Sur la route d’Aldébaran | Adrian Tchaikovky

Sur la route d’Aldébaran est une novella écrite par Adrian Tchaikovsky et publiée au Bélial’ dans la collection Une heure Lumière en 2021. Je poursuis mon rattrapage de lecture de la collection avec cette 34ème publication, la septième de l’année 6. Partons à la rencontre du Dieu-Grenouille…

« Un truc bizarre dans la ceinture de Kuiper »

Le narrateur, Gary Rendell, est astronaute, un explorateur spatial envoyé avec toute une équipe aux confins du système solaire pour étudier une étrangeté cosmologique dont la forme évoque un batracien présentant toujours la même face quel que soit le côté où l’on se présente et que les gens appellent le Dieu-Grenouille. Il est perdu tout seul dans les Cryptes, dans ce lieu à la fois merveilleux et horrifique. Il raconte ses rencontres avec d’autres explorateurs extraterrestres et avec les prédateurs qui s’en repaissent.  

Un chapitre sur 2, il retourne dans le passé pour nous expliquer comment il en est arrivé là. 

Le récit est centré exclusivement sur la personne de Gary Rendell. Il parle à la première personne et on est dans sa tête. Une tête dont la santé mentale s’effrite comme les chairs desséchées d’un cadavre qui serait resté trop longtemps dans le vide spatial.  

Je l’ai complètement étripé, ce qui n’est pas une mince affaire quand on s’en prend à une créature essentiellement constituée de boyaux. Je suis victorieux. Je suis féroce? Je me frappe la poitrine en rugissant comme un animal.
Ensuite, quand j’entends les échos de mes hurlements se répercuter contre les murs de la Crypte, je me permets enfin d’éprouver un peu d’embarras. Je suis anglais, après tout, et je sens bien que mon comportement a peut-être franchi quelques bornes subtiles de la convenance. Ne parlons plus jamais de cet épisode, Toto.

Mais Gary dans sa folie envahissante conserve un humour noir qui rend cette lecture ma foi très divertissante malgré ses indéniables facettes horrifiques. Il en va de même des multiples et ravissantes références à la culture science-fictive. L’ensemble converge vers un twist final à l’avenant qui m’a à la fois fait hurler de rire (intérieurement, j’ai conservé tous mes points de santé mentale, moi)(enfin, tout est relatif je ne pense pas en avoir de base une énorme quantité) et horrifiée.

Le récit est rythmé par les rencontres avec les xénomorphes explorant eux aussi le labyrinthe du Dieu-Grenouille. Des rencontres parfois poétiques (les Ovoïdes) parfois brutales (le Bossu de fer), toujours compliquées par une infinie difficulté à entrer en communication avec cet autre inconcevable. Est-ce que je vous ai déjà dit que j’adorais les récits de rencontres extraterrestres ?  

Ce que je veux dire, c’est que nous n’étions pas stupides. Nous n’étions pas comme ces crétins d’astronautes que l’on voit dans les films, ceux qui retient leur casque ou s’agenouillent obligeamment pour examiner de près les oeufs du monstrueux prédateur extraterrestre.

Je ne suis qu’admiration devant l’ingéniosité de ces auteurs capables d’inventer des espèces qui n’existent pas, ne ressemblent, a priori, à rien de ce qu’on connait et cette capacité de nous les faire percevoir au travers des yeux du protagoniste et les décrire avec nos référentiels à nous (d’où les petits noms rigolos).

En somme, Sur la route d’Aldébaran est une lecture réjouissante grâce à son humour noir et ses références science-fictives mais également par ses inventives rencontres du troisième type. Cette novella est une occasion en or de découvrir le prolifique Adrian Tchaikovsky en format court.

Informations éditoriales

Novella écrite par Adrian Tchaikovsky. Publiée initialement en 2019. 2021 pour la traduction française. Traduit de l’anglais (US) par Henry-Luc Planchat. Titre original : Walking to Aldebaran. Illustration de couverture par Aurélien Police. 154 pages.

Pour aller plus loin

Adrian Tchaikovsky sur le blog : Dans la toile du temps. Dans les profondeurs du temps.
Une heure Lumière sur le blog.
D’autres avis : OmbresBonesLes chroniques de FeyGirl, Sur l’épaule d’Orion, Un papillon dans la Lune, Les critiques de Yuyine, Les lectures de Xapur, Quoi de neuf sur ma pile, Le culte d’Apophis, Les lectures du Maki, Les chroniques du chroniqueur, Au pays des cave trolls, ou signalez-vous en commentaire.

21 commentaires sur « Sur la route d’Aldébaran | Adrian Tchaikovky »

  1. Si on visualise l’envie de lire un livre comme une balance qui pencherait d’un côté ou de l’autre en cas d’envie ou de non-envie, ma balance concernant ce livre serait absolument à l’équilibre. ⚖ Avec à peu près tout d’un côté, et l’aspect horrifique de l’autre. 🙈 Je pense quand même que j’y viendrai un jour.

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  2. Oui bon ça va, j’ai bien compris que tu m’avais doublé mais je ne me laisserai pas faire !
    (du coup tu comprendras pourquoi j’ai survolé ton article mais j’ai bien noté qu’il était bien celui-là !)

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  3. Truc de fou : je l’ai lu il y a quelques mois !! 🤪 (Ça narrive pas souvent que tu chroniques quelque chose que j’ai lu)
    Et j’avais beaucoup aimé aussi, c’est prenant, drôle et la fin est réussie (quand j’ai compris j’étais : « whaaaat ??? Nooooon ! » 🤣)

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