Houston, Houston, me recevez-vous ? | James Tiptree Jr.

Houston, Houston, me recevez-vous ? est une novella écrite par James Tiptree Jr. et publiée au Bélial’ dans la collection Une heure Lumière en 2023. Je poursuis mon rattrapage de lecture de la collection avec cette 44è publication, la troisième de l’année 8, qui extirpe cette fois un texte des années 70 de l’oubli.

Contextes éditorial et narratif

Houston, Houston est une novella parue aux USA en 1976. Elle fut publiée en français en 1986 dans la célèbre collection anthologique « Le Livre d’Or de la science-fiction« . La traduction a été révisée par le même traducteur qu’à l’époque, à savoir Jean-Daniel Brèque.

Vous le savez peut-être ou pas, mais James Tiptree est un pseudonyme, l’auteur se cachant derrière ce nom étant, en fait, une autrice, de son vrai nom Alice Bradley Sheldon, qui a préféré masquer son genre pour entrer en SF. Ce n’est pas anodin, vu le sujet de Houston Houston.

Outre la traduction révisée, cette nouvelle édition est l’occasion de nous proposer la postface de l’autrice datant de 1984 dans laquelle elle revient sur ses intentions et sur son expérience dans la Women’s Army Corp dans les années 40 lors de laquelle elle fut basée à Des Moines avec 12 000 autres femmes sans l’ombre d’un mec à l’horizon.

Le pitch ? Trois astronautes de la Nasa à bord d’une navette spatiale sont en mission : faire le tour du soleil et revenir. Mais suite à une tempête solaire, ils perdent le contact avec la Terre. Leurs appels à Houston restent lettres mortes jusqu’à ce qu’ils captent des messages en provenance d’un autre vaisseau. Des messages prononcés par des voix féminines.

Quelque chose a changé, il en est sûr à présent. Quelque chose de suffisamment fondamental pour affecter la nature humaine. Une transformation physiologique, peut-être ; une mutation ? Qu’y a -t-il vraiment sous ces vêtements flottants ?

Impressions

Au départ, j’ai eu du mal à accrocher. Je ne comprenais pas très bien le contexte, j’ai dû lire la quatrième de couverture assez rapidement pour me mettre les idées en place (d’habitude avec les UHL, comme je les lis tous, je ne lis pas la quatrième avant de commencer ma lecture), je trouvais le début incongru/malaisant. Le fait est que la malaisance du début finit par atteindre un paroxysme dans la dernière partie, donc j’y ai vu une forme de préparation mentale 🤣

Sans vous en dire plus sur l’histoire, Houston, Houston traite des rapports de domination hommes-femmes et de masculinité toxique. Les personnages sont archétypaux et ça fait de ces trois astronautes, chacun dans leur genre, des beaufs machistes insupportables, à la Mad Men. Les voir confrontés à une société qui n’a, littéralement, plus besoin d’eux est tout simplement fascinant.

Par ailleurs, j’ai trouvé la narration un brin désuète. Evidemment, il ne s’agit pas de reprocher à ce titre d’avoir été écrit il y a 50 ans. J’y vois avant tout un intérêt matrimonial certain, je suis ravie de voir sortir de l’ombre un texte de SF classique féministe et je suis contente d’ajouter cette lecture à mon bagage littéraire.

« Ainsi, vous avez perdu la foi, a-t-il dit enfin.
– Nous avons la foi, a protesté Judy Paris.
-Puis-je vous demander en quoi ?
– Nous avons foi en nous-mêmes, bien sûr, lui a-t-elle dit.

Houston Houston est une novella qui confronte des mâles dominants à l’impensable et le lecteur à une réflexion sur la masculinité toxique et le patriarcat. Bien qu’un peu daté, pas dans son propos mais dans sa narration, ce texte est prenant et motif à réflexions. Il est heureux qu’il soit sorti de l’ombre du marché de l’occasion où il était relégué depuis la disparition de la collection des Livres d’Or de la SF.

Informations éditoriales

Novella écrite par James Tiptree Jr. Publiée initialement en 1976, 2023 pour la présente édition dans la collection Une Heure Lumière du Bélial’. Traduit de l’anglais (US) par Jean-Daniel Brèque. Titre original : Houston, Houston, Do You Read? Illustration de couverture par Aurélien Police. 114 pages.

Pour aller plus loin

D’autres avis : Nevertwhere, Les critiques de Yuyine, Lorhkan et les mauvais genres, Les lectures du maki, Au pays des cave trolls, L’épaule d’Orion, Les lectures de Shaya , ou signalez-vous en commentaire.

16 commentaires sur « Houston, Houston, me recevez-vous ? | James Tiptree Jr. »

  1. Je ne te lis pas, ma lecture est prévue bientôt 😅
    Attention, tu as un tag Genefort. Je crois que, comme moi, tu utilises le copier coller pour avoir ton squelette 😁
    Bonne journée !

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  2. Ce n’est pas l’UHL qui m’emballe le plus, mais je le lirai un jour pour, comme tu dis, son intérêt matrimonial et pour découvrir l’autrice. Et ça me réjouit de savoir qu’il y a une postface, ça colle parfaitement à ce genre de texte.

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  3. Je suis curieuse de voir comment l’autrice a écrit sur ce sujet d’actualité et ce dans les années 70.
    Ça fait un bon moment que je ne suis pas retournée vers cette collection.

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  4. C’est marrant, j’ai lu hier l’avis de Vert et vous vous rejoignez assez dans votre éloignement de la chronique de Shaya, qui m’avait limite donné l’idée d’un bouquin assez drôle (j’exagère, hein, c’est pour rendre l’idée: j’imaginais qu’on observait le désarroi de ces pauvres mâles en mangeant du popcorn). Enfin c’est très intriguant tout ça, c’est trop cool que le Bélial’ l’ait dépoussiéré!

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      1. Pour l’avoir lu deux fois à dix ans d’intervalle, j’ai pu constater en me relisant que je n’avais absolument pas ressenti de malaise à ma première lecture (si ça se trouve j’ai ri aussi à l’époque, va savoir 🤣)

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