L’art compte | L’art est-il essentiel ?

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Impressions.

L’art compte est un titre de non-fiction composé de textes rédigés par Neil Gaiman. Le livre est également illustré par Chris Riddell. Composé de 4 textes aux origines disparates, il a été traduit en français par Patrick Marcel et publié Au Diable Vauvert en octobre 2020. Au Dragon Galactique, on est fermement convaincu que l’art et la culture sont essentiels (mais euh, en ces temps confinés, privilégiez l’écrémage de votre PàL et le click and collect, vous n’en mourrez pas), on vous touche quelques mots de ce petit livre.

Le monde paraît toujours plus lumineux après que vous avez fabriqué quelque chose qui n’existait pas avant.
Exergue.

Credo

La premier texte, Credo (et non pas crado !) est un texte très court que Neil Gaiman a écrit suite aux attentats de Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015. Il parle de l’importance de la liberté d’expression, qu’on ne devrait pas tuer ou torturer les gens pour leurs idées. Que réprimer les idées pousse de toute façon la volonté à les diffuser davantage. Qu’entre les armes et les idées, ce sont toujours les idées qui finiront par gagner.

On peut lire le texte en anglais sur Newstatesman.

Pourquoi notre futur dépend des bibliothèques, de la lecture et de l’imagination

La version proposée ici est une version courte d’une conférence donnée par Neil Gaiman le 14 octobre 2014 à à la Reading Agency, une association britannique qui promeut la lecture auprès des enfants et des adultes.

On peut télécharger gratuitement le discours complet en français sur le site du Diable Vauvert ou le lire ou l’écouter en anglais sur le site de la Reading Agency.

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Neil Gaiman y met en avant l’importance de la lecture et de l’accès aux livres (et donc aux bibliothèques). Comment insuffler le plaisir de la lecture aux plus jeunes est essentiel. Comment la lecture montre que le monde peut changer, que les gens peuvent changer, surtout cellui qui lit.

En anglais, le terme traduit en français par « imagination » n’est pas « imagination » (à prononcer avec un accent anglais sinon cette phrase sera bizarre) mais « daydreaming » ce qui m’évoque complètement cette citation, archi connue mais aussi très vraie, d’Edgar Allan Poe : « Ceux qui rêvent éveillés ont conscience de mille choses qui échappent à ceux qui ne rêvent qu’endormis ». Prenez-en de la graine.

En lisant, on apprend quelque chose d’une importance vitale pour avancer dans le monde, la voici :
RIEN N’ OBLIGE LE MONDE A ETRE CE QU’ IL EST.

Monter un siège

Monter un siège est initialement un poème lu par Neil Gaiman dans l’album qu’il a co-écrit avec Amanda Palmer, An evening with Amanda Palmer and Neil Gaiman. Ce texte est donc davantage poétique que significatif en faisant un parallèle – a priori – saugrenu entre le fait de monter un siège (de bureau hein, pas comme celui du Gouffre d’Helm)(encore que…) et écrire un livre. Bref, ça va pas s’écrire tout seul.

On peut écouter ce texte sur Spotify par exemple (an anglais of course).

Un jour, j’écrirai un autre livre, et quand j’aurai fini, je monterai dessus; comme sur un tabouret ou un escabeau ou une grande échelle en bois à l’ancienne appuyée au tronc d’un prunier, en automne, et je m’en irai.

Créer de l’art

Créer de l’art est le discours de remise des diplômes de l’année 2012 de University of the Arts prononcé par Neil Gaiman. On peut le réécouter sur le site de l’université. Il est un ode à la création, en toutes circonstances et surtout lorsque la vie est dure. Il dédramatise les échecs qui sont source d’apprentissage. Il parle un peu des pigistes, un métier qu’il a exercé, en rassurant sur le fait que l’on ne doit pas nécessairement LE pigiste parfait pour trouver et conserver un travail. Il explique aussi que le paysage éditorial est très instable et que l’on ne peut pas prévoir de quoi demain sera fait et il enjoint les créateur.ice.s à s’affranchir des règles établies.

Tout cela est formidable d’optimisme, évidemment tous les aspirants créateur.ice.s ne seront pas dans 10 ans aussi couronnés de succès que Neil Gaiman. Mais comme dit souvent mon père : « 100% des gagnants au Loto y ont joué ».

Ca a été pour moi la leçon la plus difficile, je crois : lâcher prise et savourer l’aventure. Parce qu’elle vous entraine en des lieux remarquables et inattendus.

