
Cérès et Vesta est une novella écrite par Greg Egan et publiée au Bélial’ en 2017 dans la collection Une Heure Lumière. Je poursuis mon rattrapage avec cette septième publication, première de l’année 2, en m’envolant pour Cérès et Vesta…
De roche et de glace
Depuis son cocon, Camille plongea le regard dans la noirceur ponctuée d’étoiles, attendant que la terreur la submerge.
Incipit.
Cérès et Vesta. Les deux astéroïdes ont été colonisés et entretiennent des relations commerciales basées sur la complémentarité. Le premier fourni la glace ; le second la roche. Les chapitres entrecroisent les récits de deux femmes : Camille, quelques années dans le passé sur Vesta, qui voit monter la haine des « Sidavier » et la résistance qui s’organise ; Anna, nouvelle directrice du port de Cérès, chargée d’accueillir le fret de roches en provenance de Vesta.
Ces énormes blocs de roche qui transitent dans l’espace pendant plusieurs années accueillent parfois des modules contenant des « surfeurs » en hibernation, des Sidavier en fuite, prêts à risquer leur vie pour échapper à l’ostracisme dont ils sont victimes sur Vesta.
Alors que l’obscurité grandissait derrière ses yeux, Camille considéra les choses avec recul et se représenta le voyage à venir : sa lente spirale en direction de Cérès, la centaine de petits à-coups, les mille jours s’écoulant en silence. Sa peur avait disparu ; elle ne ressentait que regret et honte. Sa fuite était un fait accompli mais la lutte continuerait sans elle.
Un texte très accessible
Greg Egan transpose sur les deux astéroïdes un contexte social que l’on ne connait malheureusement que trop bien, à savoir l’exclusion et la persécution d’un groupe d’individus. Point de religion, de couleur de peau, d’orientation sexuelle, d’origine ethnique ici. Le point d’achoppement est tout autre tournant davantage autour de la question : est-ce que les individus d’une génération doivent payer pour les actions de leurs ancêtres ?
Au travers du point de vue de deux femmes, l’auteur nous fait découvrir deux aspects de ce contexte : d’une part, ses victimes qui tentent de résister, de s’insurger face à l’injustice et quand cela n’est plus possible de fuir ; d’autre part, une personne externe au problème mais qui embrasse la cause des opprimés. Mais ce n’est pas aussi simple que ça lorsqu’on doit ménager les relations d’un astéroïde avec l’autre. Etant visiblement un poil sadique, l’auteur mettra le personnage d’Anna devant un choix particulièrement cruel. Et de devoir en assumer les conséquences ensuite.
Une dissonance sachant sonner doit savoir sonner sans son son.
J’ai trouvé ce texte moins étourdissant que les autres nouvelles que j’ai pu lire de Greg Egan : En apprenant à être moi, Des raisons d’être heureux ou encore Mortelles ritournelles (Diantre, mais en fait j’ai lu 3 nouvelles de cet auteur qui m’effraie au plus haut point). Des textes de hard-science qui m’avaient complètement retourné le cerveau. Pas de cerveau à l’envers ici, une réflexion humaniste néanmoins très intéressante. Qui plus est ce texte est étrangement accessible, il suffit de ne pas se laisser impressionner par les quelques descriptions plus pointues et tout se passera bien.
Cérès et Vesta est une novella accessible, s’éloignant des thématiques de hard-science chères à l’auteur pour se tourner vers des réflexions plus sociétales : l’ostracisme d’une minorité par une majorité au mieux silencieuse au pire persécutrice et le déroulé de ses conséquences.
Informations éditoriales
Novella écrite par Greg Egan et publiée au Bélial dans la collection Une Heure Lumière en 2017. Traduit de l’anglais (Australie) par Erwann Perchoc. Titre original : The Four Thousand, The Eight Hundred. Illustration et maquette de couverture par Aurélien Police. 107 pages.
Pour aller plus loin
La collection Une heure lumière sur le blog.
D’autres avis : Au pays des caves trolls, Les lectures du Maki, Albédo, RSF Blog, Lorhkan et les mauvais genres, L’imaginarium électrique (vidéo), Nevertwhere, L’épaule d’Orion , Les lectures de Xapur, Le chien critique, Ombre Bones, Navigatrice de l’Imaginaire, Zoé prend la plume, ou signalez-vous en commentaire
Océanie ✅
Je rejoins ton avis, un texte très accessible qui porte d’intéressantes réflexions. Je l’avais vraiment beaucoup aimé 🙂
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Ouip, cela dit j’ai tendance à préférer les autres textes que j’ai lu d’Egan. Tu as déjà lu d’autres nouvelles de lui ?
