Binti 2 | La mascarade nocturne

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Le tome 2 (qui est en fait le quatrième texte dans cet univers) de Binti de Nnedi Okorafor s’intitule La mascarade nocturne . Il a été traduit par Hermine Hémon et Erwan Devos et publié dans la collection Naos chez ActuSF en mai 2021. La mascarade nocturne reprend le fil de l’intrigue dans la lignée directe du premier tome et poursuit les aventures de la jeune Binti. Je vous en touche quelques mots.

Si vous n’avez pas lu le tome 1, je vous enjoins à lire ma chronique du premier tome afin de vous faire une idée du récit. Cette chronique pourra raconter des éléments d’intrigue issu du premier tome.

Contexte narratif

Rentrée chez elle après une année d’université sur la planète Oomza, Binti est confrontée à la désapprobation familiale. Rappelons en effet qu’elle s’était inscrite à l’université contre leur volonté et s’était enfuie sans rien leur dire. Mais ce n’est pas tout puisqu’elle revient, transformée physiquement, avec ses « okuoko » et mentalement par le traumatisme qu’elle a subi et les apprentissages qu’elle a acquis, accompagnée de son ami Méduse Okwu.

 » Un oiseau qui a quitté la Terre puis est revenu est toujours sur cette Terre […]. Enlève tes chaussures et écoute. »

Se rendant dans le désert rencontrer la famille de son père, elle apprend qu’elle descend des Enyi Zinariya, un peuple dont la mise en contact avec des extraterrestres leur a permis de développer la capacité particulière de communiquer par télépathie.

Mais les Khoush, un peuple qui asservit et maltraite régulièrement celui de Binti, ont attaqué son village et incendié la maison familiale, avec tous ses membres. La guerre entre les Khoush et les Méduses a commencé, malgré la paix qui avait été déclarée et les Himba en sont les victimes collatérales.

Impressions

La mascarade nocturne poursuit le récit de la double quête d’identité de Binti. D’une part, elle est une adolescente qui grandit et s’émancipe de l’environnement familial pour acquérir des connaissances que sa famille ne possède pas. D’autre part, elle est prise en étau entre ce désir d’émancipation et les traditions himba. Il s’agit pour elle de pouvoir intégrer ce qu’il y a d’himba en elle tout en menant la vie qu’elle souhaite.

La mascarade nocturne est aussi politique car Binti va se retrouver au centre de la guerre entre les Khoush et les Méduses. Elle va se faire porte-parole de la paix. Ca va lui en coûter.

« Les Himba ne fuient pas, ils s’enterrent […]. »

On retrouve donc Binti et ses problématiques identitaires ce qui m’a réjouie dans un premier temps. Malheureusement, le déroulé de l’histoire est tiré par les cheveux. Les rebondissements s’enchainent de manière abracadabrantes, Binti étant perpétuellement le point central de… tout. Ma suspension d’incrédulité a jeté l’éponge face aux récriminations de ma rationalité.

Je trouvais le concept d’arborescence et les « okuoko » intéressants et j’aurais largement préféré que l’autrice développe sur le sujet plutôt que de lui offrir deux capacités supplémentaires (le système de communication des Enyi Zinariya et autre chose que je n’évoquerai pas pour ne pas spoiler) qui du coup se trouvent peu exploitées tout en rendant Binti « si spéciale ». A force de super-pouvoirs, le personnage central en devient complètement irréaliste, ce qui ne favorise pas l’identification.

Je me suis approchée du visage d’Iyad. Je ne suis pas grande et je ne suis pas musclée. Je lui arrivais à peine au menton et je devais les yeux pour le regarder, mais cet homme avait peur. Je le lisais sur son visage. J’en sentais l’odeur transpirer par les pores de sa peau nue. Je le terrifiais. J’avais vu la Mascarade nocturne deux fois, j’étais Méduse, j’étais Enyi Zinariya, j’étais Himba, et j’avais perdu mon foyer.

Binti 2 : La mascarade nocturne offre une conclusion au récit de la jeune Binti que j’ai trouvé difficilement satisfaisante. Le déroulé invraisemblable des évènements et les add-on de super-pouvoirs ont eu raison de ma suspension d’incrédulité. Reste un roman qui touche des thématiques d’émancipation et d’empowerment afro-féministe intéressantes dans un contexte culturel que l’on aimerait voir plus souvent. 

Informations éditoriales

Tome 2. Roman écrit par Nnedi Okorafor. Publié en anglais en 2018. 2021 pour la publication française chez ActuSF, dans la collection Naos. Titre original : Binti : The night masquerade. Traduit par Hermine Hémon et Erwan Devos. Illustration de couverture par Benjamin « Zariel » Chaignon. 279 pages. Contient également un entretien de l’autrice par Christian A. Coleman publié en mars 2017 dans la revue Lightspeed.

Pour aller plus loin

Nnedi Okorafor sur le blog : Qui a peur de la mort ?, Binti 1.
D’autres avis : La diversithèque, L’imaginarium électrique, Au pays des cave trolls, Bulle de livre, Les chroniques du chroniqueur, ou signalez-vous en commentaire.

18 commentaires sur « Binti 2 | La mascarade nocturne »

  1. Bien que j’ai adoré l’ensemble de la saga, je comprends très bien ce qui t’a posé problème 😄. Il y avait tellement d’autres choses qui me plaisaient que j’ai passé outre. Mais je comprends, dommage ❤️.

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  2. Dommage 😕 Je crois que je l’ai entendue à la Méthode scientifique cette fille et elle était enthousiasmante (si c’était bien elle ^^). Bon, ses bouquins ne me tentent pas du tout, par contre.

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  3. L’autrice semble intéressantes à suivre. Vu ton avis sur ce tome 2, je pense que je ferai l’impasse. J’attendrai d’être convaincue par un avis sur un autre de ses romans à venir.

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    1. Il y a Qui a peur de la mort ou alors La fille aux mains magiques, je m’en souviens assez peu mais j’en ai un souvenir positif de quand je l’avais écoutée en format audio. Je pense me prendre la version illustrée qui est sortie récemment.

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