Je trouve aussi que ces textes sont suffisamment généraux pour les extrapoler de façon à les rendre plus proches du commun des mortels qui font aussi des choses qui sans être artistiques en soi ont une part de créativité et/ou un fort investissement personnel. Je trouve au final que ces textes parlent de développer ses idées avec passion, de leur donner du sens et d’avoir envie de les partager au reste du monde. Si la réussite n’est pas en totalité du ressort du créateur.ice, on peut y prétendre et faire de son mieux. Rebondir en cas d’échec. Recommencer. Ou trouver un autre chemin.

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L’art compte est un petit recueil qui se lit très très vite et dans lequel Neil Gaiman nous parle de la liberté d’expression, des livres et des bibliothèques et de la création artistique. Il nous dit combien toutes ces choses sont indispensables et belles. « Parce que [n]otre imagination peut changer le monde ».

Informations éditoriales

Essai par Neil Gaiman composé de 4 textes publiés sous divers formats en langue anglaise et rassemblé sous forme de recueil en 2018. Publié en français par Le Diable Vauvert en 2020. Traduit par Patrick Marcel. Titre original : Art matters. Titres originaux de chacun des textes : Credo ; Why ou future depends on libraries, reading ans daydreaming : the Reading Agency lecture ; Making a chair ; Make good art. Illustré par Chris Riddell. 120 pages.

Pour aller plus loin

Voir billet pour les liens vers les textes en ligne ou téléchargeable.
D’autres avis : Nevertwhere (édition anglaise), Cat(s), books & rock’n’ roll (édition anglaise), ou signalez-vous en commentaire

16 commentaires sur « L’art compte | L’art est-il essentiel ? »

  1. Intéressant. Au moment où l’actualité culturelle,politique se délite, l’art ,la lecture, sont certainement une bouée de sauvetage .Je ne connais pas l’auteur,ce sera avec plaisir donc que je le lirai.

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        1. Top !

          NeverTwhere le blog de Vert, tu peux aller y faire un tour si tu cherches à en savoir plus sur l’auteur : elle a tout lu ou presque de Neil Gaiman, c’est pas pour rien que son blog s’appelle comme ça 😀

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  2. Je suis ravie que tu aies aimé. (Moi, moins, mais pour des raisons qui ne sont pas vraiment liées à la qualité du recueil.) Ce sont des messages positifs importants.

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    1. Voui. Je comprends en tout cas que ça puisse être déprimant ce genre de message. C’est pour ça que je me suis très fort éloignée de la sphère dev perso où tu vois ces gens formidables qui te donnent de fabuleux conseils, pour booster ta productivité, te recentrer sur toi même, ou je sais quoi et que je constate qu’au bout de 3 jours je laisse tomber les bons conseils.
      Des fois il seul « il faut » qui tient c’est celui de s’accepter comme on est.
      Bon là pour le bouquin, j’ai décidé de voir comme telle mon métier (un peu créatif) et mon blog (où je dois sortir des choses de moi, parfois à coup de marteau sur ma procrastination, je me dis que c’est déjà pas si mal :p)

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  3. C’était clairement fait pour toi, il y avait peu de doute que ça te parlerait. ^^
    Il est fort ce Gaiman, même sur un livre de développement personnel (parce que c’est presque ça au final si je te lis bien). Bon, par contre, la citation de « Monter un siège », huhu. Il a l’air un peu perché ce texte. 🙊

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    1. Oui c’est vrai, en tout cas je l’ai pris comme tel. J’aime bien détourner des bouquins pour en faire des trucs de dev perso (vu que le vrai dev perso m’exaspère), j’avais fait la même chose avec un bouquin de Sénèque (en plus explicite).

      C’est très marrant que tu parles de cette citation, car je voulais dire au sujet de la conclusion de ce texte (qui est la phrase de la citation) que ça me faisait trop penser à la nouvelle d’Alix A. Harrow dans l’avant-dernier Bifrost mais j’ai oublié. Oui c’est un peu perché, tu te demandes « ok but why???? », mais c’est un poème ou tout au moins un texte poétique, donc ça se tient.

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  4. Contente qu’il t’ait plus. Son incroyable optimisme ne s’accorde pas toujours très bien avec mon pragmatisme mais ça reste une chouette lecture. Et il y a une belle synergie entre le texte et les illustrations en plus.

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