
Léopard noir, loup rouge est un roman écrit par Marlon James. Il a été traduit en français par Héloïse Esquié et publié chez Albin Michel en 2022. C’est un roman touffu qui va puiser son inspiration dans les mythes africains pour offrir au lecteur une fantasy ambitieuse. Je me suis un peu perdue en chemin… Je vous dis tout.
Pisteur a « du nez ». C’est-à-dire qu’il sent les odeurs avec une intensité surnaturelle ce qui lui permet de partir sur la trace de personnes disparues. Quelques années plus tôt, il s’est mis à la recherche d’un enfant disparu, avec un groupe de compagnons hétéroclite. Il est à présent en prison, interrogé par un homme qu’il nomme l’Inquisiteur. L’enfant est mort et il faut un coupable. Pisteur entreprend alors de raconter cette histoire depuis le début, le moment où il s’est enfuit de chez lui. Cette histoire et beaucoup d’autres.
Tout autour, c’étaient les ténèbres, bleu nuit, vert, et aussi gris ; meme dans le ciel, il n’y avait que peu d’étoiles. Mais alors la brousse s’est mise à prendre sens. Les arbres étaient des mains qui poussaient de la terre, allongeant leurs doigts courbés. Le serpent qui s’enroulait était un sentier. Les ailes qui bruissaient dans la nuit appartenaient à des chouettes, pas à des diables.
Le roman se passe dans une Afrique antique et fantasmée issue des mythes et du folklore de divers groupes ethniques que l’on peut tenter de retracer en entrant les très nombreux termes spécifiques (Sangoma, Sasabonsa, Inpundulu, tokoloshe, …) dans un moteur de recherche. Un foisonnement culturel et mythologique impressionnant et ce qui m’avait donné envie de découvrir ce texte.
Pour déployer son arsenal l’auteur nous met au prise avec un narrateur non fiable qui livre sa version des faits aux autorités et vient faire le lien entre le récit et ces mythes issus d’une tradition orale. Il a la langue bien pendue, ce narrateur, et perd le lecteur dans de multiples enchâssements, digressions, et autres discours contradictoires, l’ensemble avec une touche d’humour. Cela touche au sublime et en même temps c’est extrêmement difficile à suivre. L’écriture est décousue, l’intrigue met un temps fou à se mettre en place. La narration, quant à elle, est pleine de bruit et de fureur, de violence et de sexe.
Et c’est peut-être là, comme les deux dernières fois qu’elle l’avait dit, que je me suis laissé violemment retomber sur les tapis, sonné. Tout ce qui n’est pas mort avait eu vingt et neuf jours – une lune entière – pour grandir, y compris la vérité et les mensonges. Les voyageurs étaient rentrés depuis longtemps. Des créatures étaient nées et devenues vieillies, d’autres étaient mortes, et celles qui étaient mortes s’étaient flétries et étaient retournées à la poussière pendant ce temps. J’ai entendu parler de bêtes énormes qui dorment pendant toute la saison froide, et d’hommes qui tombent malades et ne se relèvent jamais, mais là, c’était comme si quelqu’un avait volé mes jours et celui que j’aurais dû être pendant qu’ils s’écoulaient. Ma vie, mon souffle, ma démarche : je me suis rappelé pourquoi je déteste la sorcellerie et tout ce qui est magie.
En pleine crise d’insomnie, je vous avoue que ce texte que j’ai mis 7 semaines à lire m’a donné de sérieux fils à retordre. J’aurais pu le laisser tomber 10 fois. Je me suis accrochée à cause, ou grâce, je ne sais pas trop, de la singularité de la proposition, étant bien consciente de lire quelque chose que je n’avais jamais lu.
Léopard noir, loup rouge est le premier tome d’une trilogie et, à ce stade de ma réflexion (mais tout peut changer, je suis un peu confuse par l’ampleur du machin), j’en suis à me dire que je suis contente d’avoir lu ces 700 pages aussi épineuses fussent-elles mais que je vais en rester là. Il parait qu’une série télé pourrait voir le jour, il va sans dire qu’en ce cas, je me jetterai dessus.
