L’humanité-femme | Joanna Russ

L’humanité-femme est un roman écrit par Joanna Russ publié en 1975. Il a été traduit en français par Jean-Luc Planchat et publié en Français en 1977 chez Robert Laffont sous le titre L’autre moitié de l’homme. Mnémos, qui commence à avoir un sacré fond de republications de classiques, le ressort cette année avec une révision de la traduction que l’on doit à Nathalie Mège. Je l’ai commencé avec enthousiasme, ai persisté mi-figue mi-raisin et l’ai abandonné à la moitié. Je vous dis pourquoi.

Janet vient de Lointemps, une Terre du futur d’où les mâles ont disparu, victimes d’une épidémie. La société s’est ma foi fort bien réorganisée sans eux avec les femmes constituant 100% de l’humanité. De ce fait, lorsqu’elle se retrouve sur Terre dans les années 70, Jeannette découvre le sexisme avec consternation.

J’avais très envie d’aimer ce roman, vraiment. Mais, arrivée à la moitié, j’ai renoncé à le terminer. Le propos en soi est passionnant, traitant frontalement du sexisme et des rapports inégaux entre les genres. L’autrice est très engagée et on sent la niak qui l’anime.

Le texte est composé d’un ensemble de scènes, le plus souvent de quelques pages, parfois plus courtes parfois plus longues, qui peuvent aborder différents aspects de la condition des femmes des années 70 en comparaison avec la condition des femmes de Lointemps, des séquences qui mettent en colère ou qui font rire jaune car l’autrice n’hésite pas à faire preuve d’humour.

Quelques exemples :

Quand on hurle, on vous trouve mélodramatique ; quand on se soumet, masochiste : quand on lance des injures, une salope. Si on le frappe, il veut nous tuer. La meilleure réaction est de souffrir en silence tout en espérant qu’un sauveur se manifeste, mais si aucun n’arrive ?

ou bien :

[note de moi : un présentateur d’émission télé, lunaire, n’arrive pas à concevoir que les femmes de Lointemps puissent avoir des rapports sexuels en l’absence de gent masculine]
JE [note de moi: C’est Janet notre protagoniste] : Ah ! Vous voulez dire la copulation.
MC : Oui.
JE : Et vous dites que nous ne la connaissons pas ?
MC : Oui.
JE : C’est idiot. Bien sûr que nous copulons.
MC : Ah ? (Avec l’air de dire : « Surtout n’allez pas plus loin. »)
JE : Nous copulons entre nous, oui. Je vais vous expliquer.
Elle est interrompue aussitôt par une réclame décrivant poétiquement les joies du pain non tranché.

Mais il y a aussi des passages que j’ai trouvé incompréhensibles, par exemple :

-Si ce n’est pas moi ni à moi (écrivit Dunyasha Bernadettefils en 368 A.C.) : ça va.
-Si c’est moi ou à moi : dommage.
-Si c’est nous ou à nous : prends garde !

Il y a plusieurs lignes narratives par ailleurs, dont une qui raconte des petits bouts d’une Terre uchronique où la Seconde Guerre Mondiale n’a pas eu lieu. Je n’ai pas compris où cela nous menait, mais peut être ai-je arrêté ma lecture avant d’avoir le fin mot de l’histoire.

Bref, tout ça pour dire qu’à un moment donné, l’ensemble décousu de scènes, les chapitres abscons et la narration sans queue ni tête ont eu raison de moi. Je voyais surtout le temps filer, ma lecture ne pas avancer et les autres livres en attente sur ma table de chevet qui me faisaient de l’œil, j’ai laissé tomber.

Informations éditoriales

Roman écrit par Joanna Russ. Publié initialement en 1975. 2023 pour la republication française avec une traduction révisée et une préface de Stéphanie Nicot.. Traduit de l’anglais par Henry-Luc Planchat, révision par Nathalie Mège. Titre original : The Female Man. Couverture par A.O.R. 269 pages.

Pour aller plus loin

D’autres avis : Le nocher des livres, ou signalez-vous en commentaire.

23 commentaires sur « L’humanité-femme | Joanna Russ »

  1. Ça peut se lire/s’envisager comme un recueil de nouvelles ou il y a quand même trop de trame pour cela ?
    J’espère que ça se passera mieux pour toi quand tu liras le UHL de James Tiptree Jr., qui me semble avoir quelques similitudes (au moins thématiques).

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    1. Ça peut se lire/s’envisager comme un recueil de nouvelles -> bof, pas vraiment, ça ne solutionnerait rien, en tout cas ça ne m’a pas traversé l’esprit ou alors ça n’aurait rien changé.

      Ce n’est pas du tout la thématique qui pose souci ici.

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  2. Je suis d’accord avec toi, on en avait discuté, c’est parfois incompréhensible (l’exemple que tu proposes m’a laissé perplexe moi aussi, comme d’autres). Mais je devais être dans un bon moment et j’ai réussi à m’accrocher jusqu’au bout. La fin est plus lisible, plus chronologique.

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  3. Je te comprends, moi il m’a fallu deux lectures pour arrivé à relié cette naration plurielle. La SF permet des visons radicales parfois. Ici pas simple de se mettre dans la peau des 4 atavars de notre autrices qui vivent respectivement dans 4 mondes revisités dans 2 sont totalement opposés, un totalement féminin, l’autre purement masculin ( Lointemps et Manland). Complexe aussi de relié ces 4 récits. Ces 4 vécus dans des univers revisités nous parle, je crois essentiellement de l’absurdité de notre monde, celui des année 70 quand le texte à été écrit mais aussi de la condition de la femme. Et entre 1970 et aujourd’hui les lignes sur ce sujet n’ont pas vraiment changé…

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    1. Le texte manque de liant je pense, les 4 lignes narratives en soi ne sont pas en cause, j’ai lu et apprécié d’autres livres avec une narration complexe. Le fait est qu’au final je ne ressentais qu’un ennui profond à l’idée de reprendre cette lecture, je pense aussi simplement que l’histoire ne m’accrochais pas suffisamment, même si le propos est intéressant.

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  4. La narration semble singulière 🙂
    De toute façon, je me dis qu’il y a peu de chance que je tombe sur le titre alors je n’ai pas le sentiment de perdre quelque chose.
    (mais je note quand même l’intérêt du thème et l’engagement de l’autrice)

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