Rapports lapidaires | Les quatre filles du Docteur March, Le futur au pluriel, L’odyssée des étoiles

Comme j’ai enfin trouvé un titre sympa pour une rubrique de chroniques courtes, je vous en propose une aujourd’hui trois de livres que j’ai lus « dernièrement » (le temps est relatif)(comme le dit le lapin blanc, mieux vaut en retard que jamais). A savoir : Les quatre filles du Docteur March de Louisa May Alcott, Le futur au pluriel : réparer la science-fiction de Ketty Steward et L’odyssée des étoiles de Kim Bo-Young. 

Les quatre filles du Docteur March, Louisa May Alcott

Le roman qui est à l’origine de pas moins de 9 adaptations cinématographiques et de 2 mini-séries. J’ai beaucoup d’attachement pour le film de 1994 mais je n’avais jamais lu le roman, assez étrange d’ailleurs vu mes centres d’intérêt de l’époque. La traduction, caviardée à l’époque de sa parution chez Hetzel, a été refaite. Je me suis donc laissée tentée.

A dire vrai, j’ai trouvé le livre tiré en longueur avec parfois pas grand chose qui se passe pendant de longues pages et l‘écriture pas incroyable. C’était sympathique mais sans plus. Voilà un livre que les adaptations filmées ont largement dépassé, en tout cas pour celle de 1994 et celle de 2019.

Néanmoins, deux faits intéressants à noter :

  • Son progressisme en matière d’éducation et d’émancipation des filles. L’ensemble reste d’une certaine naïveté bien pensante mais il faut avouer que ces gamines sont élevées d’une façon assez libre. Beth en particulier a un caractère bien trempé et des réactions qui correspondent peu aux standards de l’époque. Gardons cependant en tête qu’il y a pas mal de culpabilisation dans le roman, avec un leitmotiv moralisateur à toujours s’améliorer.
  • Ce progressisme ne vient pas de nulle part. Il faut lire la page Wikipedia de l’autrice pour s’en rendre compte. Son père qui a ouvert plusieurs écoles avait ceci comme principe : » Tout enfant possède en lui-même les capacités et compétences nécessaires pour son instruction […] la fonction principale de l’instruction est de faciliter son éveil et d’accompagner l’enfant dans ses progrès plutôt que de vouloir lui imposer un programme  » et ce dès 1825 ! On sent fortement l’influence de l’éducation qu’a reçu l’autrice dans le roman.

Il est dommage que Gallmeister n’en ait pas profité pour changer le titre du roman, qui est un non sens sexiste et hors d’âge provenant de la version caviardée d’Hetzel.

Traduit de l’anglais (US) par Janique Juin-de Laurens.


Le futur au pluriel : réparer la science-fiction, Ketty Steward

Ketty Steward est une autrice de science-fiction qui a écrit, entre autre, L »évangile selon Myriam, Prix Rosny Ainé 2022, et un grand nombre de nouvelles. Je ne l’ai lue jusqu’ici qu’au format nouvelle.

Ketty Steward part du constat que le milieu de la science-fiction francophone est gangréné par une culture de l’entre-soi d’un genre originellement très masculin, blanc, hétérosexuel, valide et occidental qui sur-glorifie ses pères fondateurs. Elle en appelle à remettre en question le schéma établi, de profiter de l’espace infini que la science-fiction a à offrir pour ce faire ; par exemple, en décloisonnant les genres de la science-fiction, en incitant à l’écriture collaborative, en valorisant l’écriture de nouvelles, un format qui favorise l’expérimentation.

A l’instar d’Octavia Butler qui, creusant son sillon, parviendra à créer des fictions puissantes impliquant différents habitants de la Terre et même des espèces extraterrestres, je pense qu’on peut atteindre l’humanité en l’autre en la creusant en soi.

L’essai est servi par un grand nombre de notes et de références. J’ai aussi apprécié que l’autrice nous partage son expérience en tant que femme noire dans le fandom. En fin d’ouvrage on trouvera une liste de lectures pour commencer à réparer la science-fiction dans laquelle j’ai retrouvé certains titres déjà lus, d’autres que j’avais déjà envie de lire et quelques uns que je ne connaissais pas. Côté essai, je me suis noté en particulier Je suis une fille sans histoire d’Alice Zeniter qui déconstruit le mythe du héros.


