Une Heure Lumière | Retour sur l’Année 3

Une Heure Lumière est une collection de novellas créée par les éditions du Bélial en 2016. Depuis elle a pris sa place dans le paysage de les littératures de l’imaginaire. Une place de choix tant par la diversité et la qualité des textes proposés. . Etant aux abonnés absents cette année-là (et les suivantes) et n’aimant pas prendre le train en marche, je me suis résolue à rattraper mon retard en les lisant par ordre de parution. J’ai terminé récemment l’année 3 et je vous propose un petit classement, très subjectif, de ces 5 lectures. Par ordre croissant de préférence.

Classer ces textes a été  compliqué. Je vous le dis tout de suite : j’ai triché. Mais vu les textes responsables, je trouve ma tricherie élégante. De façon générale, les textes de cette troisième années sont tous d’une très grande qualité. 

5/ Les attracteurs de Rose Street, Lucius Shepard [UHL #15]

Il faut bien en mettre un en premier. Enfin en dernier. Bref, vous avez compris. J’ai beaucoup aimé ce texte de Lucius Griaule Shepard qui propose une ambiance gothico-anxiogène dans un bordel hanté. Il y a plein de choses dans ce récit  steampunk-mais-avec-de-l-électricité (ça porte certainement un nom mais soit), de la tension sexuelle, des fantômes, du smog et une dimension sociale

Mes impressions.

Ceux qui connaissaient  Jeffrey Richmond, si tant est que quiconque pût affirmer l’avoir vraiment connu, le considéraient comme une simple relation, le genre de personne qu’on tolère parce qu’elle appartient à tel ou tel cercle, mais que l’on évite en raison de son caractère peu amène ou de ses fréquentations douteuses.
(Incipit)

4/ La ballade de Black Tom, Victor Lavalle [UHL #13]

La ballade de Black Tom est une novella de Victor Lavalle, un auteur afro-américain traduit pour la première fois en français. Le texte se sert du matériau de la nouvelle Horreur à Red Hook, un texte ouvertement raciste de Lovecraft pour retourner la situation et faire de cette Ballade un texte militant anti-raciste. Il raconte l’histoire de Charles Thomas Tester, un afro-américain qui va se retrouver confronté à l’indicible.

C’est très réussi. L’ambiance y est parfaitement lovecraftienne. La nouvelle se tient parfaitement sans avoir lu le support original (ce qui est mon cas). Il n’est pas impossible que je me repenche sur ce texte à la faveur d’une lecture de la nouvelle originelle (j’attends de recevoir une certaine intégrale des textes lovecraftiens, ce qui devrait se faire cette année).

Les impressions de Boudicca.

Les gens qui s’installent à New York commentent tous la même erreur. Font preuve du même aveuglement. Que ce soit à Manhattan, à Flushing Meadows dans le Queens ou à Red Hook à Brooklyn, ils s’attendent à trouver de la magie, bonne ou mauvaise, et rien ne les convaincra qu’ils se sont trompés. Une idée fausse n’a pourtant pas que des inconvénients, puisque certains New Yorkais ont appris à en faire leur gagne-pain. Charles Thomas Tester était de ceux-là.
(Incipit)

3/ Retour sur Titan, Stephen Baxter [UHL #16]

3685. Le système solaire a été conquis dans sa globalité. Enfin presque. Car le plus gros satellite de Saturne, Titan, résiste encore et toujours à l’envahisseur. Les Poole, père et fils, richissimes exploiteurs de ressources interplanétaires, sont déterminés à ajouter Titan à leur cheptel. Mais pour cela il faut prouver que Titan n’abrite aucune espèce sentiente. Une équipe est envoyée sur place dans le noble but de couvrir la vérité. Rien ne va se passer comme prévu.

J’ai beaucoup aimé ce texte de hard SF (c’est assez poussé, j’ai pas tout pigé mais c’est pas grave) qui envoie du sense of wonder qui dépote avec une passionnante exploration de Titan. Le texte va plus loin que la « simple » aventure d’exploration spatiale (qui par certains aspects fait penser à l’exploration vénusienne du Sultan des Nuages de Geoffrey A. Landis) puisqu’il pose les bases d’une apparition de la vie bien ficelée et originale. Il pose aussi quelques réflexions sur le capitalisme à outrance

Les impressions de Gromovar.

Titan se dévoilait peu à peu désormais, vaste plaine de sable et de pierres érodées par le vent sous un ciel orange et brun – un détail qui, cette fois, rappelait Mars. Au-dessus de moi flottaient des nuages d’ethan et de methane ; plus haut encore la brume constituée de divers couches de matériaux organiques s’élevaient sur des dizaines de kilomètres. Et pourtant, je distinguai le soleil, maigre éclat très bas dans le ciel, juste au-dessus de l’horizon. De l’autre côté, se trouvait Saturne à demi-pleine, bien plus imposante que la Lune dans le ciel terrestre.

1/ Issa Elohim, Laurent Kloetzer [UHL #12]

On a passé un numéro ? Comment ? Je ne vois pas du tout ce que vous voulez dire… Allo ? … Je ne vous entends plus. 

