10 films que vous auriez pu voir au cinéma (2) | Hiver 2022-2023

Qu’est-ce que j’ai vu de beau au cinéma cet hiver ? Peut-être pourriez-vous y trouver des idées de films à rattraper ? Dites-moi ceux qui vous intéresse… Ou peut-être les avez-vous vus ? Racontez-moi ce que vous en avez pensé en commentaire…

Le mot de la dragonnière

On se retrouve pour la seconde édition de notre rendez-vous cinématographique saisonnier. J’ai sélectionné 10 nouveaux films sortis ces trois derniers mois dans nos salles. Une sélection encore une fois réjouissante avec, entre autres, du cinéma islandais et japonais, du cinéma d’animation et toutes sortes de choses.

Si vous ne souhaitez pas attendre, vous pouvez me suivre sur Letterboxd j’y poste systématiquement un avis de chaque film que je vois ou guetter le lien vers Letterboxd sur Twitter.

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Place aux films…

Ernest et Célestine : Le voyage en Charabie, Julien Chheng & Jean-Christophe Roger (14/12/22)

Célestine casse le violon d’Ernest (sans le faire exprès). Seule solution, se rendre en Charabie, le pays d’origine d’Ernest, pour le faire réparer. Mais pourquoi donc une loi interdit l’usage de toutes les notes de musique sauf le do ?

Merveilleuse itération d’Ernest et Célestine qui ravira petits et grands. A propos de l’absurdité de certaines règles (c’est comme ça et pas autrement) en filigrane la critique d’un régime totalitaire, l’amour de la musique, la transmission parent-enfant et bien sûr l’amitié indéfectible qui unit la petite souris maligne et le gros ours bourru. L’animation est bien évidemment à la hauteur des attentes, dans la droite lignée des dessins originaux et du film de 2012.

Godland, Hlynur Palmáson (21/12/22)

A la fin du 19ème siècle, un jeune prêtre danois est missionné pour construire une église en Islande, alors colonie danoise. Il entreprend un voyage pour traverser l’Islande à cheval accompagné d’autochtones. Dans ses bagages, un lourd matériel photographique qui lui permet de prendre les paysages et les habitants en photo.

Au début du film dont le format carré s’inspire du format des daguerréotypes de l’époque, il nous est spécifié que l’histoire a été construite autour de 7 photographies prises par un prêtre danois. Ce qui semble être une licence artistique du réalisateur (animusmagazine.com/2022/06/29/godland-hlynur-palmason/). Qu’importe !

Le résultat est stupéfiant. Survival contemplatif dans sa première partie, Godland suit ce prêtre ébranlé par un voyage physiquement, psychologiquement et moralement éprouvant, dans un environnement impitoyable en compagnie d’autochtones qui le sont tout autant. Thriller moral dans sa seconde partie, Godland va pousser le prêtre dans ses derniers retranchements au contact de la famille danoise qui l’accueille.

Ce film m’a fascinée par sa photographie et son propos. Malgré sa haute teneur contemplative et une fatigue certaine de fin de journée de travail, j’ai passé ces deux heures 20 les yeux écarquillés devant l’inexorabilité de la proposition du réalisateur, Hlynur Pálmason.

Les banshees d’Inisherin, Martin McDonagh (28/12/22)

Sur l’île d’Inisherin, Paidric et Colm sont amis. Enfin… étaient puisque sans raison apparente Colm refuse toute interaction avec Paidric. Va s’en suivre une escalade dans cette inimitié incompréhensible. Au loin, sur les côtes de la « grande île », les coups de feu de la guerre civile.

Ma foi ce film est juste incroyable dans son propos sur cette amitié qui se déchire, ses acteurices époustouflants (en particulier Colin Farrell et Brendan Gleeson), sa peinture de l’Irlande rurale du début du 20ème siècle, ses paysages et sa cruauté tranquille.

Babylon, Damien Chazelle (18/01/23)

Rise and fall du cinéma muet et des personnages qui gravitent autour, passage des années 20 à 30 de l’industrie cinématographique, la fin d’une ère et le début d’une nouvelle, Babylon hurle à la face du monde son amour passionnel du cinéma avec perte et fracas, un amour dont ses instigateurs ne sortent pas indemnes. Et le spectateur ? Non plus.

