Des nouvelles de Bifrost #114 | Alastair Reynolds, Carolyn Ives Gilman, Jean Baret, Iain M. Banks

Ce 114e Bifrost, publié en avril 2024 par les éditions du Bélial propose un dossier sur Iain M. Banks. Je m’intéresserai dans les présentes impressions aux 4 nouvelles qui ouvrent la revue, à savoir : Les nuits de Belladone d’Alastair Reynolds, Quelque chose dans l’air de Carolyn Ives Gilman, Roger Will Comply de Jean Baret et Descente de Iain M. Banks. C’est parti…

Les nuits de Belladone d’Alastair Reynolds

Nous retournons dans l‘univers de La millième nuit et retrouvons le personnage de Campion. Il s’agit du récit à la première personne d’un membre de la ligné Mimosa pendant leurs 22è retrouvailles auxquelles Campion a été invité. La narratrice est agacée par le comportement de Campion qui semble chercher à l’éviter tout en lui jetant des regards à la dérobée. Le mystère s’épaissit lorsqu’il se met à déposer des fleurs devant sa porte.

Une belle nouvelle mélancolique sur l’acceptation de la finitude, une thématique accentuée par le fait qu’on a ici affaire à des êtres immortels. Il y a une certain poésie qui se dégage, on retrouve ce qui m’avait fait apprécier La millième nuit et ça augure du très bon pour La maison des soleils (qui est dans ma PàL, je le lorgne 👀).

Je pensais à Campion bien avant de le surprendre à déposer des fleurs devant ma porte.
(incipit)

Parution initiale en 2017. Traduit de l’anglais par Laurent Queyssi. Titre original : Belladonna Nights.

Quelque chose dans l’air de Carolyn Ives Gilman

Mariela, astrophysicienne et mathématicienne est envoyé dans une portion de l’espace pour étudier une anomalie, une tache floue sur les écrans. Elle est accompagnée par deux collègues dont l’agenda est différent du sien : un astrobiologiste et un géologue qui s’avère être aussi son ex.

Quelque chose dans l’air est une novella assez pointue qui élabore une habile hypothèse sur l’indétermination quantique, vous avez la boite de Schrödinger tout ça. Je n’en dirai pas plus sur les thématiques mai j’ai trouvé la lecture très prenante et facile à appréhender malgré la complexité d’un tel sujet. Dans l’idée, cela m’a fait penser à Superposition de David Walton.

« Pardon mais tout ça c’est ridicule. On ne vit pas dans un univers où notre navire crée des systèmes planétaires en allant les observer.
– En temps normal, non, convint Mariela. Mais on vit bel et bien dans un univers où notre équipement de laboratoire crée volontiers des particules en les observant.

Parution initiale en 2019. Traduit de l’anglais (US) par Pierre-Paul Durastanti. Titre original : Something in the Air.

Roger Will Comply de Jean Baret

Roger est laveur de vitres de cockpit de navettes spatiales sur un hub spatial de grande ampleur. Il est pote avec un chien anthropomorphe, Lycos. Il en a marre de ce système de nantis et de bullshits job et prépare un coup, un gros coup.

Je dois avouer que cette nouvelle m’a soutiré quelques soupirs. Trop d’explications et du coup rien ne semble naturel, surtout pas les dialogues ce qui est dommage car ils constituent une part non négligeable du texte. Il reste l’humour de l’auteur et un propos sur les laissés-pour-compte.

Un soupir s’envole de la poitrine de Roger et termine sa course au plafond du hangar où sont stockés des dizaines de vaisseaux spatiaux ; il est si haut que des nuages s’y forment. Roger a toujours pensé que ces cumulus étaient composés de ses lamentations. Eh ouais, vous croyez quoi ? Qu’on ne peut pas être laveur de carreaux et poète ? Eh ben vous vous trompez.
(incipit)

Descente de Iain M. Banks

Un homme dans un scaphandre atterrit en urgence sur une planète. Une marche de l’extrême commence alors pour rejoindre la base, loin, bien trop loin. Le scaphandre doté d’une IA perfectionnée est capable de discuter avec l’homme qu’il contient.

Une histoire de survie très efficace, très prenante. Très intimiste aussi, assez logiquement dans un tel récit. L’histoire se passe dans l’univers de la Culture mais il pourrait tout à fait ne pas l’être, en tout cas quand on ne connait pas. Cela a suscité une légère frustration de ma part car j’aurais appréciée une histoire au contexte « Culturel » -si je puis dire- plus étoffé pour en avoir un aperçu. Mais cette frustration s’efface bien vite devant les qualités d’écriture et de narration de l’auteur. J’y retournerai certainement.

Je suis bien bas, aussi bas que je peux l’être. Pour l’observateur extérieur, je ne représente qu’un point à la surface, un corps dans un scaphandre. En moi-même…
Tout est si pénible. J’ai mal.

Parution initiale en 1987. Parue dans le recueil L’essence de l’Art. Traduit de l’anglais (Ecosse) par Sonia Quémener et révisé par Olivier Girard. Titre original : Descendant.

Informations éditoriales

Revue publiée en avril 2024 par les éditions Le Bélial’. Illustration de couverture par Manchu. 192 pages.

Pour aller plus loin

D’autres avis : Quoi de neuf sur ma pile (Descente), L’épaule d’Orion, ou signalez-vous en commentaire.

6 commentaires sur « Des nouvelles de Bifrost #114 | Alastair Reynolds, Carolyn Ives Gilman, Jean Baret, Iain M. Banks »

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.