Léopard noir, loup rouge est un récit de fantasty ambitieux se déroulant dans une Afrique antique et mythique. Le foisonnement de l’histoire, de personnages et de sous-intrigues ont presque eu raison de moi et je m’en vois désolée. Il s’agit du premier tome d’une trilogie qu’il est peu probable, à ce stade, que je poursuive.
Informations éditoriales
Roman écrit par Marlon James. Publié initialement en 2019. 2022 pour la publication française. Traduit de l’anglais (Jamaïque) par Héloïse Esquié. Titre original : Black leopard, red wolf. Illustration de couverture par Pablo Gerardo Camacho. Cartes par l’auteur. 699 pages.
Pour aller plus loin
Episode de C’est plus que de la fantasy consacré à Marlon James.
D’autres avis : L’épaule d’Orion, Quoi de neuf sur ma pile, Les chroniques du chroniqueur, ou signalez-vous en commentaire.
Je n’ai compris qu’à la fin qu’il y aurait une suite. J’espère que j’aurai le temps de la lire, car pour ma part j’ai beaucoup apprécié ce roman incroyablement riche et foisonnent 😉
J’aimeJ’aime
Haha, eh bien j’attendrai de voir les avis sur le 2 si jamais je dois en venir à changer d’avis ^^ C’est cool que tu aies aimé.
J’aimeAimé par 1 personne
Oui j’ai réussi à m’y projeter !
J’aimeAimé par 1 personne
Malgré ton retour, je suis curieuse de découvrir ce titre. Je pense que j’attendrai de voir ce que donne les tomes suivants, cela dit.
J’aimeJ’aime
Bonne idée ^^
J’aimeJ’aime
De l’ampleur, de la richesse, de la culture, de la singularité, un narrateur non fiable, d’autres gros livres à suivre, … je suis à deux doigts de dire que c’est le « Terra Ignota » de la fantasy.
À quel point c’est un tome 1 ? Il y a un minimum de finalité ?
J’aimeJ’aime
Haha, bien vu, il y a de ça, tu peux rajouter l’ambition du machin aussi et le fait que ça plait pas à tout le monde.
Oui me semble-t-il, mes souvenirs sont déjà en train de s’effacer.
J’aimeJ’aime
En tout cas les thématiques ont l’air intéressantes, c’est dommage que ça soit aussi difficile à suivre !
J’aimeJ’aime
voilà exactement ^^
J’aimeJ’aime
Je l’avais repéré à sa sortie, il me fait très envie ! Il fait un peu peur, mais on m’a dit un jour que j’aimais les livres compliqué alors j’espère que ça me plaira (si j’arrive à le lire)
J’aimeJ’aime
🤞
J’aimeJ’aime
Ça a l’air intéressant mais je suis toujours dans Anatèm, alors je vais y aller doucement 😅
J’aimeJ’aime
Chacune son pavé exigeant 😅
J’aimeJ’aime
Long et exigeant ? Je passe mon tour au moins pour quelques années encore 😅
Il manque un sous titre à ton billet 👀
J’aimeJ’aime
C’est surtout que c’est de la fantasy, jdcjdr.
Je lâche du lest sur les sous-titres, si j’ai une idée je le mets, si pas, le nom de l’auteur c’est bien aussi. D’ailleurs c’est sur le fil que Les contes suspendus a eu le sien.
J’aimeJ’aime
Gloups, il a l’air de paser ses sept semaines de lecture! (Ce qui fait tout de même cent pages par semaine: pas mal, vu ce que tu en dis.) Bon, je pense que ça ne me plairait pas du tout, mais je trouve super que Albin Michel sorte ce genre de bouquin dont il ne prévoient, vraisemblablement, pas des ventes mirobolantes.
J’aimeJ’aime
Oui c’est super qu’ils fassent ce type de publication. En plus c’est un pavé et une trilogie.
J’aimeAimé par 1 personne