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J’ai lu le recueil Axiomatique dont sont tirés En apprenant a être moi et Des raison d’être heureux et j’avais adoré.
J’appréhendais justement pour le côté hard sf abscons mais j’ai jamais trouvé ça hermétique. Il y a parfois des concept bien barré, notamment la première nouvelle avec une histoire de temps fractal et un moment qui n’arrive jamais, mais les intrigues rendent le tout passionnant et on a pas besoin, je trouve, d’être particulièrement calé ou érudit en sciences.
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Oui c’est tout à fait l’effet que m’ont fait les 3 nouvelles que j’ai lues. J’ai Zendegi sur ma liseuse, il faut que je me renseigne pour voir si ça semble raisonnable de poursuivre ma découverte de l’auteur avec .
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J’ai vraiment beaucoup aimé ce texte, et me souviens encore quelques années de la fin.
Il paraît que Zendegi serait (selon je ne sais plus quel guide d’Apophis) le roman d’Egan le plus « accessible » car tourné sciences sociales, il est aussi dans ma PàL.
Sinon pareil qu’Elassar, lu Axiomatique, je suis une brêle en sciences mais j’ai adoré.
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J’ai beaucoup aimé les nouvelles que j’ai lues du monsieur et il me fait de moins en moins peur :p
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Pas trop d’enthousiasme de mon côté, c’est le genre de texte « un jour, peut-être, s’il me saute dans les bras »… 🙂
« Une dissonance sachant sonner doit savoir sonner sans son son » –> Maiiis ma parole c’était quoi en anglais ce truc? C’est trop dingue! 😀
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C’est une excellente question, tiens, je serais curieuse d’avoir la réponse.
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J’avoue que j’aurai pas pensé voir Greg Egan associé au terme Accessible. Du coup je vais peut-être arrêté de craindre cette novella ^^
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C’est vrai que ça sonne oxymorique 😀
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Je suis moi aussi membre du club « Greg Egan me fait peur ». Du coup je note bien grand dans mon esprit de n’avoir aucune peur de cette novella-ci, qui pourrait en plus bien me plaire. ^^
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Pas de raison d’avoir peur, juste passer au travers de quelques descriptions pointues qui sont avant contextuelles.
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ET mon avais alors, il est où mon avis ?
http://lechiencritique.blogspot.com/2017/09/ceres-et-vesta.html
De toute manière, il est très mitigé. Oui pour les thématiques, mais le reste est froid.
Cela reste cependant, comme tu le dis, un des rares textes accessibles de l’auteur
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Aïe aïe aïe, si je te donne un os à moelle tu me pardonneras ?
Je rajoute le lien ^^
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Mets toi au goût du jour, les chiens évoluent aussi. Une bonne bière et des caouètes et on en parle plus.
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Oh bah ça dépend : bière belge ou allemande ? (il y a un piège dans cette question)
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Une novella que j’avais aimé aussi même si je ne connais pas beaucoup Greg Egan !
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Ca me donne bien envie de me mettre aux nouvelles de Greg Egan !
Je suis bien curieuse aussi sur le point traduction soulevé par Alys ! D’ailleurs c’est aussi rigolo de noter que le titre VO est bien différent et un peu moins parlant que sa traduction française.
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Mais oui, la folle qui a commencé par Diaspora tu peux résister à tout !
Le titre VO est très explicite mais il faut avoir lu le livre pour le comprendre ^^
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Très joli texte. J’étais contente de lire un Greg Egan accessible après la Cité des permutants xD
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Ha oui celui-là ne semblait pas piqué des vers XD Mon prochain sera vraisemblablement Zendegi puisque je l’ai en PàL et qu’on m’a dit qu’il était pas trop trash.
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Je me répète comme un mantra « une dissonance sachant sonner doit savoir sonner sans son son » 10000 points à Epistory :p
Texte qui me semble intéressant et à lire. Voilà
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Ca peut être une bonne phrase pour s’endormir peut être, à condition de pas devenir zinzin :p GG la ref à Epistory XD
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:p franchement la phrase m’a direct fait penser à Hexamachinchose…
Et en fait j’aime bien ce genre de phrases, un bon exercice de prononciation.
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