
Ce 101ème Bifrost publié en janvier 2021 par les éditions du Bélial’ fait son dossier sur le copieux et controversé Dan Simmons. Je m’intéresserai dans les présentes impressions aux 4 nouvelles qui ouvrent la revue, à savoir : La fièvre de Steve, Greg Egan ; Je vous ai donné toute l’herbe, Christian Léourier ; Le serveur et la dragonne, Hannu Rajaniemi et La barbe et les cheveux : deux morsures de Dan Simmons. Allons-y…
La fièvre de Steve, Greg Egan
Lincoln, jeune garçon élevé dans une ferme, se met à faire des rêves étranges où il s’échappe de chez lui pour aller à Atlanta. Il se rend à l’évidence qu’il doit pour de vrai mener à bien cette « évasion ». Jusqu’à ce que, la nuit où il exécute son plan, il se fasse choper par sa grand-mère qui lui demande ce qu’il fout.
Quelques semaines après son quatorzième anniversaire, alors que la récolte de soja approchait à grands pas, Lincoln se mit à faire des rêves saisissants où il quittait la ferme et gagnait la ville. Nuit après nuit, il se voyait rassembler ses affaires, marcher d’un pas lourd sur l’autoroute et rejoindre Atlanta en stop.
Incipit.
Un récit intellectuellement réjouissant sur fond de pandémie d’un genre nouveau à base de nanobots qui ne peuvent se détourner de la mission pour laquelle ils ont été conçus. Concis, efficace, pas tout à fait aussi ébouriffant que d’autres textes courts que j’ai pu lire d’Egan, mais je pense plutôt dû à une sensibilité technologique qui est moins la mienne. L’aspect hard SF ne devrait cependant pas rebuter grand monde.
Traduit par Erwann Perchoc, sous la menace d’un revolver tenu par Olivier Girard et Pierre-Paul Durastanti (😱😱😱). Titre original : Steve fever. 2007.
Je vous ai donné toute l’herbe, Christian Léourier
Dan vit dans une colonie sur une planète lointaine. Tout est régit par la Structure, une IA perfectionnée qui a pris en charge l’éducation des enfants alors que les Parents sont tous morts. Dan va à son tour devenir Parent, avec Liv. Mais il se pose beaucoup de questions…
Même sans le secours du traceur individuel de Dan, l’unité n’aurait aucune difficulté à le localiser. Elle le trouva sans surprise le dos calé contre un rocher enluminé par le lichen, les pieds appuyés sur deux pierres émergeant de la mousse, face à la désolation ocre et de l’Extérieur. Ce n’était pas le cas : ses yeux demeuraient grand ouverts. Sans doute, le regard perdu dans le vague, ruminait-il une de ses innombrables questions. Depuis sa plus tendre enfance, Dan avait un don pour les spéculations qu’il ne savait pas résoudre. De ce point de vue, l’adolescence n’avait rien arrangé, au contraire.
Incipit.
Un scénario très léourien qui n’a pas été sans me faire penser au film I am mother de Grant Sputore. L’auteur use toujours aussi bien de sa finesse à nous décrire ses expériences de colonisation en milieu extra-terrestre. La nouvelle se conclut sur une question vertigineuse qui laisse le loisir aux lecteurices de s’imaginer la suite de cette histoire.
Le serveur et la dragonne, Hannu Rajaniemi
Cette nouvelle est de la poésie pour astrophysiciens. Voici quelques expressions auxquelles vous serez confronté si vous lisez cette nouvelle : aveuglante incandescence Hawking, chaos à N corps, vide de Casimir (assurément pas celui de l’île aux enfants), longs filaments de neutralinos, statites de Dyson, etc.
Au commencement, avant qu’il n’y ait un Créateur et une dragonne, le serveur était seul. Comme tous les autres serveurs, il était né d’une minuscule graine tirée depuis un sombrenef explorant le Grand Vide pour étendre la portée du Réseau. Sa première sensation fut la lumière de l’étoile qu’il s’était voué à faire sienne, le spectre chaud et nourrissant qui réveilla la nanologique au sein de sa coquille protéique. A la rencontre de l’astre, le serveur en devenir déploya sa voile décélératrice – des kilomètres de câbles de l’épaisseur d’une molécule qu’il fila et rigidifia – et captura le vent solaire afin de diriger vers la chaleur.
