Impressions.
Pierre-de-vie est un roman de fantasy écrit par Jo Walton et publié en juin 2019 chez Denoël Lunes d’Encre. Attention si après la lecture vous vous rendez compte que le temps a passé plus vite ou plus lentement que prévu, le Dragon Galactique ne pourra en aucun cas être tenu pour responsable.
Worldbuilding riche et complexe
Dans le monde où prend place Pierre-de-vie, le temps s’écoule plus lentement à l’Est qu’à l’Ouest. Nous sommes à Applekirk, un petit village des Marches (vers l’est du centre) où la vie s’écoule paisiblement. Il est dirigé par un seigneur bienveillant. C’est alors que revient Hanethe, jadis seigneure des lieux, partie en Orient il y a 15 ans pour elle mais 60 pour Applekirk. Elle fuit la colère d’Agdisdis, la déesse du mariage, qu’elle a passablement énervée. On ne sait pas pourquoi et c’est tout l’enjeu de l’intrigue.
Le moins qu’on puisse dire c’est que le worldbuilding de Jo Walton est très riche et très original:
- le temps s’écoule différemment selon son emplacement géographique ce qui soulève beaucoup de questions et un peu de triturage de méninges en début de lecture ;
- la pierre-de-vie qui est une sorte d’ikagi. Sorte de motivation intrinsèque que les gens découvrent ou acquièrent soit très rapidement, comme une vocation, soit progressivement. Tout n’est pas si simple car parfois la vie fait qu’ils ne peuvent pas la réaliser ou doivent en différer l’accomplissement ;
« C’est ton moyen de survie, ton gagne-pain, et plus encore, le moteur de ton âme. Et j’ajouterais : le cœur de ta vie, le filon que tu vas creuser et la direction qu’indique ton existence. Mais c’est aussi un fardeau que tu vas devoir porter jusqu’à ta mort. Le genre de question qu’on ne règle pas d’un claquement de doigts.
- la yeya qui est la magie de ce monde, très présente à l’Est, à peu près absente à l’Ouest. Elle donne des pouvoirs aux gens comme par exemple Taveth qui peut voir les ombres du passé et du futur des personnes qui l’entourent. On peut mixer le tout aussi : certains ont la yeya pour pierre-de-vie. dans ce cas, en général ils ressentent le besoin irrépressible d’aller en Orient. C’est ce qui est arrivé à Hanethe ;
- les dieux vivent en Orient. Du coup il n’y a pas vraiment de séparation entre eux et les hommes même s’ils ne vivent pas à proprement parler avec eux ;
- des relations familiales complexes où le polyamour y est normal (mais pas forcément sans conséquence) générant des enfants de multiples couples.

Domestic fantasy
Pierre-de-vie est un roman qui decrit des situations du quotidien, des gestes simples comme cuisiner, écosser les petits pois ou faire les moissons. Ce sont les relations avec les autres qui priment. Amoureuses, familiales, mais aussi de seigneur à villageois, voire entre humains et dieux.
La magie de ce monde fait très « Mary Poppins » de prime abord : on s’en sert pour sortir les plats du four et ouvrir la porte du garde-manger. Il parait qu’on appelle ça de la « domestic fantasy« . Je ne vois pas meilleur qualificatif pour expliquer cette étonnante et rafraîchissante expérience de lecture.
Cependant le roman ne manque pas d’enjeux, surtout quand une déesse furax décide d’interférer dans la vie des êtres humains pour se venger. Il y a même une bataille ! Très axé sur le quotidien en début de lecture, les enjeux s’attardent peu à peu sur la religion, la justice, le pouvoir. Mais on reste toujours attachés aux pas des personnages qui peuplent Applekirk plus particulièrement à ceux de Taveth.
Parlons peu parlons mots
Le roman est entièrement écrit au présent, même lorsqu’on parle du passé ou du futur. Cela peut ressembler à ceci :
Quand Ferrand est enfant, il n’arrive pas à s’endormir la veille, parce qu’il essaie de retenir toutes ses répliques. Quand son tour est venu, Hodge est sûr de lui.
Dans ce passage, le présent qu’on nous raconte est celui de Hodge, qui est le fils de Ferrand. Ce qu’on raconte de Ferrand se situe dans le passé. En fait, c’est très naturel malgré une narration pas toujours linéaire et donne un ton particulier au roman. Cela donne au final l’impression que tout se passe en même temps.
Petit point incompréhension de choix de traduction : pourquoi ne pas utiliser le mot prêtresse ? Dans le livre, on dit tout le temps « la prêtre » pour parler d’une femme qui exerce cette fonction. C’est affreusement gênant. Par exemple :
La prêtre semble déconcertée.
Je ne suis pas prêtresse mais moi aussi je semble déconcertée.
Pierre-de-vie est un roman de fantasy étonnant, plein de charme, au worldbuilding riche et original avec son temps qui s’écoule différemment selon sa position géographique et sa magie . Il s’attarde sur les gestes du quotidien et les relations interpersonnelles tout en abordant des thématiques plus vastes comme la religion la justice ou le pouvoir.