La première partie est flamboyante excessive et drôle. Elle m’a mis des étoiles dans les yeux et de la joie dans le coeur. La seconde partie est awkward et dépressive. Elle m’a confusé le cerveau.

Je me demande si ce que j’ai vu est du génie ou de la folie. Les 2 sans doute.

La famille Asada, Ryôta Nakano (25/01/23)

Masachi se voit offrir l’appareil photo de son père pour ses 12 ans. Il deviendra photographe. Sa vocation est quelque peu contrariée mais il finit par trouver sa voie en prenant des photos de sa famille, pleines d’humour et d’amour. Elle se sublimera lors du tsunami de 2011 lorsqu’il aide les gens à retrouver leurs photos.

Le film suit une intention forte et n’en dévie jamais. La photo de famille est au centre de l’attention du début à la fin. Le genre de coherence et du souci du détail et du message à transmettre qui me parle beaucoup.

La famille Asada est attendrissante. Un peu loufoque mais pas trop. Une mère infirmière. Un père au foyer. 2 garçons un peu paresseux mais pas trop. La première partie du film s’attarde sur eux, avec pour point central Masachi et sa quête de vocation 

La puissance du film se révèle dans sa seconde partie après le tsunami. Masachi ne prend plus de photo, il les nettoie patiemment de la boue dans laquelle elles se sont abîmées. Il fera la connaissance de personnes touchées par le tsunami, qui ont perdu leur maison, un être cher, leurs photos de famille. C’est vraiment intense et ça m’a profondément émue. Par exemple, comment il fait comprendre à cette petite fille pourquoi elle ne retrouve aucune photo de son père. Malgré ces émotions chargées, le film n‘oublie jamais d’être drôle et ça le rend encore meilleur.

La famille Asada est inspiré de faits réels.

Tár, Todd Field (25/01/23)

Lydia Tár est au sommet de sa carrière : chef d’orchestre d’un orchestre symphonique à Berlin, elle prépare un concert de la n°5 de Malher et s’apprête à sortir son autobiographie.

Dans un fall magistral on la voit sombrer en l’espace de quelques semaines alors qu’elle est accusée de harcèlement.

Film subtil sur l’hubris, cet orgueil démesuré qu’appelle le pouvoir. Cate Blanchet magistrale.

Maurice le chat fabuleux, Toby Genkel & Florian Westermann (01/02/23)

Maurice le chat qui parle orchestre savamment une escroquerie destinée à vider les poches de villageois naïfs à l’aide de Keith le jeune orphelin joueur de flûte et une bande de rats qui parlent aussi. Ils entrent dans une ville où ils comptent répéter la recette de leur succès mais personne dans les rues ni humain ni rat et pas de nourriture non plus. C’est alors qu’ils font la connaissance de Malicia, jeune fille férue de lecture… bien déterminée à découvrir ce qui se trame en ville.

Ce film est une adaptation du roman du même nom de Terry Pratchett, faisant partie des Annales du Disque-Monde. Ceci pour attirer le chaland amateur de fantasy car je n’ai pas lu le livre dont le film est tiré. Mais maintenant que je vous ai attiré au doux son de ma flûte pratchettienne, vous resterez bien pour la suite.

Le fabuleux Maurice c’est un peu 3000 ans à t’attendre version fantasy animalière pour les enfants … et les adultes aussi vu qu’il est bourré de sous-textes. Cette fabuleuse ode aux contes et aux histoires qui de clins d’oeil en références au quatrième mur qui prend quelques coups, jusqu’à la mise en abime ne pourra que ravir les amateurs. 

Le film est aussi très drôle, avec de chouettes gags, souvent référencés, et des personnages très attachants. Les révélations sont un peu évidentes pour un adulte mais ce n’est pas bien grave. Après tout, « ce n’est pas l’histoire qui est importante mais ce qu’on en fait » comme le dirait Malicia.

