Je vous propose ce billet qui pourrait devenir un rendez-vous récurrent pour vous parler des bd’s que j’ai lues l’année dernière. La période exacte coure du 1er avril 2022 au 31 mars 2023. Parce que faire ce genre de bilan en janvier c’est bien mais quand on en a un certain nombre à faire, ce n’est pas possible. Mais trêve de blablas, place aux bd’s. La liste n’est pas tout à fait exhaustive, j’ai mis les bd’s que j’ai kiffées bien sûr et l’une ou l’autre pour lesquelles je suis plus mitigée.

Adèle Blanc-Sec Tomes 1 à 9, Tardi

J’ai eu envie de relire Adèle Blanc-Sec après avoir lu Les temps ultramodernes de Laurent Genefort. Les deux prennent leur inspiration dans les romans-feuilletons du début du 20ème siècle, le merveilleux scientifique et mêlent une science surannée à leur narration. D’ailleurs l’un comme l’autre commencent au Jardin des Plantes. 

On suit les aventures d’Adèle Blanc-Sec écrivaine de romans-feuilletons. Enfin, elle ne se contente pas de les écrire, elle les vit bel et bien puisqu’elle se retrouve toujours prise dans des histoires impliquant des bandits, la police, des créatures fantastiques très dangereuses et des savants fous. Une panoplie de personnages l’accompagnent. C’est très fun, les histoires sont abracadabrantes. Les dessins sont particuliers, à voir s’ils vous plaisent. J’aime bien, ils sont bourrés de détails et ils ont beaucoup de personnalité.

La narration est foutraque, je me souviens par exemple que, les personnages passant leur temps à se grimer et se ressemblant un peu tous, à la fin du premier tome je ne comprenais plus rien. Egalement, les tomes se répondent sans cesse l’un l’autre, Tardi cite sans arrêt les anciens tomes à l’aide d’une astérisque dans les bulles. De ce fait si vous êtes tenté de vous lancer dans cette série, je vous déconseille de faire comme j’ai fait, c’est-à-dire lire un tome par mois. Ca n’a aucun sens, il vaut mieux les enchainer.

L’esprit critique, Isabelle Bauthian & Gally

Bd de vulgarisation scientifique sur l’esprit critique.  Comment cette notion est née ? Quelle est l’histoire de la méthode scientifique ? Pourquoi l’esprit critique est-il important ? Comment en faire preuve ? Quels sont les principaux biais cognitifs ?

Certains passages m’ont un peu fait tiquer : notions trop résumées, petites erreurs et quelques énonciations sans preuves. Il conviendra donc d’appliquer son esprit critique à la bd elle-même. Ce n’est que peu de choses face à ce formidable outil pédagogique, indispensable par les temps qui courent.

L’esprit critique fait partie de la collection Octopus chez Delcourt, une collection de vulgarisation scientifique, dont je parlais dans un billet de blog en présentant 4 BD’s qui y ont été publiées.

Delacroix, Alexandre Dumas et Catherine Meurisse

Catherine Meurisse est au dessin. Elle illustre le texte d’Alexandre Dumas, grand ami de Delacroix.  Il n’est pas précisé s’il est livré dans on intégralité (le texte pas Alexandre Dumas, obviously).

Ce texte est un hommage à Delacroix et revient sur la vie et l’œuvre du peintre. Alexandre Dumas l’a écrit après son décès en 1863 (le décès de Delacroix, obviously). D’anecdotes en anecdotes, il raconte la vie et tisse le maillage de la vision de l’Art de Delacroix. Catherine Meurisse illustre son propos avec ses touches d’humour mais s’essaie aussi à reproduire les œuvres du maître dans un style très personnel.

J’ai apprécié d’en découvrir davantage sur ce peintre. Je saisis ce qui a plu à Catherine Meurisse d’adapter ce texte : son grand amour pour l’Art transparaît à toutes les pages.

Bookhunter, Jason Shiga

En 5 mots comme en 1000 : Mission Impossible à la bibliothèque. Bookhunter reprend les codes des films de braquage/ d’espionnage à la Mission Impossible/James Bond pour mettre en scène une Police des Bibliothèques : bibliobus à tombereau ouvert, course poursuite dans la bibliothèque avec un ingénieux usage des casiers de fiche – ça se passe dans les années 70 -et les chariots porte-revues. Un décalage très drôle, une mise en scène très réussie.

La bibliomule de Cordoue, Lupano & Chemineau

Un bibliothécaire et une copiste décident d’un sauvetage de l’extrême d’un maximum de livres de la bibliothèque de Cordoue, menacée d’autodafé sur le dos d’une mule rétive.

La bibliomule de Cordoue ne se contente pas de son message en faveur du savoir, de la connaissance et de leur transmission. Elle est aussi parfaite tant du point de vue narratif et émotionnel que de ses qualités graphiques. Elle s’appuie sur une période de l’Histoire qui est à mon avis bien trop oubliée de nos jours. Une lecture d’utilité publique, un indispensable pour les amoureux de la culture. A mettre dans toutes les mains, petites ou grandes. 

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Alice Guy, Catel & Bocquet

La collection Les clandestines de l‘histoire est très ambitieuse assurément dans son intention de mettre en lumière des femmes qui ont marqué l’Histoire. En l’occurrence ici, l’Histoire du Cinéma. J’avais déjà lu et adoré Olympe de Gouges, parue dans la même collection avec les mêmes auteurices.