Informations éditoriales
Publié initialement en 2009. 2019 pour la traduction française chez Denoël Lunes d’Encre. Titre original : Lifelode. Traduit par Florence Dolisi. Illustration de couverture par Aurélien Police.331 pages.
Pour aller plus loin
Mes impressions sur Morwenna, de la même autrice.
D’autres avis : Un papillon dans la Lune, Au pays des caves trolls, Reflets de mes lectures, Le bibliocosme, Livrement , Les lectures de Xapur, Lorhkan et les mauvais genres, 233°C, Fourbis & Têtologie ou signalez-vous en commentaire.
Merci pour le lien 🙂
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De rien ^^
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J’hésite, ça a l’air violent, il y a quand même une bataille. =P
Bon, d’accord, je suis toujours fort tenté, ça a l’air d’être une vraie expérience. ^^
*enregistre le schéma à tout hasard*
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Oui on peut dire ça comme ça ^^
Huhu le schéma peut t’être utile le temps que tu digères qui est qui :p
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Je l’ai commencé et très (trop) vite abandonné. Ce n’est pas ma came !
Mais peut être qu’un jour j’y reviendrai. 😉
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Pour quelqu’un qui n’aime pas la fantasy, c’est un bel effort de sortie de zone de confort que de tenter de lire ce livre ^^
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Après Mes vrais enfants et Morwenna je me disais : pourquoi pas ?! Mais là, ca va au delà de mes possibilités… lol
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Haha, et encore le vrai challenge ce serait de lire De griffes et de crocs :p
Nan en vrai de la même autrice, tu aurais plus de chance d’apprécier la trilogie du subtil changement.
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J’ai lu le premier tome de la trilogie, j’ai bien aimé le coté Agatha Christie patiné d’uchronie douce. Je lirai la suite…
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J’en garde un bon souvenir, comme pour la plupart des romans de l’auteur (le coup de « la prêtre » m’a aussi déstabilisée par contre…). Merci pour le lien 🙂
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J’ai tendance à considérer Jo Walton comme une valeur sûre également, même si je n’ai pas encore tout lu d’elle.
Oui c’est assez chelou le coup de la prêtre, pas compris.
De rien ^^
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La prêtre parce que the priest et pas the priestess, c’est aussi simple que ça…
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Bah dans ce cas, si on veut chipoter ça aurait dû être le prêtre pour un homme et pour une femme. Je ne trouve pas ça logique.
Bref, c’est un détail, merci d’avoir édité ce beau roman et d’avoir répondu.
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Intéressant…ce qui me fait penser que je n’ai pas fait d’incursion en fantasy littéraire depuis longtemps. Faut que je retrouve mon deuxième neurone pour ça 😛
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Regarde sous le canapé, c’est souvent-là que ce planque le mien 😀
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J’aime bien l’auteure, mais je ne crois pas que celui-ci soit pour moi.
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Je comprends. Je ressentais àa pour de griffes et de crocs de Jo Walton aussi, mais maintenant que j’i lu elui-là, je pense être prête pour toutes les étrangetés de l’autrice hihi.
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Beaucoup aimé ce roman, j’étais tellement dedans que j’ai même pas remarqué qu’il était écrit au présent xD.
C’est assez marrant parce que je me suis jamais perdue dans les relations de famille, par contre j’avais besoin de schématiser l’univers (bien que ça serve pas à grand chose sinon à satisfaire mon besoin de poser un cadre xD).
(et du coup pour le « priest » on a raté l’occasion de poser la question à l’autrice au final ^^)
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J’arrivais pas à savoir qui était le gosse de qui au départ XD Mais c’est très rigolo les schémas. Il faut les laisser traîner dans le livre, comme ça des années après tu le rouvres et hop le papier est dedans.
(Ou à Pascal Godbillon en direct, j’y ai pensé après mais sur le moment ça m’était complètement sorti de la tête.)
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Je suis dubitative mais qui sait… si l’occasion se présentait.
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Ça sortira sans doute en poche, pour moins de risque. Mais Jo Walton est vraiment une étonnante autrice qui sort des sentiers battus. Je ne sais pas si tu l’as déjà lue ?
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nope toujours pas… Et JO est une femme (j’arrive pas à me le rentrer dans le crâne! procédé mnémotechnique, penser aux 4 filles du dr March!)
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Je suis en train de lire Mes vrais enfants, qui est super bien. Je songerai peut-être à celui-ci après.
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Hâte d’avoir ton avis, il semble faire unanimité. J’espère le lire dans pas trop longtemps XD
Mais de toute façon là je suis passée en mode je veux tout lire de Jo Walton :p
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Intéressant mais je ne suis pas sûre d’accrocher à la narration tout au présent. Et puis j’ai encore Mes vrais enfants à me procurer et à lire XD
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C’est sur que des fois il est des lectures plus prioritaires ^^
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