Les voyages en Chronopages | Adrien Tomas, Mina Jacobson, Emmanuel Quentin, Alice Lathuillière

Les éditions 1115 ont eu une très chouette idée : proposer un abonnement mensuel de nouvelles à l’unité. Je n’ai pas résisté. Je vous livre donc ici mes impressions sur les 4 premiers textes (septembre à décembre), à savoir : L’énergie du désespoir d’Adrien Tomas, Eparpillés sur la mer de Mina Jacobson, Qisiose d’Emmanuel Quentin et Fées de lait et stèles d’argent d’Alice Lathuillière. Mais aussi en guise de bonus : Céder la place, une excellente nouvelle d’Emmanuel Quentin que j’avais déjà lue et que j’ai relue pour l’occasion.

L’énergie du désespoir, Adrien Thomas

Destination (from quatrième de couverture): « Les flancs enneigés de la Gaste Cordillère, en compagnie de la chasseresse Kimba, de son automate Pygonus et du jeune apprenti Vezzere. Droit vers les forêts du Faeryrwyd où se cachent les pixies tant convoités par les habitants de Mégadoras, la flamboyante Cité des Rouages ».

Faire les bagages: La cité de Mégadoras tire son énergie de l’exploitation de pixies, des fées qui en produisent plein grâce à leur magie. Quand les élevages industriels de la ville sont détruits par des attentats, les chasseurs sont appelés à capturer des pixies sauvages pour remplacer les cheptels perdus. C’est la que Kimba, son automate et son apprenti entrent en scène. C’est la meilleur chasseresse. Mais si elle rencontrait de la résistance cette fois ?

Avis 1115 Advisor: Le worldbuilding est bien fichu et bien exposé (pas évidentes je trouve les nouvelles de fantasy, que je trouve souvent frustrantes) et le récit prenant. La thématique autour de l’exploitation des pixies est appréciable mais sans doute trop transparente et manichéenne pour moi.

Recommandation : 🧳🧳🧳

Première publication, in Fées et Automates, Mnémos, 2016.


Eparpillés sur la mer, Mina Jacobson

Destination (from quatrième de couverture): « Une planète conquise par la montée des eaux, où les survivants fonctionnent en essaims, dans un silence de tous les instants. Mais est-il nécessaire de parler quand votre esprit est directement connecté à ceux des membres de votre groupe ? Et quel avenir pour ces êtres qui n’ont plus d’humain que leur apparence ? »

Faire les bagages: On suit le membre d’un essaim qui est brutalement déconnecté de ses autres clones.

Avis 1115 Advisor: Le récit est à la première personne, du singulier ou du pluriel, selon le cas et interroge finement la notion d’individualité, de rapport aux autres et de solitude. Un très beau texte qui explore un concept pour nous faire réfléchir sur les comportements humains.

Recommandation: 🧳🧳🧳🧳

Première publication in Clones et Chimères, Editions Arkuiris, 2022.


Qisiose, Emmanuel Quentin

Destination (from quatrième de couverture): « Une station d’aiguillage dans un obscur système planétaire ; là, assis dans sa cabine Qisiose rêve de changer d’horizon, de voir du pays, mais sans trop savoir ce qui le motive. Une pulsion, une envie, ou peut-être un souvenir caché dans les replis de sa mémoire. Une chose est sûre, il doit partir, même s’il ignore encore où cet irrésistible besoin d’évasion va le conduire ».

Faire les bagages: Qisiose, aiguilleur sur une station spatiale délaissée, devient sur un coup de tête chasseur de défunts, les défunts des Castes Majeurs réintégrés dans des corps clonés et disparus massivement sans que personne ne sache pourquoi.

Avis 1115 Advisor: Ce texte est d’une rare poésie, très mélancolique. Il n’est pas facile à appréhender, les tenants et les aboutissants sont assez abscons au départ et le background peu explicite. Je dirais qu’il vaut la peine de s’accrocher pour comprendre ce qui aiguillonne ce personnage.

Recommandation: 🧳🧳🧳

Novembre 2023


Fées de lait et stèles d’argent, Alice Lathuillière

Destination (from quatrième de couverture): « Un ailleurs peuplé de satyres, de nymphes, de sphynges et de fées aussi fragiles que des flocons de neige. Kalos, lui, est un satyre. Un satyre sculpteur. Mais un matin, il décide de partir, poussé par une nostalgie qu’il ne comprend pas. Il lui faut des réponses. Car sait-il réellement qui il est, et ce qu’il fait là, dans ce monde de légendes ? »

Faire les bagages: le voyage de Kalos qui va faire toutes sortes de rencontres et à qui il va arriver toutes sortes de mésaventures.

Avis 1115 Advisor: Ce texte est un conte philosophique sybillin auquel j’ai eu grand peine à accrocher tant les péripéties de Kalos m’ont semblées sans intérêt. Pour arriver au final à un message extrêmement frustrant.

Recommandation: 🧳

Décembre 2023


Bonus : Céder la place, Emmanuel Quentin

Destination : L’ancien hôpital psychiatrique de Kazan, transformé en une sorte de musée/attraction touristique augmentée pour touristes qui veulent se faire peur. Le dit hôpital a réellement existé et était un haut lieu de la psychiatrie punitive soviétique. Cette aspect n’est cependant pas abordé dans la nouvelle.

Faire les bagages: Le narrateur est un acteur qui a tourné des séquences visant à montrer aux visiteurs quels traitements les internés subissaient et qui souhaite voir ce que la postproduction a fait de son travail. Avec un petit groupe on suit une visite guidée qui se déroule donc en réalité augmentée au travers d’un implant que tout le monde porte dans son œil, le Lensmark. Mais la visite ne va pas se dérouler comme prévu.

Avis 1115 Advisor: J’ai beaucoup aimé cette nouvelle qui tout en prenant une voie complètement inattendue quant à son déroulé narratif joue avec la notion de voyeurisme jusque dans sa conclusion. Le voyeurisme récréatif des touristes venus chercher le grand frisson d’histoires glauques et violentes. Le voyeurisme nombriliste du narrateur venu se voir sur pièce. Ou encore le voyeurisme condamnateur de « miss frisson dans le dos ». Et celui, intrigué et puis horrifié, du lecteur. Bien joué.

Recommandation: 🧳🧳🧳🧳🧳

Novembre 2018.

10 commentaires sur « Les voyages en Chronopages | Adrien Tomas, Mina Jacobson, Emmanuel Quentin, Alice Lathuillière »

  1. Mince, ça aura presque été une belle grande semaine ensoleillée, mais il y a quand même eu un jour de pluie – ça reste raisonnable, on ne contrôle pas (encore) la météo. J’espère que tes prochaines destinations seront aussi accueillantes. Je regretterais presque de ne pas avoir pris mon billet.

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    1. C’est le jeu de ce genre d’exercice. J’aime bien tomber sur des trucs que je n’aime pas occasionnellement, c’est peu couteux en temps et en sous et ça fait mieux connaitre ses goûts.

      J’ai déjà ma prochaine destination en vue, d’ailleurs si je n’avais pas passé une grande partie de mon we à voyager en Hyrule j’aurais pu embarquer.

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  2. Super idée d’abonnement et super idée de billet! Et super émoji pour la notation. 👌👌
    Tout cela confirme l’opinion que j’avais déjà de cette maison (issue de je ne sais quels billets sur la blogo): ils sont pointus. Je ne pense pas que je trouverais mon bonheur chez eux, mais ça a l’air intéressant.

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