Incipit.
C’est impitchable avec mes propres mots donc je n’essaierai pas de le faire. Même si l’histoire est compréhensible, il est hors de mes compétences de la verbaliser. Le texte n’en reste pas moins étrangement émouvant. 🤔🤔🤔–> l’étendue de ma perplexité.
Traduit par Apophis, avec la collaboration d’Erwann Perchoc. Titre original : The server and the dragon. 2010.
La barbe et les cheveux : deux morsures, Dan Simmons
Un récit vampirique original, en quasi huis clos dans un salon de barbier-coiffeur. Une double narration en spirale, un duo de coiffeurs inquiétants et deux enfants (trop) curieux, voici les éléments d’une histoire fantastique affûtée comme une lame de rasoir et soignée comme une nouvelle coupe de cheveux.
Dehors le sang dégouline en spirale.
Je m’arrête devant la boutique du coiffeur. Elle n’a rien d’exceptionnel. Sans doute y a -t-il la même par chez vous ; sa fonction est annoncée par l’enseigne à l’extérieur, ce tube autour duquel une bande rouge s’enroule en spirale, et par le nom peint sur la devanture, dont les lettres sont de moins en moins nettes à mesure que la peinture dorée vieillit et s’écaille.
Incipit.
Traduit de l’anglais [US] par Jacques Chambon. Titre original : Shave and a haicut, two bites. 1989.
Ce 101ème opus de Bifrost propose à ses lecteurices 4 nouvelles variées, de la hard science (La fièvre de Steve, Greg Egan) au fantastique vampirique (La barbe et les cheveux : deux morsures, Dan Simmons) en passant par de la SF anthropologique (Je vous ai donné toute l’herbe, Christian Léourier) et de la poésie technologique (Le serveur et la dragonne, Hannu Rajaniemi).
Informations éditoriales
Revue publiée en janvier 2021 par les éditions Le Bélial’. Illustration de couverture par Pascal Blanché. 192 pages.
Pour aller plus loin
D’autres avis : Quoi de neuf sur ma pile, L’épaule d’Orion (La fièvre de Steve), Au pays des cave trolls, Ombre Bones (La fièvre de Steve & Je vous ai donné toute l’herbe, Le serveur et la dragonne & La barbe et les cheveux) ou signalez-vous en commentaires.
Il attend encore gentiment que je le lise :3 mais ce que tu dis des nouvelles donne envie de sauter le pas, même si de pauvres traducteurs sont menacés au révolver 😂
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Hahaha, ça va trop loin chez Le Bélial, beaucoup trop loin XD Je serais curieuse de lire ton avis sur Le serveur et la dragonne en particulier ^^
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Bientôt :3
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J’ai beaucoup aimé la nouvelle de Greg Egan, la seule que j’ai lu pour le moment. Je pense me pencher sur d’autres nouvelles de lui. 😊
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En format court c’est nickel, pas si pire que ça pour l’aspect hard SF. Bon picorage bifrostien ^^
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Merci ! ^^
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Des idées de textes à découvrir dans le futur, toujours bon à prendre.
Merci
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Avec plaisir 🙂
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Merci pour le récap de ce numéro que je ne lirai pas! 🙂
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De rien 🤣
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Oula ça va loin pour des traductions chez Bifrost! J’hésitais a me commander ce numéro, je pense que je n’y trouverai pas forcément mon bonheur dans les nouvelles et dossiers
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Oups je n’ai pas vu ce commentaire.
Oui il vaut mieux passer dans ce cas ^^
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C’est tellement improbable ce que tu dis de « Le serveur et la dragonne » que ça donnerait presque envie de la lire. Presque hein, parce que je sais l’effet que me font les propositions que tu cites plus haut. ^^’
Par contre, la nouvelle de Christian Léourier donne bien envie.
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Je pense que cette nouvelle est une singularité. Ca ne m’étonnerait pas qu’elle ait été écrite par une IA ultra développée tentant de communiquer avec nous.
On n’est jamais déçu par une nouvelle de Léourier.
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