L’odyssée des étoiles, Kim Bo-Young

Premier livre de science-fiction sud-coréenne publié en France (selon les dires de l’éditeur, je n’en sais moi-même rien), L’odyssée des étoiles est composé de trois textes. Les deux premiers « Je t’attends » et « Je viens vers toi » présentent sous forme épistolaire l’histoire de l’amour contrarié d’un couple qui cherche pendant des siècles à se rejoindre pour se marier. La déformation du temps causé par les voyages spatiaux à haute vitesse et les imprévus font qu’ils se ratent sans cesse et ne peuvent que s’écrire des lettres (obviously pas postales) et espérer qu’elles parviennent à leur moitié.

Le troisième texte, Ceux qui vont vers le futur, raconte en trois histoires comment leur fils va entreprendre le voyage ultime, celui de rejoindre l’autre bout de l’univers.

J’ai bien aimé L’odyssée des étoiles qui joue avec la théorie de la relativité. Sans aller dans la hard SF, loin s’en faut, la lecture envoie de bonnes ondes vertigineuses sur la conception du temps et de l’espace à l’échelle de l’univers. Une très bonne découverte et une nouvelle plume à suivre.

Traduit du coréen par Kyungran Choi et Pierre Bisiou

16 commentaires sur « Rapports lapidaires | Les quatre filles du Docteur March, Le futur au pluriel, L’odyssée des étoiles »

  1. Rapports lapi(n)daires du coup ? 🙈

    « le titre du roman, qui est un non sens sexiste et hors d’âge » : ah ? par rapport au titre VO ou à l’histoire ? (je connais seulement de titre, justement, mes excuses)

    Je crois que c’est l’un des rares avis sur « L’odyssée des étoiles » que je vois qui ne trouve pas bizarre la présence du troisième texte.

    Aimé par 1 personne

  2. Pour ma part je possède de vielles versions des Quatre filles du Docteur March et des suites qui sont assez intéressantes à lire. Merci en tout cas pour la critique du nom auquel je n’avais pas pensé, j’ai été lire l’article de Causette du coup qui est très éclairant sur le sujet.

    J’aime

  3. Très chouette titre 👍

    J’ai bien accroché au côté épistolaire de L’odyssée des étoiles, le premier de la partie suivante aussi, mais après j’ai peu à peu décroché.

    J’aime

  4. Ca fait une éternité que je veux lire Les 4 filles du Dr. March (encore plus depuis que j’ai lu un essai de Ursula Le Guin qui parle de l’oeuvre ou de l’autrice ou des deux je sais plus). Le futur au pluriel est dans ma PàL. Et je note L’odysée des étoiles.

    Très (trop ?) efficace cette nouvelle rubrique 😂

    Aimé par 2 personnes

  5. Chouette format d’article 🙂
    Intéressant cette histoire de traduction du titre « Little Women », ça me donne envie de le lire 😄
    Je me souviens que tu nous avais parlé de L’odyssée des étoiles quand tu le commençais, je suis bien tentée, je note !

    J’aime

    1. Oui c’est intéressant L’odyssée des étoiles j’ai bien aimé les réflexions que ça suscite ^^

      Little Women est tout de même assez longuet et naïf je ne sais pas trop si je le conseille.

      J’aime

  6. Trop bien que tu aies lu… Eh bien, disons, que tu as lu Little Women, hihi. Je l’adorais en fin de primaire / début de collège, à la même époque de La Petite Maison dans la prairie. 😊😊 J’avais aussi le roman suivant. Pour la petite histoire, je constate que le titre italien est ultrafidèle dans le cas du premier (« Piccole donne », c’est-à-dire « Petites femmes »), puis a décidé de jouer la carte de la série avec « Le piccole donne crescono » (« Les petites femmes grandissent », ce qui n’a rien à voir avec « Good Wives » 😂).
    Superbe titre de catégorie!! D’autant plus avec le jeu de mots de Baroona!!

    J’aime

    1. Haha mais en plus le titre fr est interminable XD Little women c’est bien.
      J’ai moi même eu ma période Petite maison dans la prairie et je ne cesse de m’étonner que ce livre ne soit pas tombé entre mes mains à l’époque.
      Intéressante information sur la trad du titre en italien, merci ^^
      Haha oui le jeu de mots, je n’y ai même pas réagi quand il a posté son comm, il est très drôle.

      Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.