La vie d’Alice Guy qui a été largement jetée aux oubliettes voire s’est fait accaparer son travail par d’autres. Et pourtant quelle pierre à l’édifice de la création du 7ème Art qui nous est ici contée au travers de cette biographie. Un beau portrait d’une femme méconnue qui mériterait de l’être tout autant que les frères Lumière ou Georges Méliès. 

Dans un rayon de soleil, Tillie Walden

Mia est engagée sur un vaisseau spatial dont l’équipage est chargé de restaurer des constructions humaines éparpillées dans la galaxie. Mais 5 ans plus tôt, elle était en pension où elle a rencontré Grâce. C’est la naissance d’une histoire d’amour qui va dépasser le temps et l’espace.

Très belle histoire d’amour mais aussi d’amitié dans le cadre d’un space opera à l’ambiance onirique. Il y a un petit quelque chose qui m’a évoqué L’espace d’un an, dans l’aspect bienveillant et grande famille sur ce vaisseau spatial.

Déracinée, Tiffanie Vande Ghinste

Déracinée raconte le quotidien d’une famille d’accueil pour enfants dont la garde a été retirée à leurs parents, en Belgique. Tiffanie Vande Ghinste signe une bande dessinée atypique pour parler avec émotions d’une famille atypique. On se prend de passion pour le destin de Soledad et sa famille d’accueil en scrutant les dessins avec yeux captivés par les détails et les couleurs.

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La baleine-bibliothèque, Judith Vanistendael & Zidrou

Le narrateur est facteur, un facteur particulier puisqu’il livre le courrier… sur les bateaux de pêche. En plein tournée, il fait la connaissance d’une baleine, une baleine bien particulière elle aussi puisqu’elle contient une immense bibliothèque dans son ventre. Les 2 deviennent amis.

Une belle histoire très bien racontée. J’aime beaucoup l’introduction par exemple, qui raconte des choses sur la livraison de courrier tout en suivant le quotidien du narrateur. La bd parle de l’amour des livres (et de la livraison de courrier). Ca parle aussi de la cruauté des hommes, dans une scène qui est d’une violence et d’une tristesse difficilement supportables. Je ne suis pas petite nature mais dans le cadre de ce livre, aux dessins aquarellisés et au ton très doux, j’ai eu un peu de mal à l’accepter, ce qui fait que cette bd me laisse un sentiment mitigé.

Sur la route de West, Tillie Walden

Bea et Lou font route ensemble dans un road trip onirique qui les mènera dans une ville répertoriée sur aucune carte. Accompagnées d’un chat perdu qu’elles veulent ramener à ses propriétaires, elles vont lors de ce voyage faire leur introspection. L’une n’arrive pas à faire le deuil de sa mère, l’autre fuit le domicile familial pour échapper à un événement traumatique.

C’est l’histoire d’une belle amitié sur fond d’acceptation et de compréhension de soi en compagnie du dessin chatoyant aux frontières du réel de Tillie Walden.

Le jardin, Paris, Gaëlle Geniller

Rose est le fils de la patronne du cabaret parisien Le Jardin. Il se produit pour la première fois sur scène et est un peu stressé. Il fait plus tard la rencontre de son plus grand admirateur avec lequel il sympathise. Son bonheur est de s’habiller en femme.

Le dessin de cette BD est magnifique, le travail sur les couleurs incroyable. Du côté de la narration j’apprécie que ce soit tout doux et évite les thématiques habituelles de ce type de sujet, à savoir le rejet et les moqueries, voire pire. Le problème est plutôt qu’on survole un peu les choses, on a l’impression qu’il ne se passe pas grand chose. Sympathique sans plus, même si j’adore le dessin.

Le dessin, Marc-Antoine Matthieu

Emile vient de perdre son ami Edouard avec qui il partageait sa pratique de la peinture et des discussions sans fin sur l’Art. Il récupère un tableau peint par son ami, un tableau particulier dans lequel il se perd et qu’il reproduit à l’infini, à la recherche de la réponse à l’énigme qu’il semble cacher.

Je ne suis pas très sûre d’avoir compris la fin mais il faut avouer que le déroulé de la bd est impressionnant. Déjà c’est hyper dense tout ce qui est dit sur le deuil, sur le rapport à l’art, à l’amitié intellectuelle. Ensuite, il y a l’énigme de ce tableau qui transparaît dans le dessin de Mathieu dont la composition est virtuose. Le dessin est en noir et blanc pour l’essentiel et quand je dis noir et blanc c’est vraiment du noir et du blanc, pas du niveau de gris, ce qui rend le degré de détail que Mathieu arrive à offrir au lecteur encore plus fou.

Marc-Antoine Mathieu est un auteur qui va chercher loin dans l’expérimentation de la composition tout en explorant en profondeur son sujet. Je pense qu’en lire d’autres me permettra d’appréhender mieux l’originalité de cet auteur. Il a fait l’affiche des Utopiales 2022 et était mis à l’honneur au travers d’une exposition qui me l’a fait découvrir.

Et vous ? Vous avez lu quoi comme BD récemment ?