Space Opera | Votre space opera de l’été

Impressions.

La richissime Dame Isabel Grayce s’ennuie et ne sait que faire de son argent. Elle décide donc de monter une troupe d’opéra et de partir de planète en planète afin de montrer la beauté de la musique aux populations extraterrestres, avec pour but ultime la planète Rlaru, réputée pour sa population mélomane.

D’un point de vue journalistique, le monde à ce moment-là était plongé dans la torpeur. Pas la moindre bataille politique, les procès en injures publiques Hall-Anderson étaient terminés ; la dernière main avait été donnée à la restauration de l’antique Athènes ; personne n’avait vu le Monstre du Loch Ness depuis plusieurs mois. Le divorce de Barbara Bankwiler d’avec le Grand-Duc du Tibet avait été prévisible ; les nouveaux modèles d’aérocars ne sortiraient pas avant plusieurs mois. Certes, ça et là, il y avait bien quelques nouvelles : la société de l’Homme Bleu avait fait l’acquisition de quatre cent milles hectares de terrain au cœur de la Mauritanie, centrés autour de la sebkha de Chinchane, où les membres de l’association pourraient passer leurs vacances en menant l’antique existence nomade ; un bretzel creux, contenant un tiers de litre de bière, avait été lancé sur le marché ; les Coyotes de Guadalajara, les Petits Malins de Las Vegas, les Séismes d’Osaka, les Noirs de Saint-Louis, les Chaussettes Vertes de Milan et les Avatars de Bangalore passaient pour avoir des chances égales aux prochaines matches de championnat de base-ball. Mais tout cela n’était que souffles d’air dans le marasme estival, et le projet de Dame Isabelle de partir en tournée sur les planètes lointaines souleva l’intérêt dans le monde entier.

Le roman est composé principalement de dialogues, très théâtraux et caricaturaux à dessein. Des mots en français dans le texte rajoutent au côté un peu pompeux et grandiloquent. Jusqu’au nom des personnages (Roger, Logan de Appling, Dame Isabel, …) accentue le snob du style de l’ouvrage. On se croirait presque dans une comédie burlesque. D’ailleurs, je suis sûre qu’une adaptation théâtrale de Space Opera donnerait super bien.

Les personnages sont bien sûr en accord avec le style : caricaturaux à souhait, un brin ridicules. La palme revient à Dame Isabel, qui pourrait donner des cours de mauvaise foi au plus bouché des terriens.

Tu vois, Roger, que contrairement à ce que tu croyais, nous ne sommes ni irresponsables ni dépourvus de sens pratique ; nous ne projetons pas de jouer Die Walküre devant une colonie de polypes flottants ou que sais-je encore.

Bien évidemment, ce voyage interplanétaire ne se passera pas sans heurts : il semblerait que les extraterrestres ne soient pas des plus sensibles à la musique humaine et chaque représentation voit son lot de catastrophes et d’incompréhensions. Space Opera est en effet un roman sur l’incompréhension et l’acceptation de la différence de l’autre. Ainsi, Isabel, persuadée de faire le bien tente de convertir ces pauvres extraterrestres à la musique terrienne comme si celle-ci prévalait forcément sur leur propre culture. On n’est pas loin d’une parodie de la conversion des « sauvages » par les missionnaires chrétiens.

Dame Isabel se heurtera à un mur d’indifférence, d’incompréhension et d’ingratitude et s’en trouvera fort marrie :

« cependant, quand des idéalistes tels que nous dépensent leur talent et leur argent pour prodiguer cette merveilleuse expérience, il me semble que les gens qui en bénéficient pourraient au moins témoigner d’un minimum de gratitude. Ce n’est pas l’effusion que je demande, juste un peu de reconnaissance ; je m’en contenterais. »

Space Opera est une lecture parfaite pour les vacances ! C’est drôle, léger, hyper facile à lire, tout en étant plus subtil qu’il n’y parait.

Pour la petite anecdote, pour écrire ce roman, Vance a pris au premier degré le terme « space opera » : il nous offre les aventures d’une troupe d’opéra en balade dans l’espace. Ce qui est d’autant plus drôle, c’est que le bouquin est clairement second degré, lui.

Informations éditoriales

Publié pour la première fois en 1965, retravaillé en 1993. 2003 pour la présente traduction. Traduit de l’américain et révisé par Arlette Rosenblum. Titre original : Space Opera. 275 pages.


Livre lu dans le cadre du Défi SF et du Summer Star Wars

9 commentaires sur « Space Opera | Votre space opera de l’été »

  1. Celui-là, j'ai failli me l'acheter l'autre jour. J'aurais du. Je succomberai la prochaine fois. Cela semble… truculent!

    Merci pour ta chro… et il me semble que cela faisait longtemps que je n'étais pas passé par chez toi.

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  2. Je le veux ! Il a l'air trop bon ! En tout cas, je viens de l'inscrire dans mon cahier de LAL grâce à toi. Au fait, t:ais-je déjà félicité de la beauté de ton blog. Si non, je le fais maintenant j'adore ta bannière !!

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