Impressions.
Ce 97ème Bifrost publié en janvier 2020 par les éditions du Bélial’ contient un copieux dossier sur Sabrina Calvo. Je m’intéresserai dans les présentes impressions aux trois nouvelles qui ouvrent la revue, à savoir Baiser la face cachée d’un proton par Sabrina Calvo, Pensées et prières par Ken Liu et Les neuf derniers jours sur Terre par Daryl Gregory. Allons-y….
Baiser la face cachée d’un proton, Sabrina Calvo
Dans l’introduction à la nouvelle de Sabrina Calvo, Bifrost s’exclame : « l’autrice d’expression française la plus radicalement cyberpunk ». A la lecture de ce texte pour le moins étonnant et à dire vrai dépassant l’entendement de ma compréhension, je ne peux que les croire sur parole.
Baiser la face cachée d’un proton est le récit d’une mutation, dans le genre cyberpunk poétique. C’est beau. J’ai pas tout compris. Ce n’est pas très grave.
Quelques morceaux choisis :
Le champ des possibles est glacé.
parce que c’est limpide.
Je la regarde quitter mon orbite, comète rousse pulvérisant l’horizon de notre galaxie.
Belle métaphore filée.
Se sentir supérieure au reste de l’humanité endormie, seule consolation de l’insomniaque.
Parce que c’est vrai, j’ai déjà ressenti ça 10 fois, 100 fois, surtout en regardant par la fenêtre quand à 2h du mat j’accepte enfin la fin de non-recevoir du sommeil.
Pensées et prières, Ken Liu
Les Fort, famille américaine banale. L’aînée, Hayley, étudie en Californie et nargue sa sœur par texto alors qu’elle sèche les cours pour se rendre à un festival. Une banale tuerie de masse met fin à sa courte existence. La mère décide de se servir de l’image et de l’histoire de sa fille pour lutter contre le port d’arme. Quand les trolls s’emparent de ces images, la véritable descente aux enfers commence.
Ken Liu est un grand novelliste. Il parvient à aborder avec une clarté limpide tous ces sujets :
- les tueries de masse et le port d’arme aux US
- le deuil et le processus mémoriel autour de la personne disparue
- le cyberharcèlement et les trolls
- le dévoilement de la vie privée sur Internet
en une nouvelle de 15 pages. Le tout en évitant l’écueil du manichéisme primaire et la leçon de morale binaire.
Traduit de l’anglais [US] par Pierre-Paul Durastanti. Titre original : Thoughts and Prayers. 2019.
Les neuf derniers jours sur Terre, Daryl Gregory
LJ a dix ans lorsqu’une pluie de météorites déverse sur la Terre des sortes d’œufs qui s’avèrent contenir des millions et des milliards de graines. De ces graines, va émerger une végétation invasive qui va bouleverser la planète bleue et ses habitants. En neuf journées étalées sur près de 100 ans, Daryl Gregory parvient à nous raconter le lent processus d’adaptation à l’intrusion extraterrestre. Le procédé n’empêche nullement l’implication émotionnelle car c’est la vie quotidienne et professionnelle de LJ et sa famille qui nous est contée.
Parfois, la seule façon de dire à quelqu’un qu’on l’aime est de lui montrer quelque chose de beau.
L’auteur nous parle du temps long, de changement et d’adaptation, de la famille, de la beauté, de la joie et la nécessité du partage de connaissance. Un texte qui nous propose une vision plus optimiste de la fin du monde, où la grenouille se serait adaptée à l’eau trop chaude de la casserole.
Traduit de l’anglais [US] par Laurent Philibert-Caillat. Titre original : Nine last days on planet Earth. 2018.
Ce Bifrost #97 propose trois textes remarquables chacun dans leur genre. Si ma préférence va aux Neuf derniers jours du monde car Daryl Gregory touche à des problématiques qui me parlent particulièrement, je n’ai clairement pas été indifférente à la finesse d’analyse de Ken Liu ni à la poésie cyberpunk de Sabrina Calvo.
Informations éditoriales
Revue publiée en janvier 2020 par les éditions Le Bélial’. Illustration de couverture par Chloé Veillard (super belle couv’ merci). 200 pages à la densité d’une étoile à neutrons.
Pour aller plus loin
D’autres avis : Quoi de neuf sur ma pile ? (Pensées et prières), Les lectures de Xapur (Pensées et prières) , Albédo (Pensées et prières), L’épaule d’Orion (Les neuf derniers jours du monde), Les lectures du maki, RSF Blog (Pensées et prières, Les neuf derniers jours du monde) ou signalez-vous en commentaire.
Miam ! Ce bifrost a rejoint ma PAL dès sa sortie, mais l’arrivée inopinée de ma fille m’a détourné de la lecture. ^^ Mais là, hop, je crois que je vais essayer de m’arranger entre deux changements de couche et cinq biberons…
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Ha c’est un cas de force majeure ça ! Toutes mes félicitations !
Le numéro vaut tout à fait le coup qu’on lui consacre du temps dès que possible :p
Merci de ton commentaire. Il faut que je fasse un tour sur ton blog, je pensais que tu avais arrêté.
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Merci pour tes félicitations ! Je m’attaque à ce Bifrost dès que je viens à bout d’Un Océan de Rouille, si j’y parviens un jour. ^^ Par contre, je te remercie pour ta visite sur mon blog, mais vu le peu de temps que j’y consacre, on peut effectivement considérer que j’ai arrêté. ^^
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Haha je vois. Bon je l’ai ajouté à mon feedly, ne sens pas du tout la pression :p
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Même ressenti sur le Liu et le Gregory. Par contre, j’ai été été éjecté dès les premières pages du Calvo, je n’ai pas réussi à m’immerger.
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Et je comprends tout à fait, pour le même prixc ça aurait pu m’arriver aussi. Mais j’ai bien aimé l’écriture et la poésie des mots dès le départ du coup je me suis accrochée, même si j’ai pas tout compris.
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Quelque chose me dit que dans un an j’ai des chances de repasser par ici, pour récupérer un lien, suite au Prix des lecteurs 2020, non ?
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Pas impossible ma foi, mais difficile à dire vu que c’est le premier Bifrost de l’an 2020.
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Tu me donnes envie de lire les textes de Ken Liu et Daryl Gregory alors que je me disais justement, cette semaine, que je n’aime les nouvelles que dans des contextes bien précis (ou plutôt: des auteurs bien précis). Sabrina Calvo, je pense que ce n’est pas trop pour moi, mais j’essairai de songer à « Se sentir supérieure au reste de l’humanité endormie, seule consolation de l’insomniaque » la prochaine fois que je ne dormirai pas! 😀
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Ha mais ce sont de chouettes auteurs :p
C’est de l’empowerement des insomniaques cette phrase XD
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J’ai beaucoup aimé la nouvelle de Ken Loiu, en revanche je suis passée complétement à côté de celle de Calvo.
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Merci pour cette nouvelle participation au challenge.
Et vive Ken Liu !
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Merci à toi pour l’organisation !
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ça a l’air chouette, t’es convaincante. 🙂
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Y a plus qu’a !
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Je crois que la poésie cyberpynk ne serait pas pour moi ^^’
Ca me donne envie de reprendre La Ménagerie de papier, que je n’ai jamais terminée, je ne sais plus pour quelle raison.
Je ne connais pas du tout Daryl Gregory, mais ça a l’air intéressant !
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