Haaaa le plaisir simple du non-choix. Complètement sous-coté si vous voulez mon avis. Issa Elohim nous plonge dans la quête de vérité de Valentine Ziegler au sujet de l’Elohim Issa qui a poppé dans un centre de réfugiées en Afrique du Nord. Une quête de vérité qui n’obtiendra jamais de réponse. Et c’est bien ce qui fait de cette novella un grand texte car l’auteur ne dévie jamais de ses intentions.

Mes impressions.

L’Hôtel des mines d’Araies était ma dernière escale avant le camp Frontex, un palace désolé datant du temps de la colonisation avec réseau satellitaire dernier cri, climatisation aléatoire et plomberie bruyante. J’ai envoyé un mot à Edward pour le rassurer et le faire rire et je me suis allongée un vingtaine de minutes sur le lit étroit ; le trajet depuis la capitale du gouvernorat dans le taxi surchauffé m’avait porté sur les nerfs, le voulais souffler un peu avant d’aller retrouver Gertrud. C’était mon tout premier reportage de ce type ; à dire vrai, j’appréhendais l’arrivée au camp.
(Incipit)

1/ Le fini des mers, Gardner Dozois [UHL #14]

Deux récits peuvent ne pas avoir grand choses en commun et pourtant avoir plus en commun qu’il n’y parait. Le fini des mers est un texte magistral, tant sur le fond que sur la forme qui s’allient pour nous transmettre les intentions de l’auteur : nous confronter à la terreur glaçante de l’impossible communication entre deux mondes qui ne parviennent jamais à se rencontrer et encore moins à se comprendre.

Mes impressions.

Un jour, ils débarquèrent, comme tout le monde l’avait prévu. Tombés d’un ciel bleu candide par une froide et belle journée de novembre, ils étaient quatre, quatre vaisseaux extraterrestres à la dérive tels les premiers flocons de la neige qui menaçait depuis déjà une semaine.
(Incipit)

Et vous ? Quels sont vos UHL préférés de l’année 3 ? Ceux qui vous font le plus envie ?

28 commentaires sur « Une Heure Lumière | Retour sur l’Année 3 »

  1. Je n’ai pas lu tous ceux de l’année 3 mais presque. Par contre j’ai fini ce matin le fini des mers et clairement c’est une pépite ❤️ je suis contente de lire que t’es dans la team des gens qui l’ont aimé, c’était pas trop le cas chez tout le monde quand j’ai fait le tour des chroniques à référencer dans la mienne 😅
    Et comme toi j’ai l’ambition de tout lire en uhl, je rattrape petit à petit la collection :3

    Aimé par 1 personne

    1. Lesquels n’as tu pas lu ?
      J’ai vu passer ta chronique, je la lirai aujourd’hui ou demain. Il me semble avoir vu sur le forum du Bélial que c’était le titre UHL qui se vendait le moins ? Je ne suis plus très sûre de l’info faudrait vérifier. Ca me rend un peu tristoune que si peu de gens l’apprécient, c’est vraiment un texte très fûté.
      Bonne chance alors, En comptant les HS, il m’en reste près de 20, et c’est pas comme s’il n’en sortait plus régulièrement. Je suis pas sortie de l’auberge pour ma part XD

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      1. Retour sur titan et Issah Eloim mais le premier est dans ma pal je devrais le lire d’ici une semaine ou deux max je pense 😁
        Je crois avoir lu aussi cette info, comme toi ça me rend assez triste vu la qualité et l’intelligence du texte.. J’espère que ça changera sur le long terme !
        Hahaha je compatis c’est vrai que c’est pas évident à rattraper 😅

        Aimé par 1 personne

  2. Ah c’est toujours bien d’avoir des retours sur des anciens UHL comme ça. J’ai aussi pris le train en marche, je n’en ai lu que très peu pour l’instant donc ça m’aide bien à choisir les prochains que je vais prendre !

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  3. Bon il faudrait vraiment que je lise les Attracteurs de Rose Street, ouin ouin!!
    Une belle année, visiblement. Je n’ai pas apprécié Issa Elohim outre-mesure, moi, cette absence de réponse n’étant pas à mon goût. Mais je suis ravie que tu aies aimé.

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      1. Mais oui mais c’est relou, car il est sorti dans une anthologie qui ne m’intéresse pas, Ghosts by gaslight. À mon avis, je vais finir par l’emprunter à quelqu’un en français. 😜

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  4. Je ne sais pas si Griaule va accepter ce classement. 🐲 Heureusement que « Issa Elohim » est tout en haut pour compenser ça.
    Et le hors-série alors, c’est une autre tricherie, il sert juste de décoration ? =P

    Aimé par 1 personne

  5. C’est courageux de les classer, j’aurais bien du mal parce que je trouve qu’ils ne jouent pas dans la même catégorie. J’avais beaucoup aimé le Kloetzer et le Shepard mais pas pour les mêmes raisons. Retour sur Titan était sympa. Le Fini des mers mériterait une 2e lecture probablement. Il n’y a que La Ballade de Black Tom qui ne m’a pas trop parlé en fait.

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