La montagne, Thomas Salvador (01/02/23)

C’est l’histoire d’un gars qui s’appelle Pierre, ce qui, vu ce qui va se produire dans le film, ne s’invente pas. Lors d’un voyage d’affaires il se sent appelé par la montagne et laisse tout tomber pour aller camper dans la neige en haute montagne et arpenter les glaciers. Un soir, il voit d’étranges lueurs au loin dans la montagne et décide le lendemain d’aller voir de quoi il retourne.

Vous l’aurez compris on passera quasi tout le film dans la montagne, les Alpes plus précisément. Il faut avouer que la vue est magnifique là-haut et le film ne se prive pas de nous le prouver.

La première partie qui nous montre en long en large est en travers le cheminement de Pierre prend beaucoup -trop- son temps. Près d’une heure de film avant que le fantastique ne pointe le bout de son nez. Peut être il fallait ça pour nous plonger mieux dans l’étrangeté de la suite, de nous communiquer la lenteur du temps de la montagne qui devient celui de Pierre, je ne sais pas. 

Par contre il faut avouer que la partie fantastique est vraiment étonnante, avec une expérimentation visuelle somptueuse et poétique que j’ai beaucoup aimée.

Titanic, James Cameron (reprise 08/02/23)

Alors que Rose est vouée à se marier à un riche fiancé pour sauver les meubles familiaux, Jack gagne sa place en 3ème classe sur le Titanic au poker. Ils se rencontrent sur le bateau, tombent amoureux et s’en est suivi 25 ans de discussions pour savoir s’il y avait de la place pour deux sur cette fichue planche.

Bref… j’ai revu Titanic en salle, 25 ans après.

Cameron allie avec génie la technologie, le grand spectacle, le récit de l’émancipation d’une femme qui ne supporte plus les chaînes de son milieu, une fresque sociale tragique, une grande histoire d’amour et des émotions. On peut dire ce qu’on veut de Titanic mais si ça ce n’est pas du grand cinéma, je mange mon chapeau.

The Fabelmans, Steven Spielberg (22/02/23)

Sam Fabelman découvre le cinéma à 6 ans avec Le plus grand chapiteau du monde. C’est au travers de ses tentatives de reconstituer l’accident de train du film avec son train électrique et la caméra paternelle que va naître son obsession pour la réalisation de films

Fabelmans parle bien sûr de cinéma et de comment grandit cette passion pour la réalisation dans l’univers de ce garçon, avec une dimension autobiographique indéniable. On a l’impression de recevoir quelque chose de vraiment intime de la part de Spielberg, comment son enfance a été à ce point importante pour l’homme de cinéma qu’il est devenu, de son regard sur le cinéma, comme médium qui peut impacter, voire changer la réalité.

Fabelmans est aussi une fresque familiale à la fois heureuse et tragique, comme le sont souvent les fresques familiales. Le personnage de la mère est tellement juste et magnifique. Ici encore tout est toujours conjugué au temps de la caméra du jeune Sam dans les films familiaux qu’il tourne, dans ce film annexe qu’il montrera à sa mère depuis le placard de sa chambre, dans ce plan très court d’une vision fictive de Sam derrière la caméra depuis le miroir du salon.

Vraiment ce film est superbe, plein d’émotions de part le film lui-même mais aussi d’émotions « méta » quand on aime le cinéma en général, celui de Spielberg en particulier. J’ai envie d’y retourner, juste pour revoir ce petit mouvement de caméra de la dernière scène, ce petit mouvement qui dit tout de la complicité entre le réalisateur et le public.

Et vous ? Vous avez vu ou allez voir quoi ?

LE GIF QUI ILLUSTRE CET ARTICLE EST PORTÉ AU CRÉDIT DU SITE INGRESSO.COM PAR GIPHY. JE LOVE D’AMOUR CE GIF QUI EST LA QUINTESCENCE DU CINÉMA : LES ÉMOTIONS. MERCI. 🧡🧡🧡
BANNIÈRE BY ANNE-LAURE DU BLOG CHUT MAMAN LIT

18 commentaires sur « 10 films que vous auriez pu voir au cinéma (2) | Hiver 2022-2023 »

  1. J’en ai vu 5 sur les 10. Il n’y a que Tar que j’ai détesté.

    Dans les récents, j’ai beaucoup aimé Aftersun, Empire of light, Women Talking et Emily.

