
Ce 112e Bifrost, publié en octobre 2023 par les éditions du Bélial propose un dossier sur Anne Rice. Je m’intéresserai dans les présentes impressions aux 4 nouvelles qui ouvrent la revue, à savoir : Dans le corps du ciel de Robert Charles Wilson, Par une route sans fin de Elodie Denis, Le loup du passé de Ray Nayler et Le maître de musique de Morgane Caussarieu… C’est parti…
Disclaimer: je ne m’exprimerai ici qu’au sujet des nouvelles contenues dans ce numéro, comme je le fais d’habitude. Ceci ne veut pas dire que je ne pense rien des divers sujets à polémique qui ont émaillés la parution de ce numéro. C’est juste que la vie est déjà suffisamment fatigante et j’ai d’autres chats à fouetter.
Dans le corps du ciel de Robert Charles Wilson
En 1332 un objet non identifié traverse le système solaire. Aucun moyen de l’époque n’est en capacité de le voir. En 2227, Esmi et Tao amis et amants, étudiants à l’Institut universitaire d’Ikpiarjuk dans un monde post réchauffement climatique, se disputent sur leur conception de l’humanité. Tao se revendique du Parti rouge qui estime que l’humain doit s’incarner dans son corps biologique. Esmi, quant à elle, se tourne vers le Parti blanc, partisan du transhumanisme, jusqu’à souhaiter se tourner vers une conscience 100% numérique. Des années plus tard, ils se revoient alors que se produit un évènement qui va bouleverser l’humanité.
C’était sûrement un travail important, qui lui semblait toutefois fastidieux et régressif, une façon de racheter les péchés d’ancêtres au souvenir perdu depuis longtemps.
[note de moi: on parle d’épurateurs à CO²]
Dans le corps du ciel est un texte qui s’inscrit dans le temps long avec des ellipses temporelles, un procédé que j’aime beaucoup et qui semble pas mal usité dans les nouvelles de science-fiction ces dernières années, tout au moins celles publiées dans Bifrost (Encore cinq ans, Les neuf derniers jours sur Terre ou encore Contaminations). C’est aussi un récit de premier contact qui propose une réflexion sur les intelligences artificielles et la numérisation de la conscience. C’est, pour terminer, une nouvelle qui, malgré ses accointances technologiques, n’oublie pas d’être humaniste.
Parution initiale en 2023. Traduit de l’anglais (Canada) par Gilles Goullet. Titre original : In the body of the sky.
Par une route sans fin d’Elodie Denis
Abi, une jeune femme d’origine nigeriane, est voyageuse temporelle, à bord d’une DeLorean. Au cours de la nouvelle on apprend comment elle a été recrutée et relativement pourquoi elle passe sa vie entre les époques et quel sacrifice elle a dû faire.
Par une route sans fin est un texte très écrit et très référencé. J’ai eu un peu de mal à me mettre dedans au démarrage mais il s’avère être une bonne surprise au final. J’ai bien aimé également comment le récit boucle sur lui-même entre l’incipit et l’excipit.
Seuls les ombres et les flash bleus et pourpres des néons new-yorkais habillent son front et son crâne, aussi nus que le veut la tradition de sa caste. Vénérable coiffe des conductors. Ironie : la radio se passionne pour la gifle qu’un acteur ulcéré vient d’administrer au présentateur des Oscars qui s’est permis de railler son épouse alopécique. Abi plisse les yeux, la curiosité piquée par cette anecdote insoupçonnée ou alors entendue des dizaines de sauts auparavant, et depuis oubliée…
Le loup du passé de Ray Nayler
Dans les steppes au Nord de la Mer Noire, les cicatrices de la guerre n’en finissent pas de disparaitre du paysage et des esprits. Elmira répare et reprogramme un robot chien de guerre qui causa des ravages pendant des années dans la région pour protéger des loups le troupeau de moutons de son père . En parallèle, elle revoit son amie de lycée qui s’est vu contrainte d’épouser l’homme qui l’a enlevée, pratique courante dans la région, alors que les éleveurs sont les victimes d’un racket inique orchestré par un état voyou.
Ray Nayler nous offre un nouveau récit dans le monde de Protectorats (mais qui n’est pas dans le recueil). Il s’agit d’une nouvelle explicitement féministe qui sous couvert de science-fiction propose une démonstration d’émancipation féminine et une réflexion sur les traditions passéistes d’un environnement patriarcal. « Pourtant, à l’intérieur, c’était les mêmes gens du passé ».
-Aucun homme ne peut briser une femme. Ils peuvent prétendre qu’ils en sont capables, en lui faisant subir des choses contre sa volonté. Mais c’est complètement faux. Parce qu’une femme n’est pas faite pour ça.
-Elle est faite pour quoi ?
-Pour elle-même.
Parution initiale en 2021. Traduit de l’anglais (US) par Henry-Luc Planchat. Titre original : Yesterday’s Wolf.
Le maître de musique de Morgane Caussarieu
Le juge Grandpierre a perdu son fils et soupçonne le professeur de violon de l’enfant d’y être pour quelque chose.
La nouvelle se veut cruelle, d’une cruauté dont le lecteur est complice car il comprend tout dans les demi-mots de l’autrice alors que le père reste face à ses soupçons et son impuissance. D’une efficace simplicité.
« Monsieur, Il est là…
-Je ne veux pas le voir.
-Mais Il insiste !
-Renvoyez-le. »
(incipit)
Informations éditoriales
Revue publiée en octobre 2023 par les éditions Le Bélial’. Illustration de couverture par Saralisa Pegorier. 192 pages.
Pour aller plus loin
D’autres avis : Le chien critique, ou signalez-vous en commentaire.
Petite coquille, tu as écrit « publié en octobre 2023 » au lieu de « 1923 ». Oups, pardon, on avait dit qu’on en parlait pas.
« le récit boucle sur lui-même entre l’incipit et l’excipit » : j’aime beaucoup ce principe, ça fait toujours quelque chose quand on tombe dessus à la fin.
La citation de Ray Nayler. 👌
J’aimeAimé par 1 personne
Ha ben j’espère que tu auras l’occasion de la lire alors. Ray Nayler frappe bien et juste ^^
J’aimeJ’aime
Oui, que de polémiques…
Mais aussi des textes qu’il est bon de lire, de tenter. J’adore le format « nouvelles » et Bifrost est une très belle occasion d’en découvrir.
Merci pour ce retour.
J’aimeJ’aime
C’est sûr, on découvre souvent de nouveaux auteurs et on retrouve des habitués, c’est chouette ^^
J’aimeAimé par 1 personne
Je n’ai aimé aucune des quatre nouvelles, mais je commence à être habituée. 😅 Je n’aime quasiment jamais ce que je lis dans Bifrost ; je l’achète pour la partie non littéraire.
Quoi, tu fouettes des chats!?!?!! 🤯 Il y a de quoi lancer une polémique… 😹
J’aimeJ’aime
Ha ben XD Hâte de lire ta chronique du coup.
Ben oui, qui aime bien chat-ie bien ^^
J’aimeAimé par 1 personne
« chat-ie » 🤣🤣🤣🤣🤣🤣🤣
J’aimeAimé par 1 personne