Une nouvelle édition du Dragon fait des bulles avec 4 bandes dessinées que j’a lieu ces derniers mois. On va parler de philosophie, de Seconde Guerre Mondiale et de voyage dans le temps, de la lutte contre Daech du peuple kurde et de robots domestiques qui remplacent les humains dans tous les métiers (sauf les coiffeurs). Suivez-moi…

Philocomix, Jean-Philippe Thivet, Jérôme Vermer, M. La Mine

Philocomix surfe utilement sur la vague des « omix » initiée par Economix que j’avais lu avec beaucoup d’intérêt en 2016 (boudiou c’est si loin que ça ??). Ici on va, comme vous l’aurez sans doute deviné, parler de philosophie. Métro, boulot, cogito est le troisième tome de cette série. Les deux premiers sont centrés sur le bonheur (je ne les ai pas lus)(oui j’ai lu un tome 3 sans avoir lu les deux précédents, moi ça va, mon OCD voue mon frère aux gémonies)(team love des expressions désuètes, bonjour)(c’est long ces parenthèses, hein?) ; celui-ci, le troisième donc, sur le travail.

L’approche choisie par les auteurs est de nous proposer un panel de 10 philosophes qui ont parlé du travail et de nous exposer leur point de vue. Je vous ai mis le sommaire ci-dessous (cliquez pour agrandir, je ne cherche pas à vous causer des migraines) pour vous donner une idée des philosophes abordés. De Socrate à Bertrand Russell, c’est un vaste panel de propos sur le travail, vu comme aliénant ou libérateur. Chez les plus anciens, il est souvent question de Dieu (il faut toujours qu’il s’immisce partout celui-là).

Il n’y a pas de parti pris des auteurs quant à ce qu’ils pensent des propos des philosophes présentés (outre de possibles biais dans la façon de présenter les choses que je ne suis pas à même de repérer vu que je n’y connais rien). C’est très intéressant et j’y reviendrai certainement. J’ai juste trouvé qu’il manquait de transition entre les chapitres, tout cela semble un peu décorrélé les uns des autres.

Publié en 2022.

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Abattoir 5 ou la Croisade des enfants, Kurt Vonnegut, Ryan North & Albert Monteys

Abattoir 5 est, vous l’aurez deviné, l’adaptation en bande dessinée du roman de Kurt Vonnegut, publié en 1969. Je n’ai pas lu ce roman et en savait peu de choses avant de lire cette bande dessinée. Cette bd m’a été offerte par mon frère (encore lui). Il me l’a offerte car un de ses potes l’offrait régulièrement à d’autres gens et il s’est dit qu’il devait y avoir un truc mais il ne l’a pas lue lui-même. Tout à fait le genre de choses que je ferais aussi. Mais bref, je peux le dire cette bd est très bien et c’est une bonne occasion de rattraper un classique de la SF.

L’histoire est assez abracadabrante : Billy Pilgrim vit sa vie dans le désordre. Il fait des sauts dans le temps. De jeune soldat perdu dans les Ardennes pendant la Seconde Guerre Mondiale, il se retrouve orthoptiste argenté dans les années 60. Tout cela parce qu’il s’est fait enlever par des extraterrestres qui lui ont expliqué la vraie nature du temps. Le propos n’est pas du tout le même mais sur la conception du temps, on retrouve quelque chose de Premier contact, enfin l’inverse vu qu’il est plus récent (enfin je crois ?🤔). Mais du coup quel est le propos d’Abattoir 5 ? C’est un texte profondément anti-militariste qui nous confronte aux horreurs et à l’absurdité de la guerre et qui nous donne à voir l’ambiguïté du bien et du mal au travers d’un bombardement d’une violence inouïe (a minima 25 000 morts en 3 jours) perpétré par les alliés.

On peut également dire qu’il s’agit d’une autofiction puisque l’auteur mêle ses propres souvenirs de guerre, quand il était prisonnier à Dresde, et la fiction (les extraterrestres, les voyages dans le temps)(je précise, au cas où). Il était dans la ville lors du bombardement qui a détruit la ville en 1945. D’où le titre du livre : il a survécu au carnage parce que lui et d’autres prisonniers s’étaient réfugiés dans la cave d’un abattoir, ce qu’on voit également dans la bande dessinée.

Publié en 2022.

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Kobané calling, Zerocalcare

Kobané calling est le compte-rendu des impressions de voyage de l’auteur-dessinateur italien Zerocalcare à la frontière turco-syrienne en 2014 et 2015. A la rencontre des résistants et résistantes kurdes à proximité de la ligne de front avec Daech, ce reportage intimiste éclaire sur une situation qui ne bénéficie d’aucune attention en Europe, du fait de la puissance de la Turquie qui voudrait faire comme si les Kurdes n’existaient pas.

Le récit est volontairement personnel, Zerocalcare y met beaucoup de lui-même, de son humour, de ses questionnements, parfois naïfs, qui deviennent les nôtres, son regard impertinent. J’ai apprécié aussi avoir à faire à un auteur italien, pour des références culturelles différentes qui sont bienvenues. Le récit manque parfois de rythme mais certaines planches dégagent une telle charge émotionnelle que cela compense amplement.

Publié en 2016.

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Not all robots, Mark Russel, Mike Deodato Jr., Lee Loughridge

Les villes ont été mises sous cloche dans un futur où les robots ont remplacé l’immense majorité des métiers exercés par les humains (sauf les coiffeurs). On suit une famille qui vit aux crochets de son robot domestique, comme tout le monde. Des voix s’élèvent contre la mainmise des robots mais le feu est mis aux poudres lorsque le système d’approvisionnement en oxygène, géré par les robots, tue toute la population de Philadelphie. En parallèle, le consortium d’humains qui gèrent la société des robots prépare l’introduction du « mandroïde« , un robot qui ressemble physiquement à un humain et dont la puce d’empathie a été mise à jour, menaçant de mettre au rebut les robots de première génération.

La proposition de ce comic book est alléchante et le propos promet d’envoyer du lourd. C’est le cas mais j’ai un gros meh, enfin deux. Déjà je trouve le dessin extrêmement foutraque, des fois je ne comprends pas ce que je suis en train de regarder. Certaines cases auraient gagnées à être affichées en pleine page. De plus, les couleurs, dans des tons fort foncés avec peu de contrastes de couleur dans une même case n’aident pas beaucoup. Ensuite, le propos part dans tous les sens. L’auteur explique en fin d’ouvrage avoir voulu offrir une métaphore à la masculinité toxique. Ok, intéressant, mais ça ne fonctionne que par moment. La dystopie à grande échelle prend largement le pas sur ce propos qu’on aurait souhaité plus insidieux, comme il l’est dans la vraie vie.

Il n’est pas impossible que ce soit un premier tome, ce n’est pas très clair et j’ai la flemme de chercher ce que comprend exactement ce volume 1 par rapport à l’édition américaine. En tout cas, nulle trace de tomaison sur l’ouvrage en français. L’histoire peut se lire comme un one shot mais vu la fin, je ne serais pas étonnée que les auteurs n’en restent pas là. Moi bien.

Publié en 2023.