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    1. Quels 5 ? Tu as vu La montagne ?
      Un peu passée à côté d’Aftersun, beaucoup aimé Empire of Light, j’ai trouvé des choses intéressantes dans Women talking mais aussi pas mal de reproches. Vraisemblablement je ne verrai pas Emily qui ne passe déjà plus dans aucun cinéma qui m’arrange.

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      1. Vu :
        Godland : très beau et impressionnant, mais sans émotion.
        Les banshees : même avis que toi
        Babylon : Chazelle en fait trop, ca aurait mérité des coupes, c’est artificiel, et les seules vrais émotions cinématographiques sont dans la séquence finale.
        la famille asada : même avis que toi
        Tar : en dehors de kate blanchett qui est remarquable, j’ai détesté ce film réactionnaire.
        Pas vu la montagne, j’ai beaucoup hésité et la bande annonce me laissait un peu sceptique.

        Et dommage pour Emily, c’est un film avec plusieurs scènes vraiment très belles (dont une fantastique) et des plans cinématographiques bien interessants.

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        1. C’est marrant ce que tu dis de Babylon : y en a qui ont trouvé que la séquence finale était hyper prétentieuse XD (pas moi)
          La montagne est très spécial et longuet mais la partie fantastique du film est étonnante visuellement. Si jamais tu as l’occasion de rattraper un jour, ton avis m’intéresse.

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        2. Et tant que j’y suis, les films que je n’ai pas aimé :
          – hinterland : utlra prétentieux pour cacher un scénario quelconque
          – knock at the cabin : mauvais et d’une lourdeur religieuse pénible comme d’habitude chez Shyamalan
          – goutte d’or : bien trop malaisant pour mon état d’esprit actuel

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  2. C’est là que je réalise que je n’ai jamais vu « Ernest et Célestine », je ne sais pas comment c’est possible. Ça m’en fait donc deux à rattraper.
    « Babylon » ne me tente pas particulièrement… mais comme c’est Damien Chazelle, je le verrai peut-être un jour quand même.

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  3. J’ai vu Titanic! J’ai vu Titanic! 🥳🥳🥳🥳
    Bon, j’ai raté les Banshees et Tar. J’espérais qu’un Oscar vienne soutenir une reprogrammation, mais Michelle Yeoh a tout raflé. 👀
    C’est marrant, j’ai vu une dizaine de minutes de Babylon, un moment où Margot Robbie danse, et ça m’a totalement repoussée; ça m’a semblé très artificiel, comme dit Rmd ci-dessus, très forcé. Je l’avais un peu pris pour un film à paillettes avec une fille sexy et je ne m’attendais pas à le retrouver ici.

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    1. Babylon est vraiment bien, un bel hommage au cinéma. C’est baroque et excessif, c’est exactement l’effet recherché, ça ne veut pas dire que le film n’a rien à dire. C’est assez clivant comme film en effet, les uns adorent les autres détestent (pour exemple la fin du film que des gens comme rmd ou moi avons pris pour un vibrant hommage au cinéma a été trouvée incroyablement prétentieuse par un de mes collègues amateurs de cinéma).
      Mais bon bref, les attentes tout ça, je t’avoue en penser rarement du bien.

      Aimé par 1 personne

  4. Pas vu grand chose là dedans, mais j’avais noté (et raté) Tàr et Babylon. Et je note pour Banshee, j’avais hésité, et finalement non, peut-être bien à tord finalement.

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  5. Babylon était top, malgré un visionnage avorté la 1ère fois car le film s’est arrêté à la question de savoir si avec les pancakes, sirop chaud ou pas^^
    Je l’ai vu avec un pote donc et on a kiffé le moment.
    Tar, et une magistrale Cate Blanchett, j’ai trouvé la photo et mise en scène très belle.

    Et le reste est à rattrapé en partie. Gros regret d’avoir manqué d’énergie pour aller voir au ciné Banshees

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