles garde à vous ! est un livre bien écrit, qui se laisse lire et non dénué d’une forme d’humour noir qui colle bien à la thématique.

Le petit mot provocateur de la fin : ceux qui s’abrutissent devant la Star Academy et autres Secret Story (et qui trouvent ça vraiment géniaaal !) ne sont pas tellement différents d’un Juan Rico, sauf qu’on peut remplacer le fusil laser par la télécommande. Gardez votre esprit critique, bon sang, ou apprenez à en avoir, il n’y a pas plus important aujourd’hui.

Informations éditoriales

Publié pour la première fois en 1959. Titre américain: Starship Troopers. Traduit par Michel Demuth. A remporté le Prix Hugo 1960, meilleur roman ; le Prix Nebula 1974, Grand maître. 317 pages

10 commentaires sur « Etoiles, garde à vous ! | démonstration par l’absurde »

  1. heps, je viens de tomber sur ta critique du livre. Je viens de le terminer et j'en ai fais un article sur mon blog. Une première lecture m'avait d'abord arrêter. Mais une soudaine envie de Space Opera m'a relancé dedans et je l'ai terminé. Du bon, du moins bon, mais cela pousse à la réflexion, et finalement je pense que c'était le voeux de Heinlein : réfléchir.

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  2. La chronique de Julien que je viens de lire, me ramène vers la tienne, que visiblement j'avais ratée à sa publication. J'ai la même lecture que toi concernant cette oeuvre et la satire assumée qu'elle met en exergue.

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  3. Oui je suis un poil acide en effet mais avant d'écrire cette chronique j'étais tombée sur un forum où les participants parlaient d'Heinlein comme d'un fasco fini et qu'il fallait pas lire ses livres etc etc, dire que ça m'avait un peu énervée serait une euphémisme 😀

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